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Les rapatriements de fonds des migrants: une nouvelle source de financement du developpement pour les nations les plus pauvres du monde?

Les rapatriements de fonds des migrants: une nouvelle source de
financement du developpement pour les nations les plus pauvres du
monde?

 

Selon une nouvelle publication OIM/ONU, les pays pauvres pourraient
faire davantage pour exploiter pleinement le potentiel de
développement des rapatriements de fonds effectués
par les migrants.

Cette publication - qui est due à l’Organisation
internationale pour les migrations (OIM) et au Bureau du Haut
Représentant pour les pays les moins avancés, les
pays en développement sans littoral et les petits
États insulaires en développement, désigne les
rapatriements de fonds comme une source de plus en plus importante
de financement extérieur pour les pays les moins
avancés (PMA).

S’il est vrai que l’aide publique au
développement (APD) reste la source principale de
financement pour les 50 pays les plus pauvres du monde, les
transferts effectués par les migrants ont
considérablement augmenté ces dernières
années, dépassant de loin l’investissement
étranger direct (IED), pour atteindre 10,4 milliards de
dollars E.-U. en 2004.

Pour certains PMA, les rapatriements de fonds
représentent une part importante du revenu national. Ainsi,
le Lesotho reçoit de ses travailleurs à
l’étranger environ 30 % de son produit
intérieur brut (PIB). Pour Haïti, Samoa et le
Népal, les rapatriements de fonds effectués en 2004
ont représenté respectivement 24,8, 12,4 et 11,7 % du
PIB, tandis que le Bangladesh, avec des transferts
s’élevant à 3,6 milliards de dollars, figurait
à la 14 e place dans la liste des vingt principaux pays en
développement bénéficiaires. Le Soudan et le
Yémen ont eux aussi reçu plus d’un milliard de
dollars de fonds rapatriés en 2004.

Selon toute vraisemblance, l’ampleur réelle des
rapatriements de fonds effectués à destination des
PMA est encore beaucoup plus importante, car la majeure partie des
fonds ainsi transférés le sont par des canaux
informels, ce qui s’explique par les coûts
élevés de transfert, les restrictions liées au
marché des devises, mais aussi la mauvaise qualité
des infrastructures et la faiblesse du secteur financier dans les
PMA. On estime ainsi que 54 % des rapatriements de fonds
effectués à destination du Bangladesh et 80 %
à destination de l’Ouganda le sont par des canaux
informels.

“L’accès aux services de rapatriement de
fonds doit être plus rentable, plus rapide et plus sûr
” déclare Mme Ndioro Ndiaye, Directeur
général adjoint de l’OIM. “Une bonne
gouvernance, une économie stable et un climat
d’investissement sain sont quelques-uns des facteurs
susceptibles d’inciter les migrants à rapatrier
davantage de fonds encore”.

Le rapport souligne la nécessité, pour les PMA, de
favoriser les canaux officiels de transfert. Pour y parvenir, il
faudrait offrir des conditions avantageuses aux
bénéficiaires, afin qu’ils aient davantage
recours au secteur bancaire formel. Afin de donner plus
d’attrait aux moyens de transfert formels, les PMA devrait
également offrir des taux de change favorables et mettre sur
pied des systèmes bancaires efficaces. Dans certains PMA,
seules les zones urbaines ont des agences bancaires, ce qui laisse
les habitants des campagnes sans autre choix que celui de
s’adresser au secteur informel.

Le défi à relever pour de nombreux pays pauvres
qui bénéficient dans une mesure substantielle des
rentrées de fonds que représentent les transferts des
migrants consiste à orienter ces rentrées de fonds
vers les programmes qui profiteront à la
société dans son ensemble.

“Les rapatriements de fonds apportent une assistance
bienvenue aux ménages appauvris et aux communautés
des PMA, mais il importe que soit mis au point un ensemble de
politiques cohérentes, de telle sorte que le
bénéfice de ces rentrées de fonds se fasse
sentir dans l’ensemble de la société”,
indique Anwarul. K Chowdhury, Secrétaire
général adjoint des Nations Unies et Haut
Représentant pour les PMA.

Cette publication, qui reprend des communications faites par des
participants à la Conférence ministérielle des
PMA qui a eu lieu au Bénin en 2006, appelle également
à un abaissement des coûts de transfert en proposant
des institutions novatrices dans le domaine de la micro-finance,
à l’instar de FONKOZE, en Haïti, qui offre des
frais de transfert plus abordables, voire gratuits, grâce
à un partenariat avec une banque basée aux
États-Unis.

Les recommandations contenues dans le rapport, qui seront
soumises au Dialogue de haut niveau sur les migrations
internationales et le développement devant avoir lieu
à l’initiative du Secrétaire
général des Nations Unies, les 14 et 15 septembre
2006 à New York, précisent également que les
gouvernements devront améliorer leurs systèmes de
collecte de données concernant les rapatriements de
fonds.