Communiqué
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Le théâtre aide à sensibiliser à la traite d’êtres humains dans les régions les plus touchés au Nigéria

Les pièces de théâtre réalisées par Lancelot Imasuen reposent sur des témoignages de migrants de retour sur leur souffrance le long de leur itinéraire migratoire. Photo : Jorge Galindo/OIM

Benin City – La ville de Benin située au sud du Nigéria était autrefois la capitale de l’ancien Royaume d’Edo du Bénin, l’un des plus vieux Etats d’Afrique de l’Ouest. Elle remonte au 11ème siècle.

Il ne reste pas grand-chose de ce royaume. La ville jadis puissante est aujourd’hui le premier lieu d’origine des Nigérians qui migrent de façon irrégulière vers la Libye à la recherche de meilleures conditions en Europe.

Pour informer les jeunes locaux sur la traite des personnes et les autres risques de migration irrégulière, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a organisé, le 18 octobre, trois représentations théâtrales dans la capitale de l’Etat d’Edo. Les représentations ont marqué la fin d’une formation de huit mois dans 17 communautés dans les Etats d’Edo et du Delta, deux zones sujettes à la migration dans le pays le plus peuplé d’Afrique.

La manifestation en plein air a rassemblé près d’une centaine de personnes, qui se sont réunies pour sensibiliser à la détresse de milliers de personnes qui ont subi la tromperie, la maltraitance et l’exploitation au cours de leurs périples migratoires. Depuis début 2017, l’OIM a aidé quelque 15 171 hommes et femmes à retourner volontairement au Nigéria.

La plupart d’entre eux sont rentrés de Libye, du Niger et du Mali dans le cadre de l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants.

Parmi eux, 42 pour cent provenaient d’Edo. Le projet de théâtre a rassemblé 44 hommes et 33 femmes en cinq troupes faisant 47 représentations dans 115 communautés à Edo et Delta. Entre juillet et septembre 2019, 8 403 spectateurs ont assisté à ces représentations.

« La plupart des acteurs font du théâtre pour la première fois, la formation n’était donc pas facile. Mais je suis ravi du résultat », a déclaré Lancelot Imasuen, réalisateur « Nollywood » de renommée qui a dirigé le projet. « Beaucoup de ces personnes ont le talent de devenir acteurs ; certains se produisent même au festival national de l’art et de la culture qui se déroule cette semaine à Benin.

Avec Lancelot Imasuen, l’OIM a aidé à auditionner les acteurs et les artistes et leur a distribué du matériel, des instruments de musique et des accessoires. Lancelot Imasuen, qui a réalisé les trois pièces intitulées Empty Waka, Dance of the Migrants et Trafficked, a formé les participants à la réalisation, à l’écriture de scripts, à la direction scénique, à la conception du décor et des costumes et au maquillage.

« Nous avons choisi des migrants de retour, des étudiants, des migrants potentiels et leurs familles pour promouvoir la cohésion sociale car nous voyons de nombreux migrants de retour faisant face à la stigmatisation à leur retour au sein de leurs communautés », a expliqué Cyprine Cheptepkeny, chargée de la sensibilisation à l’OIM au Nigéria. « Nous avons choisi le théâtre comme outil de sensibilisation pour faire passer le message de manière divertissante, allant bien au-delà des moyens d’information traditionnels », a-t-elle ajouté.

Ceux qui assistent aux représentations dans les marchés et d’autres espaces publics déclarent qu’ils ont été touchés par les histoires. Lors d’une représentation, une femme du public a partagé l’histoire de sa fille. D’après son témoignage, l’OIM a pu identifier la ville d’une victime de traite. Après une enquête plus poussée, le personnel de l’OIM a renvoyé le cas vers l’Agence nationale pour l’interdiction de la traite des personnes (NAPTIP).

« Dans la Grèce antique, le théâtre était perçu comme un instrument de développement social et un moyen d’exprimer les croyances, l’approbation ou la désapprobation, la douleur et la souffrance », a déclaré Eleni Zerzelidou, chargé de projet de l’UE sur la migration et la drogue. « Le théâtre communautaire va au-delà de ça aujourd’hui. Il provient de la communauté et peut l’aider à améliorer ses capacités de réflexion critique sur la traite d’êtres humains et d’autres questions qui la touchent. »

Ce projet fait partie d’efforts plus larges de l’OIM visant à promouvoir des voies de migration sûres au Nigéria. Fin octobre, l’OIM organisera le concert « Music for Safe Migration » à Benin, entre autres activités de sensibilisation. L’événement a été financé par l’Union européenne à travers le Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique (EUTF).

Pour plus d’informations, veuillez contacter Jorge Galindo, OIM Nigéria, Tel. +234 815 5263 827, email : jgalindo@iom.int