Communiqué
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Rapport de l'OIM : les migrants, épine dorsale de l'économie ukrainienne, ont besoin d’aide en pleine COVID-19

A Ukrainian border guard consults a migrant at the border with Hungary, a popular destination for migrant workers. Photo: State Border Guard Service of Ukraine  

Kiev - « Les migrants sont l'épine dorsale de l'économie ukrainienne », affirme Anh Nguyen, chef de mission de l'OIM en Ukraine. « Les envois de fonds privés vers l'Ukraine représentent plus de 10 pour cent du PIB, et une grande partie de cet argent provient des travailleurs migrants, ce qui permet à leurs familles de couvrir leurs besoins de base, notamment la nourriture, le loyer, l'éducation et les soins de santé ».

Aujourd'hui, l'OIM est préoccupée par les conditions impactant environ 350 000 à 400 000 travailleurs migrants ukrainiens qui sont rentrés chez eux suite à l'annonce de quarantaine ou de confinement dans leur pays de destination ainsi qu'en Ukraine même.

Comme le prévoit l'OIM en Ukraine dans une analyse récemment publiée, les conséquences des restrictions de voyage dues à la COVID-19 resteront extrêmement difficiles à évaluer, non seulement au niveau individuel, mais aussi aux niveaux local et national.

La Banque nationale d'Ukraine estime que la diminution des envois de fonds cette année atteindra au moins 2 milliards de dollars, ce qui aura des répercussions importantes sur l'ensemble des économies et des communautés locales.

Oleksii* est revenu en Ukraine à la mi-mars, dans la ville occidentale d'Oujgorod. Ce travailleur migrant fait partie des milliers de personnes coincées chez elles, sans emploi et sans possibilité de partir travailler à l'étranger en raison des restrictions de quarantaine dues à la COVID-19.

« J’espérais trouver rapidement un nouvel emploi en Hongrie, mais en quelques jours, la frontière a été fermée et je me suis retrouvé coincé ici sans argent, sans travail et sans aucune perspective », a-t-il expliqué. Avant cela, dit-il, il a été dupé.

« Ils m'avaient promis un salaire de 2 000 euros par mois lorsque je suis parti travailler sur un chantier privé à Vienne, mais ne me payaient que 50 euros par semaine », se souvient-il. « Après un mois, il s'est avéré que mon contrat n'était pas valable, et la police a dit que je devais quitter le pays ».

De nombreux migrants qui ont choisi de rester à l'étranger à mesure que la quarantaine progressait ont fait état de difficultés dues à la perte d'emploi ou à des complications liées à la prolongation des permis de travail et de séjour. Beaucoup ont également signalé l'incapacité d'accéder aux services sociaux.

Les travailleurs saisonniers ont également été touchés. Selon les estimations de l'OIM, au printemps dernier, entre 300 000 et 350 000 personnes n'ont pas pu retrouver un emploi à l'étranger.  En outre, étant donné que le marché du travail ukrainien n'était pas prêt à accepter toute cette main-d'œuvre, les migrants dépendaient souvent en grande partie de leurs économies.

La réponse de l'OIM comprend une aide humanitaire supplémentaire et des équipements pour le travail indépendant, la santé mentale et le soutien psychosocial pour les populations les plus touchées. L'OIM a fourni des équipements de protection individuelle aux gardes-frontières pour l’accueil des ressortissants ukrainiens en provenance de l'étranger ainsi que des civils traversant les points d'entrée et de sortie de la ligne de contact dans la zone de conflit à l’est de l'Ukraine.

Depuis mars 2020, la ligne téléphonique nationale gratuite de lutte contre la traite d’êtres humains et de conseil aux migrants, soutenue par l'OIM, reçoit en moyenne 1 000 appels par mois concernant les restrictions de circulation dues à la COVID-19.

« Le contexte actuel est également l'occasion de repenser la manière dont la migration peut être régie de manière plus efficace, au niveau mondial et en Ukraine. Ainsi, l’OIM est prête à aider le gouvernement ukrainien à envisager de faciliter les déplacements des travailleurs migrants de manière proactive et opportune vers les pays d'accueil, tout en respectant les règlements sanitaires nationaux et les recommandations de l'OMS », a déclaré Anh Nguyen, chef de mission de l’OIM en Ukraine.  

*Le nom a été changé pour protéger sa vie privée.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Varvara Zhluktenko à l'OIM Ukraine, Tél : + 38 044 568 50 15, +38 067 447 97 92, Email : vzhluktenko@iom.int