Communiqué
Global

Une vidéo circulant sur Facebook montre 260 migrants et réfugiés somaliens et éthiopiens maltraités et détenus contre leur gré par des gangs en Libye

Suisse – L’organisme des Nations Unies chargé des migrations (OIM) est très préoccupé par la situation d’environ 260 migrants et réfugiés somaliens et éthiopiens, dont de nombreux enfants, retenus en otage par des passeurs et/ou des gangs criminels en Libye. Dans une vidéo publiée sur Facebook le 9 juin, des centaines de Somaliens et d’Ethiopiens décharnés et maltraités apparaissent recroquevillés dans une pièce en béton. D’autres nationalités pourraient être présentes.

S’adressant dans la vidéo à un journaliste somalien basé en Turquie (qui a enregistré l’appel qu’il a reçu du groupe criminel), les migrants et réfugiés, assis sur le sol dans un espace restreint, racontent qu’ils ont été battus et torturés. Certains racontent que leurs dents leur ont été arrachées, leurs bras brisés et que personne ne leur donnait de nourriture. Ils expliquent que les femmes sont isolées dans des cellules séparées, où ils craignent qu’elles ne soient maltraitées aussi bien physiquement que sexuellement. Les parents et proches des migrants et réfugiés reçoivent également des courtes vidéos sur les réseaux sociaux, dans lesquelles on leur demande de payer entre 8 000 et 10 000 dollars, sans quoi leur enfant ou proche sera tué. Selon leurs familles en Somalie, certaines personnes présentes dans les vidéos sont portées disparues depuis des périodes allant jusqu’à six ans. L’endroit exact où ils sont détenus n’a pas encore été localisé.

« Je suis ici depuis un an. Je suis battu tous les jours. Je n’ai rien à manger. Mon corps est couvert de bleus », raconte l’un des otages dans la vidéo. « Si vous voyiez la vie ici, nous ne voudriez plus être de ce monde. Cela fait quatre jours que je n’ai pas mangé mais le pire, ce sont les coups. Ils ne veulent pas me relâcher. »

Pendant toute la vidéo, des échanges ont lieu entre le journaliste et la personne qui gère le site en Libye. Dans une séquence, il présente au journaliste un jeune visiblement affamé, avec un gros bloc de béton sur le dos, à titre de punition car sa famille n’a pas payé la rançon.

« On m’a demandé 8 000 dollars », déclare le jeune homme, lorsque le journaliste lui demande pourquoi le groupe criminel le punit. « Ils m’ont cassé les dents, la main. Je suis ici depuis 11 mois… cette pierre est sur mon dos depuis trois jours. C’est très douloureux. »

« Je suis ici depuis un an », s’exclame un otage éthiopien dans la vidéo, suppliant le journaliste de les aider. « Nous voulons de l’aide. Mon frère, mon frère, nous sommes morts ! On nous frappe à longueur de journée, mon frère, je t’en supplie ! Je t’en supplie, fais tout ce que tu peux. Je ne dors plus, j’ai tellement mal au torse parce qu’ils nous frappent avec de grosses pièces de métal toutes les heures. Ils nous exposent au soleil. Ils ne nous donnent pas de nourriture pendant des jours. Mon frère, ramène-nous dans notre pays ! »

« Le visionnage de cette vidéo de migrants et réfugiés innocents qui sont maltraités et torturés est très inquiétant. L’OIM condamne la façon dont les groupes criminels utilisent les réseaux sociaux pour montrer les sévices choquants perpétrés contre des personnes détenues contre leur gré et pour soutirer de l’argent à leurs familles restées au pays », a déclaré Mohammed Abdiker, Directeur des opérations d’urgence de l’OIM, après avoir eu connaissance de la situation. « Le fait que les passeurs ou groupes criminels utilisent des plateformes numériques pour vanter leurs services, séduire des personnes vulnérables en déplacement puis les exploiter eux et leur famille est un fléau mondial. Il est grand temps que les médias sociaux et les entreprises de haute technologie reconnaissent les graves préjudices subis parce qu’ils ne parviennent pas à contrôler et combattre les situations de graves violations des droits de l’homme – menant au meurtre – qui circulent par leur intermédiaire. »

« La cruauté des trafiquants qui s’en prennent à des migrants et réfugiés vulnérables en Libye ne semble avoir aucune limite », a déclaré Amin Awad, Directeur du HCR pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord. « Le HCR s’inquiète du calvaire de ces demandeurs d’asile et appelle à les relâcher immédiatement en collaboration avec les autorités libyennes. Nous abhorrons les images qui circulent en masse et les actes haineux perpétrés par ces groupes. »

Les migrants et les réfugiés qui se rendent en Libye depuis la corne de l’Afrique sont souvent enlevés dans le secteur de Raybana à la frontière sud du pays après avoir traversé depuis le Soudan. La zone, où les gangs criminels de la région s’en prennent aux personnes vulnérables, est très dangereuse.

Les autorités compétentes ont connaissance de cette situation inhumaine et œuvrent en vue de localiser et d’aider les personnes présentes dans la vidéo. L’OIM et ses partenaires travaillent avec les autorités du gouvernement pour obtenir la libération de ces migrants et réfugiés et leur fournir une aide essentielle, notamment médicale et psychosociale, ainsi qu’un transport pour les ramener chez eux.

*Veuillez noter que l’OIM n’a pas partagé la vidéo Facebook afin de protéger les migrants et réfugiés de représailles par leurs ravisseurs.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Leonard Doyle, OIM, Tel: +41 79 285 7123, Email: ldoyle@iom.int