Communiqué
Global

Près de 200 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du Cameroun

Cameroun – Quelque 198 899 personnes, ou 35 360 familles, sont aujourd’hui déplacées dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, principalement en raison de l’insurrection de Boko Haram, d’après le cinquième rapport de la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’OIM.

Quelque 26 743 réfugiés non enregistrés supplémentaires (5 070 familles) et 36 068 Camerounais de retour (6 946 familles) ont également été identifiés par la DTM dans la région, tandis que plus de 59 000 réfugiés vivent actuellement dans le camp de réfugiés de Minawao.

Le déplacement a été déclenché par la violence qui s’est propagée depuis le nord-est du Nigéria au Cameroun et aux pays voisins. En novembre 2015, l’OIM a répondu à la nécessité de disposer d’informations précises et actualisées sur le déplacement dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun en déployant la DTM afin d’éclairer la réponse du gouvernement et de la communauté humanitaire.

Ce cinquième rapport de la DTM repose sur des données recueillies entre le 19 septembre et le 10 octobre 2016 dans 543 villages et six départements de la région de l’Extrême-Nord et sur des entretiens avec plus de 1 000 familles. Le rapport fournit des informations sur le nombre et la localisation des déplacés internes, sur les tendances et les processus du déplacement, sur les conditions socioéconomiques des déplacés et sur la démographie.

Le programme de la DTM est mis en œuvre en collaboration étroite avec les autorités locales, nationales et régionales ainsi qu’avec la communauté humanitaire. Sa méthodologie suppose la formation et le déploiement d’énumérateurs pour recueillir des informations directement au plus petit niveau de gouvernement local afin de fournir les informations les plus précises possibles sur le déplacement et la mobilité humaine.

Par rapport au précédent rapport de la DTM en août 2016, ces conclusions montrent une hausse de 10 pourcent du nombre de déplacés internes et une augmentation de 80 pourcent du nombre de réfugiés non enregistrés, ainsi qu’une hausse de 13 pourcent des Camerounais de retour. Depuis le premier rapport de la DTM au Cameroun, la population recensée a augmenté d’environ 30 pourcent.

Le déplacement dans la région de l’Extrême-Nord continue d’affecter les enfants de façon disproportionnée. Environ 67 pourcent des déplacés ont moins de 18 ans et la grande majorité des familles déplacées ont des enfants (98 pourcent).

« Les acteurs concernés continuent d’être témoins d’une intensification du déplacement qui appelle à fournir une aide d’urgence », a fait observer Roger Charles Evina, chef de mission de l’OIM au Cameroun. « Les efforts conjoints des autorités, des partenaires humanitaires et des donateurs restent vitaux pour garantir que les besoins primaires des populations touchées par la violence soient satisfaits », a t-il ajouté.

Près de la moitié de la population identifiée par la DTM (48 pourcent) réside actuellement dans le Département de Logone-et-Chari, à la frontière avec les Etats du Lac Tchad et de Borno au Nigéria. En tout, 90 pourcent de la population identifiée réside dans les départements frontaliers du Nigéria les plus touchés par l’insurrection de Boko Haram.

Environ 92 pourcent de la population déplacée a été déplacée par l’insurrection et 8 pourcent par les inondations et autres catastrophes naturelles. Quelque 45 pourcent de la population actuelle a été déplacée en 2016, contre 28 pourcent en 2015, 22 pourcent en 2014 et 5 pourcent avant 2014.

Le rapport de la DTM révèle également que la majorité des déplacés internes (72 pourcent) vivent dans des communautés d’accueil tandis que 15 pourcent vivent dans des logements en location. Neuf pourcent trouvent refuge dans des installations de fortune et 2 pourcent dans des centres collectifs. Les 2 pourcent restants vivent à ciel ouvert.

Dans le cadre de la DTM, l’OIM au Cameroun réalise des sondages sur les intentions de retour. Le deuxième sondage a eu lieu en octobre 2016 et a montré qu’environ 23 pourcent des déplacés avaient l’intention de retourner dans leur lieu d’origine tandis que 7 pourcent ont indiqué vouloir quitter leur zone de déplacement pour un autre lieu, et 71 pourcent ont fait part de leur intention de rester sur leur lieu de déplacement.

Les retours sont principalement limités par la peur et le traumatisme associés au conflit et au déplacement (46 pourcent), au sentiment de sécurité dans le village de déplacement (18 pourcent) et à la présence limitée des forces armées dans la zone d’origine (12 pourcent).

Les personnes interrogées ont déclaré qu’elles envisageraient de retourner chez elles si les forces de sécurité étaient présentes dans leur lieu d’origine (40 pourcent), si une aide humanitaire est fournie dans la zone d’origine (23 pourcent) et si l’accès aux services de bases s’améliore dans le lieu d’origine (14 pourcent).

Ce rapport de la DTM a été financé par le Service à l’aide humanitaire et à la protection civile (ECHO) de la Commission européenne.

Le rapport intégral de la DTM est disponible sur : http://www.globaldtm.info/cameroon/

Pour plus d’informations, veuillez contacter Roger Charles Evina, OIM Cameroun, Tel. +237 652 234 640, Email: revina@iom.int or dtmcameroon@iom.int