Communiqué
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Les rapatriés éthiopiens racontent les calvaires de la migration irrégulière

Arrivée de migrants à l’aéroport international de Bole à Addis-Abeba.

Addis-Abeba - Après avoir été bloqués au Yémen, un groupe de 280 Ethiopiens ont été rapatriés chez eux mercredi et jeudi (10 et 11 juillet) avec le soutien de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les rapatriés font partie d’un important groupe de migrants éthiopiens rapatriés depuis le Yémen dans le cadre d’une opération d’aide au retour humanitaire volontaire de l’OIM qui a débuté en mai 2019. 

L’OIM a rapatrié 2 742 Ethiopiens en tout sécurité au cours des 50 derniers jours avec le financement du Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d’Etat américain à travers le Plan de réponse régionale à la migration (RMRP). 

Ahmed* est l’un migrants de retour. « Quand j’ai quitté ma ville natale de Wollo et ai décidé de migrer en Arabie saoudite, je n’ai jamais pensé que je rencontrerais autant de difficultés », a déclaré le jeune homme de 16 ans en décrivant son calvaire. 

Cet adolescent a confié avoir été témoin d’actes de torture et d’extorsion, qui restent gravés dans sa mémoire. Après avoir quitté la maison sans la permission de ses parents, il a connu des difficultés qui ont fini par le faire changer d’avis sur la poursuite de son périple. 

« Quand les passeurs vous parlent d’offres d’emploi et de la vie que vous pourriez avoir ailleurs, on dirait un rêve, mais cela n’est pas la réalité », a-t-il déclaré, racontant comment il a quitté l’école à 13 ans pour travailler. 

« Je ne connaissais rien de la torture et de l’extorsion qui avaient lieu. Au final, ma famille a dû contracter un emprunt auprès de proches à l’étranger pour payer les 30 000 birrs (1 000 dollars) demandés pour ma libération. » 

Malgré les difficultés qu’il a rencontrées, Ahmed fait partie des chanceux à être revenus en bonne santé. Mohammed, 22 ans, n’a pas eu cette chance car il est revenu en Ethiopie avec une jambe en moins, après avoir survécu à une blessure par balle presque fatale au Yémen. 

Se tenant à ses béquilles en attendant d’être enregistré avec d’autres rapatriés au Centre de transit de l’OIM à Addis-Abeba, il a confié être désormais plus inquiet de rentrer chez lui et de retrouver sa famille. 

« J’ai déjà informé ma famille de mon état. Ils m’ont dit qu’ils aimeraient que je rentre. Mais sans argent ou source de revenu, je ne vois pas comment je pourrais gagner ma vie. Si je pouvais recevoir de l’aide pour ouvrir une petite boutique que je peux gérer, cela m’aiderait », a-t-il déclaré. 

« L’une des principales difficultés que nous rencontrons est le financement limité pour les programmes visant à réintégrer durablement les rapatriés et faire face aux causes profondes de la migration irrégulière dans les zones à risque », a expliqué Malambo Moonga, responsable de la gestion des migrations à l’OIM en Ethiopie. 

« Les possibilités d’emploi et de moyens de subsistance limitées chez eux font de la migration irrégulière vers le Moyen-Orient en passant par le Yémen déchiré par la guerre une solution viable pour les jeunes en Ethiopie », a-t-il déclaré, soulignant la difficulté à remédier à la migration irrégulière depuis l’Ethiopie. 

L’Unité de gestion des migrations de l’OIM en Ethiopie emploie généralement plusieurs méthodes pour sensibiliser aux dangers de la migration irrégulière et aux possibilités de moyens de subsistance disponibles dans le pays, comme le programme de conversation communautaire. Pourtant, de nombreux jeunes Ethiopiens continuent d’être appâtés par des passeurs qui leur racontent comment ils peuvent facilement changer de vie en migrant au Moyen-Orient. 

« J’ai été approché par le passeur et il m’a dit que la situation au Yémen était tranquille. J’ai dû me rendre compte par mes propres yeux que ce n’était pas le cas », a confié Idris, rapatrié de 23 ans. 

Originaire d’Asela, ce jeune homme a décidé de partir pour le Royaume d’Arabie saoudite pour trouver du travail. Cependant, son périple n’a pas été aussi productif car il a dû demander à sa femme de vendre leur bétail pour payer son voyage et revient aujourd’hui les mains vides.

Malgré seulement quelques bleus, Idris est tout de même content d’être rentré chez lui en vie.

« J’ai été battu avec un bâton et mon dos me fait encore mal. Ils demandaient l’hawala (rançon). J’ai vu des migrants perdre leurs yeux et trois sont morts. Alors je me sens vraiment chanceux d’être rentré vivant. » 

*Les noms des rapatriés ont été changés pour conserver leur anonymat. 

Pour plus d’informations, veuillez contacter Alemayehu Seifeselassie, OIM Ethiopie, Tel : +251911639082, Email : salemayehu@iom.int