Communiqué
Global

Une étude de l’OIM examine la détresse des femmes migrantes en Mésoamérique

Costa Rica - Pour marquer la Journée internationale de lutte contre la traite le 23 septembre, l’OIM au Costa Rica publie, aujourd’hui, une étude intitulée La traite des femmes : une nouvelle manifestation des violences faites aux femmes, et lance un nouveau site web : Women in Migration Flows (Les femmes dans les flux migratoires).

Ces deux initiatives sont centrées sur le plan d’action de l’OIM dans la région, considérée comme l’un des grands couloirs migratoires du monde.

« La seule façon de prévenir efficacement la traite des femmes est de s’attaquer à toutes les autres formes de violences faites aux femmes. La traite des femmes ne peut qu’être considérée comme une accumulation de violences quotidiennes dont sont victimes des milliers de femmes, ce qui les expose à des scénarios présentant un risque élevé lorsqu’elles tentent de s’échapper. La migration forcée, pour fuir la violence conjugale, les abus sexuels ou la violence de la rue, est l’un des scénarios qui transforme le rêve de ces femmes en un tragique cauchemar. Elles sont exposées à de nombreux risques le long de leur itinéraire migratoire et sont plus vulnérables aux agressions, aux viols et à la traite à des fins d’exploitation sexuelle et de travail forcé. Chaque organisation œuvrant avec les migrants dans la région doit être vigilante aux vulnérabilités et aux besoins particuliers des femmes », explique Ana Hidalgo, responsable régional du projet de l’OIM de lutte contre la traite.

Sur les quelque 214 millions de migrants internationaux dans le monde aujourd’hui, 49% sont des femmes. Dans l’Hémisphère occidental, la proportion des femmes migrantes atteint 51%. C’est la première fois dans l’histoire qu’autant de femmes migrent seules.

Les informations sur l’ampleur du phénomène de traite dans la région sont rares. On estime que seul un faible pourcentage de victimes parviennent à se libérer de leurs ravisseurs et un pourcentage encore plus faible réussissent à parler de leur expérience et à la signaler aux autorités. Cependant, les informations disponibles et les entretiens menés à bien révèlent un pourcentage élevé de femmes et de jeunes filles victimes de traite, en particulier pour l’exploitation sexuelle, et de plus en plus, pour le travail forcé, notamment la servitude domestique.

Les pays de destination des femmes victimes originaires d’Amérique latine et des Caraïbes sont situés principalement en Europe et aux Etats-Unis, mais le Brésil, la Colombie, la République dominicaine et le Mexique ont également été identifiés comme pays de destination pour les femmes de l’hémisphère.

En Mésoamérique, l’exploitation se produit également à l’intérieur de la région. Certains pays sont principalement des pays d’origine (Nicaragua, El Salvador et Honduras), d’autres sont des pays de destination (Mexique, Guatemala et Costa Rica). La traite interne des femmes est également en hausse.

La Police nationale nicaraguayenne fait état de 21 victimes identifiées, dont 20 femmes nicaraguayennes qui avaient été victimes de traite à El Salvador, au Guatemala, au Costa Rica et à l’intérieur du Nicaragua.

L’étude fait remarquer que bien que la traite des femmes soit essentiellement à des fins d’exploitation sexuelle, des cas de travail forcé, de mendicité et d’extraction d’organes ont également été identifiés. Les enfants de femmes victimes sont également exploités par les trafiquants.

Lors d’entretiens réalisés dans le cadre de l’étude de l’OIM, les victimes ont confirmé que même si elles n’étaient pas convaincues que l’offre proposée soit sans danger, sincère et fiable, la pauvreté et l’absence d’autres possibilités d’emploi ont influencé leur décision d’accepter ces fausses offres.

L’étude de l’OIM a révélé que les femmes sont victimes de discrimination au travail, en raison de leur sexe et de leur statut de migrante, ce qui les met dans des situations de précarité et d’exploitation. Elles sont en outre confrontées aux violences sexuelles, de la part des trafiquants, de collègues, de personnel des autorités et de criminels le long de leur itinéraire migratoire, ce qui les oblige à trouver un partenaire pour bénéficier d’une protection.
 
L’absence de politiques visant à éradiquer les violences sexuelles, la corruption des responsables qui ferment parfois les yeux sur des situations de traite et d’exploitation sexuelle et la potentialité d’être vendu à des réseaux de trafiquants sont autant d’autres vulnérabilités et menaces.

« Cependant, échapper à leurs ravisseurs et rentrer chez elles ne sonne pas forcément la fin de leur cauchemar », ajoute Ana Hidalgo. « Une fois rentrées, elles peuvent faire l’objet de violentes représailles ou être à nouveau victimes de traite, être stigmatisées par la famille et la communauté, disposer d’un accès limité à l’emploi et aux possibilités de générer des revenus, et devoir rembourser les dettes contractées pour migrer. »

Sur les 46 000 victimes de traite aidées par l’OIM qui sont actuellement enregistrées dans la base de données de l’OIM, 64% sont de sexe féminin.

La base de données de l’OIM au Mexique confirme que 80,6% des personnes aidées étaient des femmes, dont une grande majorité de femmes originaires d’Amérique centrale victimes d’exploitation sexuelle et de travail forcé.

Le site internet Women in Migration Flows, www.mujeresenlasmigraciones.info, lancé aujourd’hui par l’OIM et l’ONG Centro Feminista de Información y Acción (CEFEMINA), fournira des informations aux femmes migrants, à celles qui envisagent de migrer, aux institutions d’Etat, à la société civile, aux chercheurs et au grand public, et permettra d’améliorer la coordination et l’aide fournie aux femmes migrantes.

L’étude et le site web font partie de la campagne UNETE des Nations Unies conçue pour éliminer les violences faites aux femmes, et sont financés par le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d’Etat américain.

L’étude, intitulée « La traite des femmes : une manifestation des violences faites aux femmes », est disponible en espagnol à l’adresse : http://issuu.com/iomsanjose/docs/tratademujeresyviolencia

Pour plus d’informations, veuillez contacter

Carolina Urcuyo
OIM San José
Tel: +506 22.12.53.08
Email: curcuyo@iom.int