Communiqué
Global

Des décès au Niger s’ajoutent au bilan croissant de migrants décédés sur le continent africain

Niger - L’Organisation internationale pour les migrations annonce la choquante découverte, cette semaine, des dépouilles de 34 migrants près de la frontière entre l’Algérie et le Niger, portant à 471 le nombre de décès et de disparitions enregistrés sur le continent africain cette année par le projet de l’OIM sur les migrants disparus.

« Au moins 250 migrants ont trouvé la mort en Libye et au Soudan uniquement. Bon nombre sont morts de faim, de déshydratation ou d’exposition à la chaleur dans le désert du Sahara », a expliqué Julia Black, chercheuse au Centre d’analyse des données migratoires mondiales (GMDAC) de l’OIM à Berlin. « Nous assistons aussi à une tendance inquiétante de morts violentes de migrants d’Afrique du Nord, notamment des dizaines de cas de violences physiques et sexuelles provoquant directement leur décès. Il est probable que de nombreux cas ne soient même pas recensés. »

Les 34 victimes découvertes cette semaine seraient mortes au Niger, après avoir été abandonnées par leur passeur. Ce sont les seuls décès recensés par l’OIM au Niger où, d’après la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’OIM, au moins 120 000 migrants seraient passés cette année depuis janvier. Les températures le long des itinéraires migratoires à travers le Sahara dépassent fréquemment les 40 degrés et ce dernier incident montre que les pratiques des passeurs peuvent être mortelles pour les migrants. Les dangers des itinéraires très empruntés à travers le Sahara montrent aussi que ces décès pourraient n’être qu’une partie du nombre réel de décès de migrants en Afrique du Nord.

E plus de la tragédie de cette semaine, le Projet sur les migrants disparus estime que 85 des 342 décès survenus en Afrique du Nord cette année concernaient des migrants en route vers l’archipel espagnol des Canaries au large de la côte marocaine. Il est probable que de nombreux migrants disparaissent et ne soient pas recensés sur cet itinéraire maritime « car c’est une distance très longue pour atteindre un groupement d’îles tout petit », a expliqué Julia Black.

Le projet sur les migrants disparus a également enregistré 80 décès dans la corne de l’Afrique cette année, dont 60  noyades dans le Détroit du Yémen, un itinéraire maritime qu’empruntent de nombreux Somaliens, Erythréens et Ethiopiens pour atteindre la péninsule arabe. Les 21 autres décès concernaient des migrants se rendant au Soudan par voie terrestre. Près de la moitié étaient des morts violentes, dont bon nombre entre les mains de passeurs. La nature composite des flux à travers cette région signifie que le nombre précis de décès de migrants est encore une fois sous-évalué. En effet, les responsables de la sécurité de Djibouti, principal itinéraire reliant l’Ethiopie au Détroit du Yémen, ont confié à la délégation de l’OIM en début d’année que les décès en mer représentaient environ 25% des décès de migrants dans leur pays, dont la majorité sont causés soit par la déshydratation, soit par des accidents de la route avant d’atteindre la côte.

En Afrique subsaharienne (ex : Afrique de l’Ouest, Afrique centrale et Afrique australe, à l’exception de la corne de l’Afrique), les données du Projet sur les migrants disparus sont rares. Néanmoins, l’OIM a enregistré 49 décès dans cette région jusqu’ici en 2016, au rythme moyen de deux par semaine. Sur ce nombre, 20 étaient des migrants somaliens découverts mercredi après avoir été asphyxiés à l’arrière d’un camion en Zambie.

En près de 18 mois depuis début 2015, le Projet de l’OIM sur les migrants disparus a enregistré 678 décès de migrants à travers le continent africain (corne de l’Afrique : 176 ; Afrique du Nord : 407 ; Afrique de l’Ouest, Afrique centrale et Afrique australe : 95) dont 70 sont survenus ces deux dernières semaines.

« Ces tragédies s’ajoutent  aux milliers d’Africains qui ont trouvé la mort après être arrivés sur l’une des zones d’embarquement côtières mais qui n’ont pourtant pas réussi à atteindre leur destination », a ajouté Julia Black.

Giuseppe Loprete, chef de mission de l’OIM au Niger, a déclaré, cette semaine, que les dépouilles des 34 migrants ont été retrouvées près de la ville d’Arlit, carrefour du désert près de la frontière nigérienne avec l’Algérie. Il a fait remarquer que la plupart des 34 victimes étaient des femmes et des enfants, indiquant que « ces migrants étaient originaires de villages au sud du Niger. La présence de femmes et d’enfants dans un groupe de migrants signifie presque toujours qu’ils se rendent en Algérie », a expliqué M. Loprete.

Le chef de mission de l’OIM au Niger a ajouté qu’au total, 20 étaient des enfants de moins de 18 ans, neuf étaient des femmes adultes et cinq étaient des hommes adultes.

Il a expliqué que le coût du voyage sur cet itinéraire (entre 300 et 500 USD par personne) représentait environ la moitié de ce que les migrants paient pour atteindre la Libye depuis le Niger. L’itinéraire algérien attire des migrants plus pauvres, a déclaré M. Loprete, des migrants qui peuvent facilement être exploités et contraints au commerce du sexe ou à la mendicité (en particulier les enfants) une fois qu’ils atteignent leur destination. Il a ajouté que cet itinéraire pouvait même être encore plus dangereux que le voyage vers la Libye.

« Beaucoup d’autres migrants meurent sans qu’on ne le sache », a conclu M. Loprete.

Pour en savoir plus sur le projet sur les migrants disparus : http://missingmigrants.iom.int

Pour plus d’informations, veuillez contacter Julia Black, Centre d’analyse des données migratoires mondiales (GMDAC), Tel: +49 30 278 778 27 Email: jblack@iom.int, ou Giuseppe Loprete, chef de mission, OIM Niger, Tel: +227.980 543 31 Email gloprete@iom.int, et Linda Cottone, OIM Niger, Tel: +227 89 31 16 45. Email: rcottone@iom.int Ou Pascal Reyntjens, OIM Algérie, Tel: ++213 (0) 559 570 592 (mobile en Algérie) or +33 498889220 (mobile belge), Email: PREYNTJENS@IOM.INT.