Communiqué
Global

Le Yémen compte plus de 100 000 déplacés internes en 2020, la COVID-19 apparaît comme une nouvelle cause

A father stands with his children outside their tent in a displacement site outside Marib city, the family was displaced in March to Marib from another displacement site which became dangerous as the conflict got closer to them. Photo: Olivia Headon

Aden - Près de six ans ont passé, mais le conflit au Yémen continue de faire rage. A ce jour en 2020, plus de 100 000 personnes ont été contraintes de fuir, principalement en raison des combats et de l'insécurité. Cependant, la COVID-19 commence à apparaître comme un nouveau motif de déplacement interne dans le pays. 

Entre le 30 mars et le 18 juillet, la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a enregistré plus de 10 000 déplacements internes dus à la COVID-19, le plus souvent liés à la crainte de contracter le virus et à l'impact de l'épidémie sur les services et sur l'aggravation de la crise économique.

« La situation au Yémen est tellement désastreuse - en particulier dans des endroits comme Aden où les hôpitaux refusent les cas suspects et où les médias montrent malheureusement qu'un grand nombre de tombes ont été creusées - que les familles quittent maintenant les lieux sensibles où sévit le virus », a déclaré Christa Rottensteiner, chef de mission de l'OIM au Yémen.

« Les communautés déplacées au Yémen sont les plus touchées par le conflit. Nous voyons maintenant que l'épidémie de COVID-19 a un impact négatif énorme sur elles », a-t-elle ajouté.

L'épidémie ainsi que le manque de financement massif posent des problèmes majeurs à la communauté humanitaire qui œuvrent en vue d’aider les déplacés internes vivant dans des sites informels surpeuplés avec un accès limité aux services essentiels.

Le nombre officiel de cas de COVID-19 au Yémen reste faible. Cependant, étant donné la capacité limitée de dépistage et les inquiétudes de la population locale quant à la recherche d'un traitement, la communauté humanitaire travaille en partant de l'hypothèse que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés.

Les rapports faisant état d'une augmentation des cas et des décès dans les communautés du pays confirment cette hypothèse. Les personnes déplacées commencent maintenant à citer l'épidémie comme le motif de leur déplacement.

La majorité des personnes partent d'Aden, et dans une moindre mesure, de Lahj et d'autres gouvernorats, vers d'autres régions de Lahj moins touchées par l'épidémie, tandis que d'autres se rendent dans les districts d'Al Dhale et d'Abyan, malgré les affrontements en cours dans d'autres parties de ce gouvernorat.

En raison des contraintes d'accès, la DTM de l’OIM ne recueille actuellement que des données sur les déplacements dans 12 des 22 gouvernorats du pays. Par conséquent, le nombre de déplacements en 2020 sera probablement beaucoup plus élevé que ce qui a été enregistré.

« Le coronavirus a aggravé notre situation - tout le monde est fatigué », a confié Salam, une femme déplacée originaire d'Al-Hodeïda et actuellement hébergée dans un site de déplacement à Aden.

« Certaines personnes ont dû vendre leurs matelas, leurs couvertures et les vêtements de leurs enfants. Nous travaillions comme femmes de ménage mais maintenant, quand nous allons frapper aux portes pour offrir nos services, ils exigent que nous partions car ils ont peur que nous les contaminions. Comme ils ne veulent pas me donner de travail chez eux, je dois mendier dans la rue », ajoute Salam.

Beaucoup de ceux qui ont été déplacés suite à l'épidémie vivaient déjà en situation de déplacement et déménagent pour la deuxième, troisième ou quatrième fois.

« Les gens vivent dans la peur constante de développer des symptômes du coronavirus, et ils n'ont rien pour se protéger », a déclaré Rawdah, qui a été déplacé d'un district vers un autre à Taïzz et qui vit maintenant dans un site de déplacement.

La situation en matière d'eau et d'assainissement dans de nombreux sites de déplacement au Yémen est extrêmement préoccupante, et les Yéménites déplacés ont des difficultés à accéder aux soins de santé. C'est notamment le cas à Marib où la majorité des personnes ont été déplacées cette année - plus de 66 000 personnes.

En raison du grand nombre de personnes déplacées qui trouvent refuge dans la ville de Marib et ses alentours, les sites de déplacement informels sont surpeuplés et ne disposent d’aucun accès aux services essentiels.

A travers le Yémen, les restrictions d'accès aux sites de déplacement dues aux mesures de prévention et de contrôle des infections, tant pour les humanitaires que pour les résidents déplacés eux-mêmes, entravent la réponse de l'OIM. L'accès limité aux installations médicales et aux possibilités d'emploi est une préoccupation majeure pour les communautés déplacées.

Outre la collecte d'informations sur les déplacements et les besoins des déplacés internes au Yémen, l'OIM leur fournit une aide humanitaire et une protection. L'Organisation veille à ce que les communautés déplacées à travers le Yémen aient accès aux soins de santé, à l'eau potable, à des installations sanitaires sûres, à du matériel pour les abris et à des articles ménagers. En 2019, l'OIM a aidé plus de cinq millions de personnes, dont une grande majorité étaient déplacées.

« Les personnes déplacées ont plus que jamais besoin de soutien, mais les fonds sont insuffisants cette année. Sans financement d'urgence, l'OIM n'atteindra pas plus de 2,5 millions de personnes déplacées et de migrants cette année », a conclu Christa Rottensteiner.

Un dossier de presse contenant des rapports sur les données, des photos et des vidéos sur le déplacement peut être téléchargé ici.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Olivia Headon de l'OIM Yémen, tél. : +251926379755, WhatsApp : +967730552233, Email : oheadon@iom.int