Communiqué
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L'escalade du conflit à Ma'rib déplace 8 000 Yéménites en deux semaines

Les personnes déplacées transportent plusieurs biens familiaux depuis un site de déplacement à Sirwah, Marib, vers un autre en quête de sécurité. Photo : OIM/Elham Al Oqabi

Ma'rib - L'intensification des hostilités dans le gouvernorat de Ma'rib, au Yémen, a entraîné le déplacement d'au moins 8 000 personnes ces dernières semaines, ce qui porte le nombre total de déplacements dans cette partie du pays à plus de 116 000.

Les partenaires humanitaires estiment que 385 000 autres personnes pourraient également être déplacées si la ligne de front continue à se déplacer, en plus des centaines de milliers de personnes supplémentaires dans la ville même de Ma'rib qui pourraient être touchées par les affrontements. Les partenaires avertissent qu'une telle évolution mettrait les ressources humanitaires à rude épreuve, bien au-delà de ce que les équipes dans la région sont actuellement en mesure de faire.

Le dernier épicentre de la violence est Sirwah, un district montagneux du gouvernorat de Ma'rib. Le district accueille environ 30 000 personnes déplacées dans au moins 14 sites de déplacement, dont trois ont été directement touchés par les affrontements de ces dernières semaines, y compris un qui a été complètement vidé des personnes déjà déplacées fuyant à nouveau pour se mettre en lieu sûr.

« Les sites de déplacement devraient être des refuges », a déclaré John McCue, le chef de mission adjoint de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Yémen. « Tous les civils - y compris les personnes déplacées - doivent être protégés des affrontements. La communauté locale de Ma'rib a longtemps accueilli des personnes déplacées vulnérables, mais aujourd'hui la situation est bien au-delà de ce qu'elle peut gérer à elle seule ». 

On estime que 50 pour cent des personnes déplacées par les affrontements à Sirwah sont des femmes, tandis que 30 pour cent sont des enfants. Leurs besoins les plus urgents sont l'hébergement, l'eau et l'assainissement, la santé et la nourriture. 

« Il y a quatre jours, il y a eu des explosions au-dessus de nos têtes, nous avons donc fui vers une zone où nous sommes restés deux jours avant de venir ici (Al Rawda) », a expliqué Saliha, une femme âgée déplacée qui a été forcée de quitter un site de déplacement à Sirwah. 

« Nous avons dû fuir pour sauver notre peau et nous n’avons rien pu emporter avec nous », dit-elle, expliquant qu'elle est seule pour s'occuper de son fils de 40 ans atteint d’un handicap mental. « J'ai demandé à des gens d'essayer de m’apporter certaines affaires ici, mais rien n'est encore arrivé. Je n'ai pas encore monté ma tente, car je suis une vieille femme et j'ai besoin d'aide. Ces dernières nuits, j'ai dormi comme invitée dans la tente de mes voisins ; je mange aussi avec eux. Ils vivaient déjà ici quand nous sommes arrivés ».

« Je ne crains plus la mort. Je suis fatiguée de vivre. Mais j'ai peur d'être blessée ou handicapée parce que je n'ai personne pour s'occuper de moi et je crains que l'état de mon fils ne s'aggrave », a ajouté Saliha, au son d'une explosion à proximité. 

La majorité des nouveaux déplacés vivaient dans des sites de déplacement - certains ont même déclaré avoir emporté leurs abris avec eux vers leurs nouveaux lieux de résidence - et sont actuellement déplacés dans le district de Sirwah. Cependant, beaucoup de ces personnes prévoient de se déplacer plus à l'est vers la ville de Ma'rib, en raison de la situation instable et des inquiétudes concernant leur sécurité.

En 2020, les déplacements vers et dans Ma'rib représentaient les deux tiers de tous les déplacements au Yémen. Avant cela, l'OIM avait enregistré environ 800 000 personnes déplacées vivant à Ma'rib, les besoins humanitaires étaient donc déjà extrêmement élevés. 

Les autorités locales les aident de toutes les manières possibles, tandis que la communauté humanitaire travaille sans relâche pour répondre à la crise du déplacement actuelle. 

« L'OIM et ses partenaires sont en train d'augmenter l’aide humanitaire ; cependant, d'importantes lacunes subsistent. Avec un si grand nombre de personnes déplacées, il est impossible pour les partenaires de répondre à des besoins autres que les besoins les plus urgents. Une présence et des ressources humanitaires plus importantes sont nécessaires de toute urgence », a déclaré M. McCue de l'OIM.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Olivia Headon, OIM Yémen, Tel : +967730552233, Email : oheadon@iom.int