Communiqué
Global

Les retours forcés de masse depuis le Pakistan vers l’Afghanistan submergent les frontières et épuisent les ressources

Le personnel de l’OIM distribue des cartes d’assistance aux Afghans de retour via le passage frontalier de Spin Boldak Photo : OIM 2023/M.Osman Azizi 

Torkham, Spin Boldak – L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et ses partenaires humanitaires fournissent une aide essentielle aux points de passage entre le Pakistan et l’Afghanistan en réponse au retour forcé de centaines de milliers d’Afghans.  

Selon les derniers chiffres de l’OIM, près de 375 000 Afghans ont quitté le Pakistan ces deux derniers mois, principalement via les passages frontaliers de Torkham et Spin Boldak. 

Le nombre de passages frontaliers a fortement augmenté, passant de 200 à 17 000 par jour depuis que le « Plan de rapatriement des ‘étrangers illégaux’ » du Pakistan a fixé la date du 1er novembre pour le « retour volontaire » de tous les Afghans sans papiers au Pakistan vers leur pays d’origine. 

« Leur situation est désespérée ; la plupart des personnes nous ont raconté avoir été contraintes de quitter le pays et d’abandonner leurs affaires et leurs économies », a déclaré Maria Moita, cheffe de mission de l’OIM en Afghanistan.  

« Les personnes arrivant en Afghanistan sont extrêmement vulnérables et ont besoin d’un soutien immédiat à la frontière ainsi qu’un soutien à long terme dans leurs régions de retour. Il s’agit d’une crise humanitaire considérable et des fonds urgents sont indispensables pour continuer à fournir une aide immédiate à l’arrivée pour assurer un retour en toute sécurité et dans la dignité. » 

L’aide essentielle comprenant les abris, l’eau, l’assainissement, les articles ménagers de première nécessité, les soins de santé, les services de protection et de nutrition, ainsi qu’une aide en espèces pour couvrir les besoins de base, le transport et la nourriture est fournie par le consortium frontalier dirigé par l’OIM.  

« J’étais tellement paniquée, ces cinq nuits que j’ai passées avec mes filles en route vers Kandahar m’ont totalement détruite », confie Aliya, 32 ans, mère de deux enfants. « Nous avons été prises en charge à la frontière mais il y a tellement de gens en même temps, c’est très difficile. » 

Le nombre sans précédent et croissant de retours forcés quotidiens nécessite l’établissement de centres d’accueil plus grands où les Afghans de retour attendent une assistance avant de pouvoir se diriger vers leurs régions de retour prévues. 

Le consortium frontalier a lancé un appel initial pour soutenir les opérations aux frontières. La montée en flèche du nombre d’arrivées et le niveau de vulnérabilité des personnes de retour nécessiteront une révision de l’appel et des ressources supplémentaires. 

La situation pour les femmes et les filles en Afghanistan est particulièrement difficile et il est fort probable que les besoins augmentent à l’approche de l’hiver. La communauté internationale doit accroître son soutien à un moment où le financement pour la population afghane diminue rapidement. 

Après des décennies de conflit, d’instabilité et de crise économique, l’Afghanistan aura du mal à absorber le nombre élevé de familles de retour, dont bon nombre ne vivaient plus dans le pays depuis des décennies, voire n’y ont jamais vécu. Avec déjà plus de six millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, les Afghans de retour du Pakistan font face à un avenir précaire et incertain.  

L’Afghanistan est le troisième pays au monde qui compte le plus de déplacés internes. Un nouveau rapport de l’OIM et de l’Université de Georgetown publié aujourd’hui à Berlin a conclu qu’un logement décent pour les déplacés internes était essentiel pour assurer leur indépendance économique et réduire leur dépendance à l’aide humanitaire. Le rapport est disponible ici.  

L’OIM est reconnaissante du soutien des partenaires du consortium qui se sont mobilisés en Afghanistan, ainsi que de ses donateurs qui ont permis une réponse rapide à l’augmentation massive des retours. Ensemble, nous réitérons notre appel à tous les pays pour qu’ils suspendent les retours forcés de ressortissants afghans dans l’immédiat et à plus long terme.  

***

Pour plus d’informations, veuillez contacter :  

A Genève : Itayi Viriri, iviriri@iom.int, +41 79 554 04 43  

A Kaboul : Léo Torréton, ltorreton@iom.int, +93 79 320 6074