Communiqué
Global

Un atelier d’experts appelle à améliorer les données pour prévenir les décès pendant la migration en Afrique

« Sois courageux, frère », ce que l’on peut lire sur le mur d’une maison abandonnée à Dirkou, au Niger, le long de l’itinéraire de la Méditerranée centrale. OIM/Michele Bombassei.

Dakar – L’Afrique serait le continent où l’on recense le plus grand nombre de décès de migrants à travers le monde, pourtant la collecte de données sur les motifs, la fréquence et les détails de la mortalité des migrants reste insuffisante.

C’est l’une des conclusions d’une conférence de deux jours de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Sénégal, qui se termine aujourd’hui. La session de lundi a été organisée pour avoir un débat ouvert dans des domaines concrets de collaboration entre les acteurs qui travaillent sur la question des décès et disparitions de migrants en Afrique. Elle a débuté lundi à Dakar, avec la participation de plus d’une dizaine d’experts et de représentants d’organisations internationales, régionales et locales.

L’atelier intitulé Missing Migrants in Africa : Addressing Data and Knowledge Gaps on Migrants Deaths and Disappearances, a été organisé par le Centre mondial d’analyse des données sur la migration (CMADM) de l’OIM, au Bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Malgré les six années de travail de l’OIM sur cette question, le nombre de personnes ayant perdu la vie pendant leur périple migratoire en Afrique reste peu documenté. Les seuls chiffres disponibles, recueillis par le Projet de l’OIM sur les migrants disparus, montrent que près de 7 500 personnes sont mortes depuis 2014, dont 2 040 qui auraient trouvé la mort en migrant dans le désert du Sahara.

Des milliers d’Africains auraient péri parmi les près de 17 000 hommes, femmes et enfants disparus dans les eaux de la mer Méditerranée, itinéraire migratoire connu comme étant le plus meurtrier du monde. Toutefois, les corps d’environ les deux tiers de ces victimes ne sont pas retrouvés, ce qui rend impossible leur identification et la détermination de leur nationalité.

En outre, d’après Frank Laczko, Directeur du CMADM, ces chiffres seraient des sous-estimations car la grande majorité des décès sont recensés en fonction de témoignages oculaires non vérifiables. Des centaines de décès supplémentaires sont probablement non signalées ou sous-estimées, témoignant de l’invisibilité des migrants irréguliers et de l’indifférence du monde face à ce problème.

Les données incomplètes sur les décès et disparitions de migrants sont responsables de la sous-estimation du bilan de la migration dangereuse à travers le continent.

« De meilleures données sont nécessaires pour faciliter l’élaboration de politiques fondées sur des preuves et de mesures de protection pour prévenir de futures tragédies », a expliqué le Dr. Laczko. « En plus de mieux recenser le nombre de décès, il est nécessaire d’améliorer l’identification de ceux qui meurent, pour permettre aux familles de connaître le sort de leurs proches disparus. »

Combler les lacunes dans la collecte de données sur les migrants disparus nécessite un effort concerté d’un réseau plus large et diversifié d’acteurs clés participant à la collecte, au partage, à l’analyse et à la présentation des données sur les décès et disparitions de migrants.

« L’atelier à Dakar a fait participer des acteurs clés d’organismes internationaux, d’organisations non gouvernementales, de gouvernements et d’universitaires étudier comment améliorer la collecte, la gestion et l’échange d’informations entre les acteurs concernés et dans tous les secteurs », a ajouté Richard Danziger, Directeur régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Les connaissances engrangées lors de l’atelier éclaireront les futurs efforts de l’OIM pour répondre aux nombreux défis en matière de collecte d’informations sur les migrants disparus en Afrique. Ces efforts comprennent des projets pour établir des contrôles de données dans tous les bureaux régionaux, ainsi qu’un nouveau projet pilote de recherche centré sur les familles des migrants disparus afin de mieux comprendre leurs besoins.

Le Projet de l’OIM sur les migrants disparus recense les décès et disparitions de migrants le long des itinéraires migratoires à travers le monde. Aujourd’hui, le projet dispose de la seule base de données existante sur les décès pendant la migration à travers le monde. Toutefois, il est encore nécessaire d’élargir et d’améliorer la collecte de données dans de nombreuses régions du monde, en particulier en Afrique, où de nombreux experts ont déclaré que les migrants sont bien plus nombreux à mourir ou à disparaître que ce qui est actuellement recensé.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Julia Black, CMADM de l’OIM, Tel : +49 159 03447446, Email : jblack@iom.int ou Joel Millman, IOM Genève, Tel : +4179 103 8720, Email : jmillman@iom.int