Communiqué
Global

Les migrants disparus en Libye sont sources de sérieuse inquiétude

IOM Libya staff last week provided food and water to hundreds of migrants returned to Tripoli by the coast guard. Photo: IOM/2020

Genève - L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) exprime son inquiétude concernant le sort de centaines de migrants ramenés en Libye par les garde-côtes cette année, et qui sont aujourd’hui introuvables.

D’après les récents chiffres du gouvernement, environ 1 500 personnes sont actuellement détenues dans 11 centres dirigés par la Direction contre la migration illégale (DCIM), dont certaines depuis plusieurs années. C’est le chiffre le plus bas depuis octobre 2019.

Toutefois, en 2020, au moins 3 200 hommes, femmes et enfants à bord de bateaux à destination de l’Europe ont été secourus ou interceptés par les garde-côtes et ramenés dans ce pays d’Afrique du Nord déchiré par la guerre. La plupart d’entre eux finissent dans des centres de collecte de données et d’enquête ou dans des centres de détention informels. L’OIM n’a pas accès à ces centres.

Malgré de nombreuses requêtes, les autorités libyennes n’ont fourni aucune information sur la localisation géographique de ces personnes ou sur les motifs de leur détention dans des centres non officiels. 

« Le manque de clarté sur le sort de ces personnes disparues est source de sérieuse inquiétude », a déclaré le porte-parole de l’OIM, Safa Msehli. « Nous avons connaissance de nombreux témoignages directs de maltraitance au sein des systèmes de détention officiels et informels en Libye. »

De nombreux témoignages crédibles de communautés de migrants en contact avec l’OIM affirment que les détenus sont remis à des passeurs et torturés pour exiger des rançons à leurs familles, traitements qui ont été largement étayés par les médias et les agences des Nations Unies par le passé.

L’OIM appelle le gouvernement libyen à clarifier le sort de toutes les personnes disparues et à remanier le système de détention afin de mettre fin à la détention arbitraire. Le démantèlement de ce système doit être une priorité, au même titre que l’établissement d’alternatives garantissant un niveau de sécurité minimum.

Au cours de la seule semaine passée, au moins 800 personnes sont parties de Libye pour tenter de traverser vers l’Europe. Près de 400 ont été ramenées en Libye, ont retardé le débarquement pour des raisons de sécurité, puis ont été détenues. Au moins 200 d’entre elles se sont retrouvées dans des centres non officiels et sont aujourd’hui introuvables.

Bon nombre de ceux qui ont atteint les eaux internationales et la zone de recherche et de secours maltaise se sont retrouvés bloqués en mer, à bord d’embarcations fragiles et hors d’état de naviguer pendant des jours sans être secourus. La mort ou disparition en mer d’au moins 12 personnes a été confirmée.

L’OIM s’inquiète de la détérioration de la situation humanitaire en Libye et réitère qu’il est inacceptable pour les personnes secourues en mer d’être ramenées vers des situations de maltraitance, de traite et de guerre. L’Organisation réitère son appel à l’Union européenne à prendre des mesures urgentes afin d’établir un mécanisme de débarquement clair et rapide pour mettre fin aux retours en Libye.

Nous rappelons aux Etats que sauver des vies est la priorité absolue et que l’on doit répondre aux appels de détresse conformément au droit international. La COVID-19 n’est pas une excuse pour sacrifier des droits internationaux durement acquis et renoncer aux obligations des Etats envers les personnes vulnérables.

Actualisation de la situation maritime en Libye - 1er au 15 avril 

Pour plus d’informations, veuillez contacter Safa Msehli, OIM Genève, Tel. +41 76 613 3175, email : smsehli@iom.int