Communiqué
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Récit d’une migrante somalienne victime de traite secourue en Libye

Somalie - Lorsque Fartuun*, 21 ans, a quitté le Somaliland il y a 15 mois, elle pesait 60 kilos. Aujourd’hui, à 25 kilos, elle est le pâle reflet de la jeune femme pleine de vie qui a quitté son pays en 2013 pour tenter sa chance en Europe. Aujourd’hui, elle est de retour chez elle après un calvaire en Arabie saoudite, en Egypte, et enfin en Libye.

« Fartuun est rentrée au Somaliland depuis la Libye accompagnée d’une escorte médicale de l’OIM car elle est paraplégique et ne peut plus marcher sans aide », a déclaré le Dr. Aladin Abukashim, de l’OIM en Libye.

Son sauvetage est aussi remarquable que les épreuves qu’elle a subies pendant son périple, caractérisé par un voyage dans le coffre d’une voiture sur une partie du périple, avant de voyager par bateau vers la péninsule arabe puis à travers le désert vers l’Egypte et la Libye.

Tout comme des milliers de jeunes Africains, cette bachelière et jeune mère pensait pouvoir trouver un emploi de femme de ménage en Europe et gagner assez d’argent pour financer ses études et réaliser son rêve de devenir enseignante.

En 2014, plus de 5 700 Somaliens avec des rêves similaires ont risqué leur vie en mer pour atteindre l’Italie à bord de petites embarcations depuis l’Afrique du Nord, un périple que les experts de la migration considèrent comme l’un des plus dangereux du monde.

Un nombre inconnu de migrants somaliens, erythréens et éthiopiens faisait partie des 3 279 migrants qui ont péri dans la Méditerranée, d’après « Fatal Journeys : tracking Lives Lost during Migration », un rapport publié dans le cadre du projet en cours de l’OIM sur les migrants disparus (mmp.iom.int)

« On pensait qu’elle plaisantait quand elle disait qu’elle voulait se rendre en Europe. Même si notre famille n’a pas tout, nous nous serions bien mieux occupés d’elle que ces hommes en Libye qui ont profité d’elle », a confié Suleiman**, frère de Fartuun.

Son calvaire a débuté en 2013, lorsqu’elle est tombée dans les mains d’un groupe de jeunes hommes issus d’un cercle de trafic d’êtres humains qui emmènent les jeunes du Somaliland en Arabie saoudite. Le voyage vers la Libye a duré environ 2 semaines, uniquement en présence d’autres Somaliens.

En Libye, les choses ont commencé à se dégrader. Elle a essayé de faire des petits boulots pour payer son voyage vers l’Europe mais avec la guerre civile sévissant dans le pays, la sécurité est devenue sa priorité. Les passeurs qui l’avaient emmenée en Libye ont commencé à s’impatienter et l’ont faite prisonnière.

« Ils ont confisqué ses documents de voyage et ont menacé de la signaler aux autorités si elle essayait de s’échapper. Elle a ainsi été retenue contre son gré pendant six mois, victime de violences répétées et a fini par tomber gravement malade », a déclaré un membre du personnel de l’OIM en Libye.

Le cas de Fartuun a été porté à l’attention de l’OIM lorsque sa mère, qui vit au Somaliland, a contacté l’OIM après avoir entendu une émission radio qui mettait en garde contre les dangers de la migration irrégulière. L’émission radio, financée par le Ministère norvégien de la justice et de la sécurité publique, fait partie d’une campagne d’information qui sensibilise les jeunes Somaliens aux dangers de la migration irrégulière.

Il a fallu un mois au personnel de l’OIM pour la trouver dans un hôpital surpeuplé de Tripoli, blessée et à l’article de la mort. Elle avait à charge d’énormes frais médicaux, qu’elle ne pouvait pas payer. En collaboration avec la police locale, l’OIM l’a fait déplacer vers un autre hôpital pour sa propre protection.

Les bureaux de l’OIM en Libye et en Somalie lui ont ensuite délivré des documents de voyage temporaires et ont organisé son évacuation depuis la Libye la semaine dernière, en passant par Istanbul, vers le Somaliland, où elle a retrouvé sa famille à Hargeisa.

La jeune mère était ravie d’être chez elle et l’OIM était tout aussi satisfaite.

« Je félicite mes collègues des Opérations en Somalie qui sont partis de rien et n’ont jamais abandonné lorsqu’ils avaient sentiment qu’ils ne la retrouveraient pas », a déclaré Mohamed Omer, du bureau de l’OIM à Hargeisa. « Je félicite également les collègues de l’OIM en Libye de n’avoir jamais baissé les bras. »

« J’aide des migrants à rentrer à Hargeisa depuis cinq ans dans ce même aéroport, mais je ne me suis jamais senti aussi ému », a ajouté Mohamed. « En accueillant sa fille, la mère pleurait et embrassait toutes les personnes avec un badge de l’OIM, ce fut l’un de mes plus grand moments de fierté au travail. »

“Comme le montre le projet sur les migrants disparus, des milliers de jeunes migrants originaires de la corne de l’Afrique (Ethiopiens, Somaliens, Erythréens) s’exposent à de terribles risques et alimentent la crise humanitaire. La hausse généralisée du nombre d’arrivées et de décès en mer dans la Méditerranée et dans la corne de l’Afrique met en évidence la forte demande de services de passeurs et la complexité et la rentabilité des réseaux criminels qui déplacent les migrants à travers les frontières. L’engagement et l’action entre les régions sont nécessaires pour protéger les migrants”, a déclaré Gerry Waite, chef de mission de l’OIM en Somalie.

L’aide au retour volontaire fournie à Fartuun a été financée par le projet régional NOAH II de l’OIM en Libye, qui répond aux flux migratoires changeants et à l’augmentation des vulnérabilités des migrants. NOAH II est parrainé par le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d’Etat américain.

*Nom changé pour protéger son identité

** Nom changé pour protéger son identité

Pour plus d’informations, veuillez contacter l’OIM en Somalie

Julia Hartlieb

Tel +254 731 988 846

Email: jhartlieb@iom.int

ou

Feisal Mohamud

Tel. +254 721 290 074

Email: famuhamud@iom.int