Autriche - L'Organisation internationale pour les migrations se joint au reste de la communauté humanitaire internationale pour condamner l'acte honteux de négligence envers plusieurs dizaines de migrants et de réfugiés dont les autorités autrichiennes affirment qu’elles sont mortes asphyxiées à l'arrière d’un camion-remorque. Les victimes ont été découvertes jeudi.

« L'ampleur de la tragédie et bien plus importante que nous l'imaginions jeudi », a déclaré Katerina Kratzmann, chef de mission de l'OIM en Autriche. « Vendredi matin, le porte-parole du Ministère fédéral de l'intérieur, Alexander Marakovits, a annoncé que plus de 70 personnes, hommes et femmes, étaient décédées à bord du camion. »

Mme Kratzmann a signalé que la police recherche le chauffeur du camion et pense pouvoir le retrouver. « Au niveau politique, les conséquences de cette tragédie sont actuellement débattues, notamment sur les changements juridiques pour renforcer la réglementation sur le trafic illicite et pour accroître les contrôles et les mesures au niveau de l’UE », a t-elle ajouté.

L'OIM en Autriche rapporte qu'en 2014, le pays a reçu environ 28 000 demandes de protection internationale (asile), chiffre qui a été atteint cette année à la fin du mois de juin. Mme Kratzmann a déclaré que le nombre de demandes d'asile pour cette année était estimé à 80 000.

Elle a ajouté ces quelques détails de la scène macabre : « lorsque la police est arrivée, un liquide issu de la décomposition des corps s'écoulait du camion. La police estime qu'ils sont morts entre 36 et 48 heures avant leur découverte et que certains étaient peut-être déjà morts lors du passage de la frontière depuis la Hongrie. Le camion se trouvait en Hongrie mercredi soir et a traversé en Autriche avant l'aube du lendemain matin. Le camion avait une plaque d'immatriculation hongroise et un logo d'une entreprise slovaque de transformation de la volaille. D'après l'entreprise slovaque, ils ont vendu 13 camions pendant l'année écoulée. La plaque minéralogique a été demandée par une personne d'origine roumaine dans la ville hongroise de Kecskemét. »

« Ils sont certainement arrivés par l'itinéraire des Balkans occidentaux et se trouvaient en fait déjà « en sécurité » dans la zone Schengen, pour finalement mourir à quelques heures de voyage de leur destination. Ils ont eu recours à des passeurs car ils n'ont aucun autre moyen de transport (train ou bus) à disposition. Les migrants sont régulièrement débarqués de trains et de bus se dirigeant vers l'Autriche et l'Allemagne depuis la Hongrie », a déclaré Magdalena Majkowska-Tomkin, du Bureau de l’OIM en Hongrie.

Elle a ajouté que mercredi, un nombre record de migrants – plus de 3200, dont près de 700 enfants – sont arrivés en Hongrie.

Aux Pays-Bas, Martin Wyss, chef de mission de l'OIM, a fait remarquer que ce qui s'est produit à bord du camion en Autriche est « un rappel brutal de la tragédie qui avait coûté la vie à 58 Chinois à Dover il y a 15 ans. »

L'incident de Dover s'est déroulé le 18 juin 2000, lorsque juste avant minuit, 58 corps ont été retrouvés dans un camion hollandais dans cette ville portuaire. Deux survivants ont été retrouvés. Le camion arrivait d'un ferry en provenance de Zeebrugge, en Belgique. Les 60 immigrants, tous chinois, s'était retrouvés piégés dans la remorque pendant plus de 18 heures. D'autres décès similaires de migrants ont été rapportés ces dernières années au Mexique ainsi qu'au sud-ouest des États-Unis.

« Ce crime a directement donné lieu à la conférence de Palerme qui a fait naître la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et les fameux protocoles contre la traite et le trafic illicite. On peut donc en conclure que l'effort conjoint des Nations Unies contre le trafic illicite de personnes est un échec», a déclaré Wyss

L'OIM continue de surveiller le transit de migrants à travers les Balkans.

« En l'absence d'une stratégie de migration bien gérée, le décès de plusieurs dizaines de personnes qui ont été asphyxiées à l'arrière d'un camion en Autriche cette semaine nous rappelle à tous les conséquences lorsqu’on laisse ces migrants qui recherchent une sécurité et une vie meilleure à la merci des trafiquants », a déclaré William Lacy Swing, Directeur général de l’OIM. « Tout comme nous l'avons vu dans la Méditerranée ces trois dernières années, ou lors de tragédies similaires dans le désert du Sahara, le spectre de la mort hante désormais le continent européen. Nous devons faire quelque chose, et vite, pour rendre tous les flux migratoires légaux et sûrs. »

Pour plus d'informations, veuillez contacter Katerina Kratzmann, OIM Autriche, Tel: +43 1 585 33 22 27, Email: KKratzmann@iom.int. Ou Magdalena Majkowska-Tomkin, OIM Hongrie, Tel: + +3614722519 Email: MMAJKOWSKA@iom.int Ou Balazs Lehel, OIM Hongrie, Tel: +36 1 472 25 08, Email: blehel@iom.int