Communiqué
Global

L’insécurité croissante à Tripoli menace les civils déplacés et les migrants en raison des affrontements armés

The joint Rapid Response Mechanism launched by IOM, UNFPA, WFP and UNICEF, has reached so far 18,210 individuals with much-needed core relief items. Photo: IOM

Genève - L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) est préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire à Tripoli et dans les zones voisines. 

D’après la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’OIM en Libye, plus de 66 000 personnes déplacées, soit environ 13 310 familles, ont été déplacées des zones touchées à Tripoli depuis le début du conflit armé le 4 avril. Les chiffres du déplacement qui augmentent rapidement sont inquiétants car les affrontements s’intensifient en l’absence d’un cessez-le-feu humanitaire. L’outil de suivi de l’urgence de la DTM, activé le 5 avril, aide à identifier les situations de déplacement et à consolider et diffuser des informations essentielles que l’OIM utilise pour les interventions plus larges de la communauté humanitaire. 

La situation est particulièrement inquiétante pour plus de 3 300 migrants, dont des enfants et des femmes. 

« Bien que nos équipes sur le terrain continuent de fournir une aide humanitaire d’urgence aux populations touchées par le conflit, nous reconnaissons qu’il reste beaucoup à faire à tous les niveaux pour garantir la sécurité des civils », a déclaré Othman Belbeisi, chef de mission de l’OIM en Libye. « Nous sommes préoccupés par la détérioration dramatique de la situation humanitaire à Tripoli et réitérons qu’il est urgent de mettre fin à la détention des migrants en Libye et au déplacement. » 

Le 10 mai, un bateau de migrants parti de Zouara a chaviré au large des côtes tunisiennes et 59 personnes sont mortes, ce qui porte le bilan mortel le long de l’itinéraire de la Méditerranée centrale à 316 à ce jour cette année, et 502 tous itinéraires méditerranéens confondus. Depuis le début des affrontements, 871 migrants ont été rapatriés en Libye et placés en détention, portant le nombre total de migrants rapatriés en Libye à 1 930 cette année. 

L’OIM est préoccupée par le retour des migrants vers un port non sûr et par leur déplacement dans des centres de détention souvent surpeuplés, dans des conditions qui ne sont pas acceptables. Bien que nous fournissions une aide médicale, des articles non alimentaires et une aide au retour humanitaire volontaire aux migrants souhaitant rentrer chez eux, nous répétons que l’OIM ne peut garantir la protection des migrants détenus et continuons d’appeler à rapidement mettre fin à la détention. 

Malgré les problèmes de sécurité, les interventions d’urgence de l’OIM se poursuivent dans 11 centres de détention à l’intérieur et autour de Tripoli, et dans les lieux où se trouvent des familles déplacées et à travers la Libye. Depuis le 4 avril, 1 402 migrants sont retournés vers 19 pays d’origine avec le soutien du Programme de retour humanitaire volontaire de l’OIM. 

Le Mécanisme conjoint de réponse rapide lancé par l’OIM, le FNUAP, le PAM et l’UNICEF a aidé, à ce jour, 18 210 personnes nécessitant des articles de secours essentiels. En outre, 2 511 migrants et déplacés internes ont reçu une aide médicale, dont 58 transferts hospitaliers. 

D’après l’OIM en Tunisie, la tragédie de vendredi a commencé à environ 60 kilomètres des eaux tunisiennes le 7 mai, lorsqu’une embarcation transportant 75 migrants, principalement des Bangladais, a tenté d’atteindre l’Europe. Dans la nuit du 9 mai, des pêcheurs tunisiens ont pu secourir 16 personnes de l’embarcation surchargée. Les unités navales tunisiennes continuent de rechercher des informations sur le périple. A ce jour, seuls trois corps ont été repêchés. L’une de ces victimes a été identifiée. 

Les autorités tunisiennes ont amené quatre rescapés à l’hôpital de Zarzis, où deux restent dans un état critique. Parmi eux, 14 sont bangladais (dont deux mineurs non accompagnés), un est égyptien, et un est marocain. Ceux qui n’ont pas été hospitalisés ont été accueillis par le Croissant-Rouge tunisien. 

Un second sauvetage s’est déroulé samedi 11 mai. Des pêcheurs tunisiens ont secouru soixante-neuf migrants, dont des Marocains, des Erythréens, des Somaliens, des Bangladais et un Egyptien. Parmi eux se trouvaient quatre femmes et au moins 25 mineurs, dont des enfants âgés de trois à sept ans. 

Les 69 migrants secourus, qui ont depuis été transférés à Sfax, auraient quitté la Libye le 7 mai, au même moment où le bateau en perdition serait parti. 

Les équipes de l’OIM se sont mobilisées pour fournir une aide médicale, psychosociale et alimentaire aux rescapés. « Il est essentiel de mettre en place des mécanismes efficaces pour répondre aux urgences humanitaires, qui sont majoritairement des tentatives de traversée irrégulière de la Méditerranée », a déclaré Lorena Lando, chef de mission de l’OIM en Tunisie. Nous devons agir maintenant et ensemble », a-t-elle ajouté. 

Du 9 au 12 mai, les garde-côtes tunisiens et les unités navales ont réalisé des opérations de prévention qui ont fait échouer des tentatives de traversées irrégulières depuis Sfax, Sousse, Monastir, Bizerte et Tunis, avec plus de 100 migrants au début de la saison. 

Le décès de 37 Bangladais à bord d’un bateau ayant sombré dans la Méditerranée est le dernier événement tragique impliquant des travailleurs migrants originaires de ce pays d’Asie du Sud.

« Il est déplorable de voir que les migrants continuent de mourir dans la Méditerranée en tentant d’entreprendre de dangereux périples », a déclaré Giorgi Gigauri, chef de mission de l’OIM au Bangladesh. « Le manque de connaissances sur la migration sûre, la violence dans les pays d’accueil et l’influence d’intermédiaires conduisent les Bangladais à faire des choix de migration risqués. La protection des droits des migrants aussi bien dans leur pays d’origine que dans les pays de destination doit être garantie. »

Chaque année, des milliers de Bangladais migrent à la recherche d’un emploi ou de possibilités au Moyen-Orient ou en Europe, ce qui en fait l’un des principaux pays d’origine des travailleurs migrants. Beaucoup n’ont pas les moyens de financer le voyage ou le visa et se retrouvent entre les mains de passeurs qui organisent leur transport en échange de travail forcé et d’autres pratiques d’exploitation. Les migrants finissent par payer en moyenne entre 5 000 et 7 000 dollars pour leur périple. Comme le montre la récente catastrophe, les conditions de sécurité à bord des embarcations des passeurs ne sont pas aux normes.

La tragédie est enracinée dans la pauvreté et les possibilités économiques limitées dans le pays d’origine, explique Chissey Mueller, responsable du Programme de l’Unité de protection de l’OIM à Cox’s Bazar. « Lorsque les gens n’ont pas l’accès ou les moyens de migrer légalement avec un visa, un passeport et un billet d’avion, ils prennent souvent des risques », a-t-elle expliqué.

« Le simple renforcement des contrôles aux frontières n’est pas suffisant pour remédier au problème », poursuit Mme Mueller. « L’amélioration continue des causes socioéconomiques sous-jacentes au Bangladesh doit être renforcée. Sans cela, comme dans de nombreux autres pays, il y aura toujours des personnes de ce pays de 160 millions d’habitants prêtes à tout risquer pour des possibilités à l’étranger. » 

Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Safa Msehli, OIM Tripoli, Tel : +216 22 214 842, Email : smsehli@iom.int
George McLeod, OIM Bangladesh, Tel : + +880 18 7071 8078, Email : gmcleod@iom.int
Myriam Chabbi, OIM Tunisia, Tel :  +216 28 78 78 05 (mobile) bureau : +216 71 860 312 EXT. 109, Email: mchabbi@iom.int