Communiqué
Global

52 morts au Niger tandis que l’opération de recherche et de secours de l’OIM sauve 600 migrants bloqués dans le désert du Sahara

Niger – Dimanche matin, 25 juin, 24 migrants ont signalé aux autorités nigériennes qu’ils étaient bloqués dans le désert. On ne sait pas exactement depuis combien de temps ils marchaient dans le désert au centre du Niger, près de Séguédine. Les 24 survivants ont été amenés à Séguédine, où l’un d’eux est décédé à l’arrivée, portant le nombre total de survivants à 23. Parmi les rescapés se trouvent des migrants originaires de Gambie, du Nigéria, du Sénégal et de Côte-d’Ivoire.

Ils faisaient partie d’un groupe de 75 migrants voyageant à bord de trois convois différents, que les passeurs ont fini par abandonner lors du périple vers le nord. Les autorités sont retournées là où elles avaient découvert les survivants pour rechercher les 51 autres du groupe mais ne les ont pas retrouvés en raison d’une tempête de sable. Les migrants sont présumés morts et les missions de recherche ont repris dès la fin de la tempête. Les corps n’ont toujours pas été retrouvés. Des équipes de l’OIM sur le terrain à Dirkou sont allés chercher les 23 survivants ce matin pour les ramener au centre de transit de l’OIM à Dirkou.

Dans les centres de transit de l’OIM à travers le Niger, les migrants reçoivent une aide directe, notamment de l’eau, de la nourriture, un abri, une aide médicale et psychologique. L’opération est financée par le gouvernement des Pays-Bas et par le Fonds fiduciaire de l’Union européenne (UE).

Les passeurs explorent de nouveaux trajets migratoires le long du couloir nord, itinéraire le plus emprunté et le plus important d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale. La nouvelle opération de l’OIM fournit une aide indispensable à la survie des migrants en détresse dans les zones où la présence humanitaire est limitée.

En avril 2017, l’OIM a lancé un nouveau projet financé par le gouvernement des Pays-Bas intitulé : « Aide et secours aux migrants dans la région d’Agadez » (MIRAA). Le projet MIRRA durera 12 mois et vise à assurer la protection des migrants dans les zones difficiles d’accès tout en renforçant la gestion des migrations par le gouvernement du Niger.

« Nous renforçons notre capacité à aider les migrants vulnérables bloqués au nord d’Agadez, vers la frontière entre le Niger et la Libye », a déclaré Giuseppe Loprete, chef de mission de l’OIM au Niger. « Sauver des vies dans le désert devient plus urgent que jamais. Depuis le début de l’année, nous recevons des appels fréquents pour secourir des victimes qui entreprennent ce périple », a-t-il ajouté.

MIRRA est complémentaire de l’initiative plus large intitulée « Mécanisme de réponse et de ressources pour les migrants (MRRM) », développé par l’OIM au Niger et financée par le Fonds fiduciaire de l’UE. Il vise à rassembler, en un seul mécanisme, tout un éventail de services d’aide aux migrants, notamment l’aide au retour volontaire vers leurs pays d’origine et l’aide à la réintégration à leur retour.

Adaora*, 22 ans, est l’une des survivantes d’une mission de secours qui s’est déroulée le 28 mai, et la seule femme du groupe à avoir survécu. Adaora a quitté le Nigéria début avril dans l’espoir d’un avenir meilleur en Europe. Une cinquantaine de migrants se trouvaient à bord du camion lorsque ce dernier a quitté Agadez pour la Libye mais seuls six sont aujourd’hui en vie.

« Nous sommes restés dans le désert pendant dix jours. Après cinq jours, le chauffeur nous a abandonnés. Il est parti avec toutes nos affaires, en nous disant qu’il reviendrait nous chercher dans quelques heures mais il n’est jamais revenu », raconte Adaora.

Adaora a quitté le Nigéria avec deux amies proches qui ont toutes les deux trouvé la mort dans le désert. « Elles étaient trop faibles pour continuer », se souvient-elle tristement. « Nous en avons enterrés quelques-uns mais ils étaient trop nombreux et nous n’avions pas la force de le faire », ajoute-t-elle.

Pendant les deux jours suivants, 44 des migrants sont décédés, ce qui a convaincu les six restants de commencer à marcher pour trouver de l’aide. « Nous avons dû boire notre propre urine pour survivre », raconte-t-elle.

« Je ne pouvais plus marcher. Je voulais abandonner », se souvient-elle. Deux autres migrants l’ont portée jusqu’à ce qu’un camion les récupère et les amène aux autorités locales qui ont ensuite alerté le personnel de l’OIM à Dirkou, dans la région d’Agadez, au nord-est du Niger.

Lorsque les six survivants sont arrivés au centre de transit de l’OIM à Dirkou, Adaora était inconsciente. Elle a reçu des soins médicaux puis, une fois remise sur pied, a raconté en détail son expérience à la fois aux autorités et au personnel de l’OIM. Deux autres migrants du groupe sont repartis avec le personnel de l’OIM et les autorités pour récupérer les corps et identifier les victimes.

Adaora raconte qu’elle ne savait pas à quoi s’attendre, sinon elle n’aurait jamais quitté le Nigéria. A son retour, elle souhaite continuer à travailler en tant qu’infirmière. « Je pense qu’il est important que nous soyons solidaires dans le besoin », déclare-t-elle.

Le 9 juin, 92 autres migrants ont également été secourus lors d’une opération de recherche et de secours de l’OIM. Parmi eux se trouvaient 30 femmes et enfants.

*Son nom a été changé pour protéger son identité.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Monica Chiriac, OIM Niger, Tel : +227 8931 8764, Email : mchiriac@iom.int