Communiqué
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L'OIM demande un soutien accru aux familles de migrants disparus en route vers l'Espagne

Un jeune homme raconte à l'équipe de recherche la disparition de son frère aîné lors de son périple migratoire vers l'Espagne il y a plusieurs années. Photo: OIM

Berlin - Plus de 9 100 personnes sont mortes le long des itinéraires de migration irrégulière vers l'Espagne depuis 1988, selon les données recueillies par le Projet de l'OIM sur les migrants disparus et l'Association andalouse pour les droits de l'homme (APDHA). La grande majorité d'entre eux ont disparu en mer et leurs corps n'ont jamais été retrouvés. D'autres ont été enterrés, sans être identifiés, dans des tombes anonymes.

Leurs familles sont laissées sans nouvelles et tentent tant bien que mal de trouver des réponses qu’ils n’auront peut-être jamais.

L’étude publiée aujourd'hui par le Centre mondial d'analyse des données sur la migration (CMADM) de l'Organisation internationale des migrations (OIM) et le projet sur les migrants disparus a révélé que les familles de migrants disparus le long des itinéraires de migration irrégulière vers l'Espagne sont confrontées à de multiples obstacles dans leurs efforts pour retrouver leurs proches disparus. La plupart des familles doivent faire face à ces difficultés elles-mêmes, car il n'existe pas de programmes spécifiques pour les aider.

« La disparition de personnes au cours d'un périple migratoire a un impact dévastateur sur les parents et les proches, qui peut durer toute une vie - en particulier si le sort et le lieu où se trouvent les personnes disparues ne sont jamais établis », a déclaré Frank Laczko, Directeur du CMADM de l'OIM à Berlin.

L'étude, menée en collaboration avec Gabriella Sanchez, coordonnatrice de recherche du projet de l'OIM, et Carlos Arce, de l'Université de Cordoue, a révélé que les familles de migrants disparus en Espagne n'étaient pas en mesure de signaler la disparition de leurs proches en raison de l'absence d'un organisme ou d'une entité centralisé dans le pays pour gérer les cas de migrants disparus.

Certaines familles vivant en Espagne hésitaient à signaler la disparition de leurs proches en raison de leur statut d'immigrant et de la précarité qui y est associée. D'autres avaient contacté diverses autorités mais n'avaient obtenu aucune réponse. Quelques familles ont déclaré avoir été victimes d'escroqueries et de fraudes visant à leur soutirer de l'argent en échange d'informations. D'autres, dans les pays d'origine, ont déclaré ne pas pouvoir se rendre en Espagne pour y effectuer des recherches, compte tenu des conditions strictes en matière de visa.

« Vous savez, au fur et à mesure que le temps passe, on n’a pas de nouvelles. Nous voulons juste savoir s'il est mort ou vivant. Nous voulons juste savoir quelque chose », a confié Mohammed, un Marocain vivant en Espagne, qui est à la recherche de son frère aîné disparu. « C'était mon frère préféré. Je l'ai toujours admiré. Je suis toujours à sa recherche. »

La crise humanitaire actuelle des décès et disparitions le long des routes migratoires vers l'Espagne et l'Europe met largement en évidence la nécessité d'améliorer les mécanismes de recherche et d'identification des migrants disparus et décédés, et d’apporter des réponses à leurs familles. Si la priorité est de fournir une aide humanitaire d’urgence à ceux qui arrivent irrégulièrement en Espagne, la recherche des personnes disparues et l'identification des défunts sont également des devoirs humanitaires.

Le rapport reconnaît les efforts et l'engagement de longue date de l'Espagne pour sauver des vies en mer et suggère des moyens pour compléter ces efforts par des actions supplémentaires pour aider les familles de ceux qui disparaissent au cours de leur périple à trouver des réponses. Les conclusions de l’étude sont destinées à contribuer à la mise en œuvre de l'objectif 8 du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui appelle les Etats à sauver des vies et à mettre en place une action internationale coordonnée pour les migrants disparus, à identifier ceux qui sont morts ou disparus, et à faciliter la communication avec les familles concernées. L'OIM appelle les Etats à honorer leurs engagements au titre du Pacte mondial sur les migrations et à prendre des mesures urgentes pour mettre en place des mécanismes permettant aux familles de migrants disparus d’obtenir des réponses sur le sort de leurs proches.

 

Retrouvez le nouveau rapport « Families of missing migrants: Their search for answers, the impacts of loss and recommendations for improved support » ici (en anglais).

« Living without them – Stories of families left behind » est une série de podcasts en 4 parties produite par l'OIM sur le projet de recherche avec les familles de migrants disparus. Ecoutez le quatrième épisode sur les histoires des familles de migrants disparus en Espagne ici.
 

Pour plus d'informations, veuillez contacter :

A Berlin : Jorge Galindo, Email : jgalindo@iom.int, Tel : +49 160 179 1536
A Madrid : Oussama Elbaroudi, Email : ouelbaroudi@iom.int, Tel : +34 915 943 670
À Bruxelles : Ryan Schroeder, Email : rschroeder@iom.int, Tel : +32 (0) 492 25 02 34
A Genève : Safa Msehli, Email : smsehli@iom.int, Tel : +41 79 403 5526