Communiqué
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Une étude de l’OIM démontre que les Européens sont plus nombreux à migrer vers l’Amérique latine et les Caraïbes que l’inverse

Suisse - L’OIM a publié, aujourd’hui, une étude révélant une tendance à la hausse des flux migratoires depuis l’Union européenne (UE) vers la région d’Amérique latine et des Caraïbes (ALC) et une tendance à la baisse des mouvements de personnes dans le sens opposé.

La nouvelle étude, intitulée « Itinéraires et dynamiques migratoires entre les pays d’Amérique latine et des Caraïbes (ALC) et entre l’ALC et l’Union européenne » explore les flux migratoires à l’intérieur de l’Amérique latine, des Caraïbes et de l’UE et entre ces régions, en se centrant plus particulièrement sur les mouvements de ces cinq dernières années.

« Au cours des quelques dernières années, les changements observés dans les flux entre les pays de l’ALC et de l’UE montrent, encore une fois, comment les flux s’adaptent naturellement à la fluctuation des réalités socioéconomiques et témoignent de leur potentiel en tant qu’outil d’adaptation et réponse aux crises économiques et structurelles », déclare Laura Thompson, Directeur générale adjointe de l’OIM.

L’étude montre que depuis 2010, et pour la première fois en 14 ans, davantage de personnes ont émigré depuis l’UE vers la région de l’ALC que l’inverse. En 2012, 181 166 ressortissants européens sont partis pour les pays de l’ALC, contre 119 000 ressortissants d’Amérique latine et des Caraïbes qui ont migré vers l’UE. Ce chiffre marque une baisse de 68% par rapport à 2007, lorsque le nombre de migrants de l’ALC émigrant vers l’UE avait atteint des sommets historiques.

L’Espagne est le pays de l’UE qui envoie le plus de migrants vers l’ALC, suivi de l’Italie, du Portugal, de la France et de l’Allemagne.

L’étude montre que le profil des migrants qui quittent l’UE pour l’ALC n’est pas forcément celui d’un migrant de retour. En réalité, l’étude confirme que peu de migrants de l’ALC retournent dans leur pays d’origine.

L’étude fait également observer un changement dans les stocks de migrants dans les pays de l’ALC. Les pays qui accueillaient historiquement le plus grand nombre d’immigrants européens, tels que l’Argentine, le Brésil et le Venezuela, voient diminuer le nombre de ressortissants de l’UE. Cependant, il y a une hausse marquée du nombre de ressortissants de l’UE au Chili, au Pérou, en Bolivie et en Equateur.

Les données révèlent qu’en 2013, 8 548 000 migrants internationaux vivaient dans l’ALC, soit un demi-million de plus qu’en 2010, et 2,5 millions de plus qu’en 2000. Aujourd’hui, il y a également plus de migrants de l’ALC vivant dans leur propre région que dans les pays de l’UE, confirmant ainsi que la nature de la majorité des flux migrations dans l’ALC est intra-régionale, avec pour principaux pays de destination l’Argentine, le Venezuela, le Costa Rica et la République dominicaine. Ce changement peut être en partie attribué à la crise économique que sévit dans l’UE.

S’agissant de l’émigration depuis l’ALC vers l’UE, les quatre pays qui envoient le plus de migrants restent le Brésil (23%), la Colombie (11%), le Pérou (9%) et l’Equateur (9%). Les migrants de l’ALC sont fortement concentrés dans seulement six pays de l’UE, avec un peu plus de la moitié d’entre eux en Espagne (53%). Les 41 autres pourcent vivent dans les pays de l’UE suivants : l’Italie (15%), le Royaume-Uni (9%), la France (7%), les Pays-Bas (6%) et le Portugal (4%). Seuls 6% de tous les migrants de l’ALC vivent dans d’autres pays de l’UE.

S’intéressant au lien entre la migration et le développement, l’étude montre que les femmes migrantes originaires de l’ALC ont un niveau d’emploi plus élevé que les hommes migrants dans quatre des principaux pays de destination de l’UE, à savoir l’Espagne, l’Italie, le Portugal et le Royaume-Uni.

En Espagne par exemple, le taux de chômage des femmes migrantes originaires de l’ALC est 12% plus faible que celui des hommes migrants de l’ALC. En outre, elles ont tendance à avoir un taux de chômage 10% inférieur à celui des femmes espagnoles. Ceci est particulièrement intéressant car les femmes réussissent à maintenir leur important rôle dans le développement de leur pays d’origine en envoyant des rapatriements de fonds.

Par ailleurs, l’étude analyse l’impact des cadres d’intégration aux niveaux régional et sous régional sur les flux migratoires du point de vue du développement et des droits de l’homme.

Publié avant le Sommet UE-CELAC qui s’ouvre le 10 juin, le rapport vise à servir d’outil politique et de référence pour permettre une meilleure compréhension des dynamiques, des caractéristiques et des tendances migratoires à l’intérieur des deux régions et entre elles.

L’étude est publiée dans le cadre du projet intitulé « Renforcer le dialogue et la coopération entre l’Union européenne (UE) et la région d’Amérique latine et des Caraïbes (ALC) en vue d’établir des modèles de gestion sur les politiques de migration et développement », financé par l’UE et mis en œuvre par l’OIM, en partenariat avec la Fondation internationale et ibéro-américaine pour l’administration et la politique publique (FIIAPP).

Elle sera présentée par l’auteur Rodolfo Cordova lors du séminaire « Migration UE-CELAC : vue d’ensemble et opportunités » organisé par la Commission européenne à Bruxelles le 22 juin 2015.

L’étude peut être téléchargée ici en espagnol : http://publications.iom.int/bookstore/index.php?main_page=product_info&cPath=41_7&products_id=1488

Pour plus d’informations, veuillez contacter Ana Eugenia Duran Salvatierra, siège de l’OIM à Genève, Tel: +41 22 717 93 82, E-mail: aeduran@iom.int, ou Monika Peruffo, Bureau régional de l’OIM à Bruxelles, Tel: +32 2 287 78 10, E-mail: mperuffo@iom.int