Communiqué
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Les corps de 26 femmes victimes de traite sont débarqués à Salerne, en Italie tandis que 154 609 migrants sont arrivés en Europe par la mer en 2017 ; 2 925 migrants y ont perdu la vie

Genève - D’après l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, au 5 novembre 2017, 154 609 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer. Environ 75 pourcent sont arrivés en Italie et le reste est réparti entre la Grèce, Chypre et l’Espagne. A la même date l’année dernière, ils étaient 337 773.

Le 6 novembre, le Bureau de coordination de l’OIM pour la Méditerranée a rendu compte d’opérations qui ont permis de sauver plus de 2 650 migrants en seulement quatre jours. A l’issue de ces mêmes opérations, 34 corps ont été repêchés et au moins 50 autres ont disparu en mer. Parmi les victimes de cette semaine, 26 femmes qui seraient d’origine nigériane, auraient été assassinées par des trafiquants en lien avec le commerce du sexe en Europe.

« Il s’agit de l’une des opérations les plus difficiles que les sauveteurs aient connu ces quatre derniers mois dans la Méditerranée centrale », a déclaré Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’OIM à Rome.

La grande majorité des migrants secourus ces derniers jours étaient des ressortissants d’Afrique de l’Ouest, mais d’autres nationalités étaient également représentées : des Bangladais, des Erythréens, des Egyptiens, des Soudanais, des Marocains, des Syriens et des Libyens. Le personnel de l’OIM a rencontré un homme de 89 ans secouru en mer et débarqué à Tarente par le Navire allemand « Meclkenberg », ainsi qu’une Nigériane qui a donné naissance à bord du navire espagnol « Cantabria » juste après avoir été secourue.

L’événement le plus tragique s’est déroulé dimanche matin, lorsque le « Cantabria » de la Marine espagnole - œuvrant dans le cadre de l’opération Sophia de l’EunavforMed - a ramené, à Salerne, les corps de dizaines de femmes, en plus des 402 migrants secourus lors de quatre opérations différentes.

Les corps retrouvés n’étant que ceux de femmes et de filles, le Préfet de Salerne a décidé d’ouvrir une enquête pour clarifier les circonstances de leur mort, sans exclure la possibilité d’un cas d’homicide. Des autopsies permettront de déterminer la cause réelle du décès de ces femmes. D’après les premières informations recueillies lors du débarquement par l’OIM, les corps ont été repêchés lors de deux opérations distinctes.

Vendredi (3 novembre), le « Cantabria » a secouru un bateau pneumatique en détresse, sauvant 64 personnes et repêchant les corps de 23 filles nigérianes. Il semblerait qu’environ 140 personnes se trouvaient à bord. Si ces chiffres sont avérés, le nombre de personnes toujours portées disparues s’élèverait à près de 50. A bord du bateau se trouvaient plusieurs jeunes filles nigérianes.

Lors d’une autre opération, le « Bergamini » de la Marine italienne a repêché les corps de trois femmes à bord d’un bateau pneumatique qui transportait 139 migrants et qui ont été transférés sur le « Cantabria ».

Il y a quelques jours, au moins huit corps ont été retrouvés par les garde-côtes italiens à bord d’un bateau pneumatique transportant 150 personnes.

« Cette tragédie touche un groupe de personnes particulièrement à risque », a déclaré Federico Soda, Directeur du Bureau de coordination de l’OIM pour la Méditerranée. « Il est très probable que ces filles étaient en fait des victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle. Un récent rapport de l’OIM a révélé que 80 pourcent des filles nigérianes arrivant en Italie par la mer seraient des victimes de traite. »

Et d’ajouter : « Nous avons observé une hausse notable et préoccupante du nombre de femmes et de filles nigérianes arrivant en Italie ces trois dernières années, passant de 1 500 en 2004 à plus de 11 000 en 2016. La tendance la plus inquiétante est que ces femmes sont plus jeunes et souvent mineures. L’OIM est présente aux points de débarquement en Italie où elle propose une aide spécifique aux victimes de traite après les avoir informées des risques qu’elles courent et de la possibilité d’être protégées par la loi italienne. »

Les migrants secourus lors de ces opérations ont souvent déjà été transférés vers des centres d’accueil à travers l’Italie : Lombardie, Pouilles Toscane, Vénétie, Piémont, Emilie-Romagne et Latium.

Les rescapés arrivés à Salerne font des récits dramatiques : une fille affirme avoir été violée, une autre a raconté avoir vu ses trois enfants mourir en mer.

Les 2 650 personnes secourues ces derniers jours pourraient montrer une inversion de la tendance par rapport aux arrivées de Libye enregistrées ces derniers mois. Depuis le mois d’août, chaque mois, on recense entre 4 000 et 6 000 arrivées en mer, une forte baisse par rapport au début de l’année.

« Il est plus difficile que jamais de prévoir la tendance actuellement », a fait remarquer M. Soda. « Le nombre de départs de Libye a ralenti ces quatre derniers mois mais nous voyons toujours un grand nombre de personnes secourues débarquer en Italie sur des périodes relativement courtes. Nous nous approchons également d’une saison de l’année où la météo sera moins prévisible et la mer plus agitée. Historiquement, ce sont pendant les mois d’hiver qu’ont lieu la majorité des arrivées. Cette année, cette période coïncide avec la baisse du nombre d’opérations de sauvetage dans la Méditerranée, car de nombreuses ONG suspendent leurs opérations. »

En 2016, le nombre de migrants et réfugiés ayant péri en mer entre l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Europe s’élevait à 718, plus 386 portés disparus en septembre.

« Nous devons garder à l’esprit qu’en même temps que toute cette activité, les conditions de vie des migrants en Libye continuent d’être dramatiques : ces dernières semaines, des affrontements militaires dans le pays ont eu lieu et les migrants sont les plus vulnérables dans ces situations. Les conditions dans les centres de détention, même dans ceux auxquels le personnel de l’OIM a accès, sont totalement inadéquates », a conclu Federico Soda.

Christine Petré, de l’OIM en Libye, a rapporté lundi que 48 migrants (35 hommes et 13 femmes) ont été secourus par les garde-côtes libyens. D’après leur témoignage, quelque 82 migrants seraient toujours portés disparus depuis le naufrage du bateau. Parmi les personnes secourues, neuf auraient souffert de brûlures, dont deux ont été transférées vers l’hôpital. L’OIM a aidé les migrants au point de débarquement en procédant à des examens médicaux.

Elle a ajouté que le 4 novembre, 151 migrants (137 hommes, une femme et 13 enfants) ont été secourus en mer au large de Tripoli. Tous les migrants ont été retrouvés dans un état de santé relativement stable. A ce jour en 2017, 19 333 migrants ont été secourus ou interceptés dans les eaux libyennes.

Kelly Namia, de l’OIM à Athènes, a signalé, lundi 6 novembre, la survenue d’au moins cinq incidents au large des îles de Lesbos, de Chios et de Kalymnos, qui ont nécessité des opérations de recherche et de sauvetage. Les garde-côtes helléniques ont pu secourir 234 migrants et les ont transférés vers les îles respectives.

D’après le Projet de l’OIM sur les migrants disparus, les autorités grecques ont découvert le corps d’une femme et recherchaient six autres personnes disparues lors du naufrage d’un bateau en bois au large de l’île de Kalymnos, près des côtes turques, vendredi 3 novembre. Les garde-côtes turcs ont repêché deux corps du même naufrage.

Près de 13 000 hommes, femmes et enfants sont entrés en Grèce par les eaux de la méditerranée orientale depuis le 1er août, soit plus de migrants que ceux arrivés pendant les sept premiers mois de 2017 (11 405). Kelly Namia a également rapporté que près de 550 migrants ou réfugiés sont entrés en Grèce par la mer pendant les quatre premiers jours de novembre, portant le nombre total d’arrivées par la mer en Grèce à 24 372 pour toute l’année à ce jour (voir tableau ci-dessous).

Pays

1 Jan – 31 dec 2014

1 Jan – 31 dec 2015

1 Jan – 31 dec 2016

1 Jan – 4 nov 2017

Grèce

34 442

853 650

173 614

24 372

A travers le monde, le Projet de l’OIM sur les migrants disparus (MMP) a enregistré 4 955 décès de migrants en 2017. Dans la Méditerranée centrale, les corps de 26 femmes et filles ont été repêchés pendant le week-end lors d’opérations de sauvetage au large des côtes libyennes. Le 3 novembre, les corps de 23 filles nigérianes ont été retrouvés dans un bateau pneumatique qui avait sombré au large de la Libye. Soixante-quatre personnes ont été secourus de ce naufrage. D’après les témoignages des rescapés, environ 140 personnes se trouvaient à bord et une cinquantaine de migrants sont toujours portés disparus. Lors d’une autre opération de sauvetage, les corps de trois femmes ont été découvertS dans un bateau pneumatique qui transportait 139 migrants.

Dans la Méditerranée occidentale, une femme qui avait été secourue d’un bateau en perdition le 29 octobre a succombé à de graves brûlures dans un hôpital de Tanger, au Maroc, le 4 novembre. Dans la Méditerranée orientale, les autorités grecques et turques ont confirmé le décès ou la disparition de quelque huit personnes.

Ces décès portent le nombre total de décès dans la Méditerranée en 2017 à 2 925. A la même date l’année dernière, le nombre de décès le long des trois itinéraires de la mer Méditerranée s’élevait à 4 305, soit près de 1 400 de plus qu’en 2017 à ce jour.

En outre, deux décès ont été enregistrés à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique : les ossements d’un migrant ont été découverts le 24 octobre dans un ranch près de Sarita, dans le comté de Kenedy, au Texas, tandis qu’un autre corps a été retrouvé près de Falfurrias, dans le comté de Brooks, le 1er novembre.

Les données du MMP sont compilées par le personnel de l’OIM mais proviennent de sources diverses, dont certaines ne sont pas officielles. Pour en savoir plus sur la collecte de données sur les migrants disparus, cliquez ici (en anglais).

Décès de migrants et de réfugiés à travers le monde (1er janvier – 5 novembre)
(Source : Projet sur les migrants disparus)

REGION

2017

2016

Méditerranée

2 925

4 302

Europe

83

49

Moyen-Orient

95

104

Afrique du Nord

467

1 199

Corne de l’Afrique

170

182

Afrique subsaharienne

381

75

Asie du Sud-Est

295

127

Asie du Sud

1

0

Amérique du Nord

1

0

Asie de l’Est

1

3

USA/Mexique

318

328

Amérique centrale

65

157

Caraïbes

153

85

Amérique du Sud

0

31

Total

4 955

6 642

 

Dernière infographie mise à jour pour la Méditerranée :
http://migration.iom.int/docs/MMP/171107_Mediterranean_Update.pdf  
Pour consulter les dernières données sur les arrivées et les décès de migrants en Méditerranée, veuillez-vous rendre sur : http://migration.iom.int/europe  
Pour en savoir plus sur le Projet sur les migrants disparus : http://missingmigrants.iom.int 

Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Joel Millman, OIM Genève, Tel : +41.79.103-8720, Email : jmillman@iom.int
Mircea Mocanu, OIM Roumanie, Tel :  +40212115657, Email : mmocanu@iom.int
Dimitrios Tsagalas, OIM Chypre, Tel : + 22 77 22 70 ; E-mail : dtsagalas@iom.int
Flavio Di Giacomo, OIM Italie, Tel : +39 347 089 8996, Email : fdigiacomo@iom.int
Kelly Namia, OIM Grèce, Tel : +30 210 9919040, +30 210 9912174, Email : knamia@iom.int
Julia Black, OIM GMDAC à Berlin, Tel : +49 30 278 778 27, Email : jblack@iom.int
Abby Dwommoh, OIM Turquie, Tel : +90 312 454 3048, Email : MediaIOMTurkey@iom.int
Christine Petré, OIM Libye Tel :  +216 29 240 448, Email : chpetre@iom.int
Ana Dodevska, OIM Espagne, Tel : +34 91 445 7116, Email : ADODEVSKA@iom.int
Myriam Chabbi, OIM Tunisie, Tel :  +216 28 78 78 05, Mobile : +216 71 860 312 Ext. 109, Email : mchabbi@iom.int