Communiqué
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L'OIM et ses partenaires évaluent les efforts à déployer pour traiter de nouveaux cas d’Ebola en Sierra Leone

Sierra Leone - Le nombre de cas d’Ebola a chuté depuis le début de l'année, mais ce déclin stagne aujourd'hui en Sierra Leone. Bien que les cas soient confinés dans trois districts – Port Loko, Kambia et le district urbain de la zone ouest -, ces deux dernières semaines, 21 nouveaux cas ont été confirmés, dont 15 dans la communauté côtière à faible revenu de Magazine Wharf, à Freetown.

L'un des principaux défis de la lutte contre la propagation d’Ebola est la forte mobilité des populations et les déplacements transfrontaliers des voyageurs infectés.

Reconnaissant la nécessité de renforcer la collaboration transfrontalière, une équipe de médecins et de spécialistes en santé publique du siège et du bureau régional de l'OIM et le centre national des maladies infectieuses émergentes et zoonotiques du Centre américain pour le contrôle de la maladie (CDC) sont arrivés en Sierra Leone le 10 juillet dans le cadre d'une mission de deux semaines visant à réexaminer la programmation de l’OIM en matière de gestion sanitaire et humanitaire des frontières (HHBM), comprenant des activités à Magazine Wharf. Une équipe de l'Organisation mondiale de la Santé sur le terrain en Sierra Leone a ensuite rejoint la mission.

Depuis le 23 juin, l'OIM dirige les efforts de formation à la prévention et au contrôle de l'infection (IPC en anglais) en Sierra Leone et mobilise du personnel pour répondre à l'épidémie à Magazine Wharf dans ce qui est appelé le « foyer de la région occidentale. »

En partenariat avec le consortium d'intervenants face à Ebola, un groupement de sept ONG, quinze formateurs de l'OIM fournissent aujourd'hui un soutien à huit unités sanitaires périphériques dans la zone et les activités régulières ont été reportées. Le personnel de l'OIM est responsable de la formation des travailleurs sanitaires locaux en matière d'examen de santé avancé et de protocoles IPC afin de s'assurer que les patients qui présentent des symptômes soient identifiés immédiatement, tout en assurant la sécurité du personnel.

Jasmine Riley, coordinatrice de la formation de l'OIM, considère le soutien aux plus petites infrastructures communautaires comme primordial pour la réussite des opérations intensives. « L'objectif à long terme est de porter le nombre de cas à zéro et de le maintenir ainsi pendant une période de 42 jours à partir du dernier cas confirmé », déclare t-elle.

Début mai, la Sierra Leone ne comptait que deux cas confirmés, mais l'objectif zéro semble toujours irréalisable. À compter du 13 juillet, le centre de réponse nationale face à Ebola a appelé à maintenir toutes les opérations intensives jusqu'à la fin septembre en vue d'éradiquer Ebola dans le pays une bonne fois pour toutes.

Le deuxième élément, et peut-être le plus essentiel de la réponse de l'OIM à Freetown, est la participation communautaire et la mobilisation sociale. La responsabilisation communautaire s'est avérée être un facteur de réussite essentiel dans la réponse face à Ebola et l'OIM se centre davantage sur le renforcement de la participation communautaire.

Depuis janvier, les 32 mobilisateurs sociaux communautaires de l'OIM s'activent dans huit communautés côtières à faible revenu à Freetown, notamment à Magazine Wharf. Au cours des deux dernières semaines, le déploiement régulier de quatre mobilisateurs est passé à douze, à la demande du pilier de mobilisation sociale du gouvernement de Sierra Leone.

Le personnel de l'OIM travaille au sein d'équipes spéciales mixtes avec l'Unicef, la Croix-Rouge, et le consortium d'action pour la mobilisation sociale, un groupement d'agences œuvrant avec le CDC et le Ministère de la santé et de l'assainissement de la Sierra Leone.

Fatamata Sesay, mobilisatrice sociale de l'OIM à Suzan’s Bay, explique que même après huit mois sur le terrain et malgré les dangers évidents, il reste très difficile de faire passer des messages qui peuvent sauver des vies aux membres de la communauté. « Certaines personnes refusent tout simplement de coopérer peu importe l'approche que nous employons », déclare-t-elle.

Les équipes HHBM de l’OIM sont également présentes dans la zone. Deux équipes de sept contrôleurs sanitaires exploitent des stations de lavage des mains et effectuent des tests de température dans la zone et ont récemment établi un point de contrôle du flux (FMP en anglais) à Guinea Wharf, à Suzan’s Bay. Les équipes travaillent 24 heures sur 24 en tours de 8 heures afin de garantir un contrôle global et une bonne collecte des données.

Le système FMP est déployé à Kambia, à Porto Loko, à Freetown et à Bombali. Les équipes de contrôles postées à des points de contrôle prioritaires le long de la frontière internationale avec la Guinée, aux frontières interdistricts et dans les ports de Freetown, comptent les personnes et recueillent des informations sur le point d’origine et de départ des voyageurs, et leur posent de multiples questions liées à la santé. Ces informations sont regroupées dans une base de données centralisée qui sera partagée avec le gouvernement et qui représentera une ressource inestimable sur les efforts de surveillance et de localisation en cours sur le terrain.

«  Il est essentiel de gérer correctement les flux de population à la frontière et de s'assurer que les interventions soient multisectorielles, afin que la mobilité devienne un composant intégré à la réponse d'urgence face à Ebola. Il est tout à fait naturel que lorsqu'on dit non à quelqu'un, la personne va chercher un autre endroit pour amarrer un bateau ou pour pénétrer à l'intérieur d'une communauté. Il est donc tout aussi important d'être sensible aux réalités locales et de s'inspirer des connaissances locales », a déclaré le Dr Teresa Zakaria, qui dirige l'équipe du siège de l'OIM.

Sur les 17 débarcadères au total dans le district urbain de la zone ouest, 16 ont été identifiés comme présentant une menace modérée à élevé, dans le cadre d'un examen de sécurité réalisé par une équipe de mobilisation sociale. Cette information est basée sur le nombre de bateaux opérant à ses quais, leurs liens à d'autres districts, en particulier ceux de Kambia et de Port Loko, ainsi qu'en république de Guinée, sur les activités de pêche et de transport et sur l'absence d'une surveillance adéquate et d'une mobilisation sociale dans ces zones.

Après avoir passé en revue les opérations de l'OIM à Kambia et à Freetown, le Dr Alphonso Rodriguez, spécialisé en santé des migrants, a déclaré : « le personnel de l'OIM sur le terrain est très bien formé et motivé, malgré les conditions de travail incroyablement difficiles. » L'OIM et le CDC maintiennent un groupe de travail interinstitutions transfrontalier qui se réunit toutes les deux semaines pour échanger des informations et faire part de son expertise sur les questions liées à la gestion des frontières.

L'équipe de l'OIM retournera au siège de l'Organisation à Genève à la fin du mois après des escales au Mali, en Guinée Conakry, à Monrovia et à Dakar. En coopération étroite avec le CDC et l'OMS, un rapport de mission final sera publié avec des points d'action concrets visant à mettre en pratique leurs conclusions sous forme d'une stratégie HHBM plus globale et intégrée au sein de la région. Il comprendra des activités renforcées de collecte des données visant à comprendre plus clairement où les gens se déplacent et pourquoi.

Localiser ces populations mobiles et dresser un tableau plus clair de la mobilité régionale permettront de renforcer la réponse et les mesures de préparation à l'épidémie, tout en ayant un impact sur l'épidémie qui sévit actuellement dans les communautés touchées telle que Magazine Wharf.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Nicholas Bishop, OIM Sierra Leone, Tel: (+232) 076 466 942, Email: nbishop@iom.int