Communiqué
Global

Plus de 1 200 décès d’enfants migrants ont été recensés depuis 2014 mais ce chiffre est probablement « bien plus élevé »

Berlin - En 2015, la photo d’un petit garçon syrien retrouvé mort sur une plage de Turquie alors qu’il tentait d’atteindre la Grèce avait fait la une des médias à travers le monde. Depuis, de nombreux autres enfants sont morts en migrant mais l’ampleur réelle de ces tragédies reste inconnue en raison du manque cruel de données.

Depuis que l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, a commencé à recueillir des données par l’intermédiaire de son Projet sur les migrants disparus, elle a enregistré plus de 1 200 décès d’enfants migrants, dont près de la moitié ont péri en tentant de traverser la Méditerranée. Ce chiffre représente moins de 5 pourcent du nombre total de décès de migrants enregistrés durant cette période par l’OIM.

Le nombre réel est probablement bien plus élevé étant donné qu’environ 12,5 pourcent de tous les migrants ont moins de 18 ans et que le nombre d’enfants migrant à travers le monde a augmenté ces dernières années. Par exemple, environ un quart du million de migrants arrivés par la mer en Italie et en Grèce en 2015 étaient des enfants et, dans le cas de l’Italie, 72 pourcent d’entre eux étaient non accompagnés.

L’appel à l'action lancé hier par l’UNICEF, l’OIM, le HCR, Eurostat et l’OCDE met en exergue l’absence de données essentielles pour comprendre comment la migration affecte les enfants et leur famille et pour concevoir des politiques et des programmes répondant à leurs besoins. Les données sur les enfants qui se déplacent de manière irrégulière à travers les frontières et ceux qui sont portés disparus ou qui perdent la vie lors de leur périple sont particulièrement rares.

« Nous avons conscience qu’un nombre croissant d’enfants se déplacent et qu’ils sont nombreux à faire face à d’importants risques durant leur périple », a déclaré Frank Lackzo, Directeur du Centre mondial d’analyse des données sur la migration (CMADM) de l’OIM, qui dirige le Projet sur les migrants disparus. « Nous ne sommes capables d’estimer l’âge de la personne que dans environ 40 pourcent des cas de décès de migrants que nous enregistrons », a-t-il déclaré. « Il est extrêmement difficile de trouver des données ventilées par âge. »

Sur les 1 202 décès d’enfants migrants enregistrés par le Projet sur les migrants disparus, l’âge exact n’est communiqué que dans 21 pourcent des cas. Souvent, les sources ne mentionnent que le statut d’ « enfant » ou de « bébé » décédé, ce qui ne permet pas d’évaluer quels enfants migrants sont les plus vulnérables. Parmi les enfants dont l’âge était connu, la moyenne était de 8 ans au moment de leur décès. Cinquante-huit d’entre eux étaient des bébés de moins d’un an et 67 avaient entre 1 et 5 ans.

Même si la rareté des données sur les enfants migrants ne permet pas de dire quel itinéraire migratoire est le plus dangereux pour les enfants, les données disponibles indiquent que la traversée de la Méditerranée, notamment entre la Turquie et la Grèce, est particulièrement meurtrière. Au moins 396 migrants de moins de 18 ans sont morts en tentant de traverser la Méditerranée orientale depuis 2014, 164 ont été enregistrés dans la Méditerranée centrale et 16 sur l’itinéraire de la Méditerranée occidentale.

Toutefois, étant donné que moins de 20 pourcent des plus de 15 000 décès recensés sur ces itinéraires contiennent des informations sur l’âge, le récent rapport "Fatal Journeys" de l’OIM estime qu’au moins 1 300 enfants sont morts dans la Méditerranée depuis 2014.

A travers le monde, le Projet sur les migrants disparus a enregistré 137 décès d’enfants migrants en Afrique, 20 à la frontière Etats-Unis/Mexique et 18 sur les routes européennes. La grande majorité des décès se sont produits par noyade - 681 enfants sont morts en tentant de traverser une étendue d’eau, dont la plupart dans la Méditerranée et dans la Baie du Bengale. Soixante-huit enfants sont morts dans des accidents de la route ou par asphyxie dans des véhicules ; 50 en raison de leur exposition à des conditions extrêmes pendant leur périple ; 35 par la violence et 23 de maladie et de manque d’accès aux médicaments.

Quelque 803 des enfants morts enregistrés dans la base de données du Projet sur les migrants disparus étaient originaires d’Asie, notamment du Moyen-Orient, tandis que 171 provenaient de pays africains. Soixante-et-un d’entre eux provenaient du continent américain et l’origine des 167 enfants restants n’a pas pu être déterminée.

La collecte de données en plus grande quantité et de meilleure qualité sur les enfants migrants est extrêmement importante à un moment où les Etats s’interrogent sur la meilleure façon de parvenir à une migration plus sûre et plus ordonnée. Trouver de meilleurs moyens de mesurer et de documenter les décès d’enfants migrants est tout aussi important étant donnée l’inclusion de la migration et de l’âge dans le Programme mondial pour le développement durable à l’horizon 2030. D’après ce programme, les Etats ont convenu de travailler ensemble pour promouvoir une migration sûre, ordonnée et régulière et mettre fin aux décès d’enfants qui pourraient être évités.

« Nous savons que nos données sont incomplètes. En vérité, le nombre d’enfants qui meurent en migrant est bien plus élevé que nous l’imaginons. L’obtention de données de meilleure qualité pourrait aider à faire diminuer le nombre de telles tragédies à l’avenir et permettre aux familles d’identifier leurs proches », a conclu Julia Black, coordonnatrice du Projet sur les migrants disparus.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Julia Black, OIM CMADM, Tel : +49 30 278 778 27, Email : jblack@iom.int; Joel Millman, siège de l’OIM, Tel : +41 79 103 8720, Email : jmillman@iom.int