Communiqué
Global

Lancement d'un nouveau projet de 8 millions de dollars pour renforcer la stabilisation et la résilience des communautés au Tchad

Des personnes déplacées dans le site de déplacement de Foulatari situé dans la province tchadienne du Lac. Crédit : OIM/Kimani Deshields

N'Djamena - Un nouveau projet de 8 millions de dollars mis en œuvre par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) contribuera à la stabilisation communautaire et au renforcement des moyens de subsistance.

Le projet intitulé « Community Stabilization through Durable Return Solutions, Governance and Livelihood Development in the Lake Chad Region », financé par l'Agence coréenne de coopération internationale (KOICA), soutiendra la stabilisation communautaire globale dans les communautés touchées par le conflit et chez les jeunes à risque dans la région plus vaste du lac Tchad.

Plus de 300 000 personnes devraient bénéficier des activités du projet dans les provinces du Lac, de Kanem et de Barh el Ghazel.

« L'OIM est l'un des seuls acteurs humanitaires présents dans la région et a toujours été un acteur clé répondant aux besoins des déplacés internes et des migrants grâce à la collaboration avec les autorités et les organisations locales depuis 2009 », a déclaré Anne Schaefer, chef de mission de l'OIM au Tchad. 

L'OIM travaillera également avec les partenaires chargés des questions de genre et de la protection afin d’accroître l'accès des femmes à la gouvernance locale. En créant des groupes locaux de femmes et en proposant des activités génératrices de revenus, une éducation, une protection contre la discrimination fondée sur le genre, des soins de santé mentale et un soutien psychosocial, l'OIM cherche à autonomiser les personnes les plus vulnérables au sein de la population. 

« La KOICA espère que le projet pourra contribuer au développement socioéconomique de la région et, à terme, soutenir le processus de consolidation de la paix dans la région et au Tchad », a déclaré Kyuhong Lee, Directeur du Bureau de la KOICA au Cameroun.

Dans la région élargie du Lac, plus de 360 000 personnes sont actuellement déplacées d’après la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l'OIM. 

A travers toute la région, les effets cumulés du sous-développement chronique, du changement climatique, de la dégradation et de la destruction de l'environnement causées par un conflit prolongé contre des groupes armés non étatiques ont affaibli les structures administratives et sociales de base telles que les soins de santé et l'éducation, laissant les populations dans des situations de vulnérabilité et de fragilité extrêmes. 

Une évaluation réalisée en 2018 auprès de 800 personnes dans la sous-préfecture de Bol, située dans la province du Lac, a révélé que moins de 1 % des personnes interrogées avaient des compétences de lecture et d’écriture élémentaires, et moins de 10 % vivaient dans des communautés ayant accès à la scolarisation. Presque aucune des personnes interrogées ne vivait dans une communauté ayant accès à un centre de santé.

Le manque d'intégration de la citoyenneté, tant chez les personnes déplacées qu’au sein des communautés locales, aggrave les vulnérabilités. Dans toute la région, l'absence de documents officiels de citoyenneté augmente souvent le risque d'être marginalisé et exclu de l'accès aux services sociaux.

« Il est essentiel de s’attaquer aux facteurs de fragilité en favorisant des processus transparents et inclusifs de prise de décision collective, en veillant à ce que les femmes participent pleinement à ces processus, et en donnant aux communautés de retour et aux déplacés internes de retour les moyens de rétablir des activités socioéconomiques », a ajouté Anne Schaefer de l'OIM.

 

TOUT A BRÛLÉ  

Famata vit dans le site de déplacement de Foulatari dans la région du lac Tchad depuis quatre ans, après avoir fui son île natale de Choukouli suite à une attaque de Boko Haram. Elle est mère de huit enfants.

« Boko Haram est arrivé pendant la nuit et a rapidement commencé à tout incendier », a-t-elle expliqué. « Les habitants ne pensaient à rien d’autre que de prendre leurs enfants par la main et partir en courant. Sans réfléchir, sans regarder en arrière, juste essayer de s'échapper. Si l’on ne fuyait pas, ils nous tuaient. » 

Elle a fui avec sa famille à pied vers ce qui est aujourd’hui Foulatari, avec d'autres personnes qui ont fui l'attaque. Ils n'avaient que leurs vêtements sur le dos, car ils pensaient qu'ils pourraient un jour revenir récupérer leurs affaires. Pourtant, lorsqu'elle est revenue pour prendre quelques affaires, son mari avait été tué et tout le reste incendié - les animaux, la maison, chaque morceau de sa vie. 

« Ils ont tout brûlé, il ne restait plus rien », raconte-t-elle.

Famata a aujourd’hui trouvé sa place à Foulatari, en étant l'une des voix fortes de la communauté et en jouant un rôle majeur dans la préparation des événements communautaires. Elle est fière de son rôle, le sourire aux lèvres lorsque les autres profitent des festins qu'elle prépare. Elle aide également à résoudre les conflits communautaires qui surviennent. Elle met en avant le besoin continu de soutien, en particulier pour les jeunes de la communauté, car la pauvreté est endémique, l'accès à l'eau devient de plus en plus difficile et tous luttent au quotidien pour satisfaire des besoins de base. 

Pourtant, malgré l'adversité, Famata reste positive, motivée et déterminée à tirer le meilleur parti de sa situation, non seulement pour elle-même mais aussi pour sa communauté. 

Cette histoire fait partie de la publication « Beyond the Headlines: an Overview of Migration in Chad »

Dans les communautés ciblées, l'OIM réhabilitera les infrastructures sociales et administratives clés et dispensera des cours d’alphabétisation et une formation professionnelle en commerce, en gestion des ménages et en comptabilité, améliorera l'accès aux services sociaux tels que l'identification et aidera les communautés à devenir résilientes.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Anne Kathrin Schaefer, chef de mission de l'OIM au Tcha,. Email : aschaefer@iom.int