Communiqué
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La migration irrégulière par la mer est en hausse depuis la corne de l’Afrique vers la péninsule arabe

Kenya - L’atténuation du conflit en Somalie et l’amélioration de l’économie en Ethiopie n’empêchent pas la migration irrégulière depuis la corne de l’Afrique vers la péninsule arabe, d’après une analyse du Secrétariat régional sur la migration composite (RMMS) basé à Nairobi.

Le RMMS, un groupe de réflexion dirigé par le Conseil danois pour les réfugiés, dont l’OIM et le HCR font partie du Comité directeur, effectue le suivi de la migration dite « composite », qui se définit comme la migration irrégulière de groupes mixtes de migrants (migrants économiques et demandeurs d’asile) et également de différentes nationalités ou origines ethniques, qui empruntent néanmoins les mêmes itinéraires migratoires.

En 2014, le RMMS rapporte que 91 592 migrants originaires de la corne de l’Afrique ont traversé la Mer rouge et le Golfe d’Aden pour atteindre le Yémen, soit une hausse de 40% par rapport aux 65 319 arrivées en 2013, mais une baisse de 15% par rapport aux 107 532 arrivées en 2012, période précédant directement l’expulsion des travailleurs migrants irréguliers d’Arabie saoudite.

L’année a débuté avec 811 arrivées en janvier, puis a atteint des sommets avec 12 768 arrivées en septembre - période au cours de laquelle a été enregistré le plus grand nombre d’arrivées depuis 2006 – et s’est terminée par 8 912 arrivées en décembre, soit 300 par jour environ.

L’analyse des données de 2014 montre que non seulement les flux migratoires composites depuis la corne de l’Afrique vers le Yémen sont revenus, mais ils ont augmenté de manière considérable. Cette tendance fait suite à une chute du nombre d’arrivées au Yémen fin 2013 et début 2014 après les expulsions de masse de travailleurs étrangers hors d’Arabie saoudite et la mise en œuvre de politiques strictes pour autoriser les migrants à y rester.

« Il est à noter qu’à un moment où les Somaliens subissent moins de conflit et moins de stress lié à l’environnement, et où l’Ethiopie connaît une croissance économique élevée, les migrants continuent d’affluer. Connaissant pourtant les risques et sachant qu’ils ne sont pas les bienvenus au Yémen et en Arabie saoudite, ils continuent de migrer de manière irrégulière. La migration composite est le nouveau paradigme dans la région et dans le monde entier, alimenté par des acteurs intéressés qui gagnent des millions de dollars sur le dos des migrants », a déclaré Christopher Horwood, coordinateur du RMMS, après avoir examiné les données migratoires de 2014.

Les arrivées au Yémen comprenaient 71 907 Ethiopiens (79%), 19 640 Somaliens (21%) et 45 « autres nationalités » représentant moins de 1% du total. Cette tendance est cohérente avec les années précédentes au cours desquelles les Ethiopiens composaient la majorité du nombre total de migrants arrivés au Yémen depuis 2009. Avant 2009, les ressortissants somaliens étaient la nationalité majoritaire. En 2013, on dénombrait 83% d’Ethiopiens et 17% de Somaliens.

Les données de 2014 montrent également un changement dans l’itinéraire de choix. L’itinéraire vers le Yémen via Djibouti et la Mer rouge était précédemment privilégié, avec environ trois quarts des migrants empruntant cet itinéraire terrestre et maritime en 2012 et 2013. Le reste empruntait un itinéraire terrestre et maritime via le Puntland et le Golfe d’Aden.

Cependant, en 2014, seulement 46% sont arrivés au Yémen en passant par Djibouti et la Mer rouge, alors que 54% sont arrivés en empruntant l’itinéraire Puntland-Golfe d’Aden. Le RMMS attribue ce changement au tarif plus élevé des frais de passage depuis Djibouti, des risques plus élevés d’enlèvement contre rançon à leur arrivée sur la côte yéménite de la Mer rouge, et d’une application plus stricte des lois contre le trafic de personnes par les autorités à Djibouti.

La hausse considérable du nombre de décès en mer non répertoriés dans le Golfe d’Aden et la Mer rouge en 2014 est également un triste constat. En 2013, le projet de l’OIM sur les migrants disparus (mmp.iom.int) a signalé 6 décès en mer dans la corne de l’Afrique. En 2014, ce chiffre est passé à 265. « L’OIM pense que cette hausse est due à l’augmentation des revenus engrangés par les réseaux de trafic, et à une prolifération d’acteurs qui tentent de tirer profit de cette activité criminelle », a déclaré T. Craig Murphy, coordinateur du projet de l’OIM sur les migrations composites.

Les données du gouvernement italien montrent également une hausse des arrivées de migrants, les Erythréens composant la majeure partie de ces flux migratoires composites vers l’Europe en passant par l’Afrique du Nord et la Mer Méditerranée. En 2014, le nombre d’arrivées de migrants s’élevait à 170 100, dont plus de 34 000 d’Erythrée, soit 20% du nombre total. En 2013, 42 925 migrants sont arrivés en Italie, dont 9 000 étaient originaires d’Erythrée. L’OIM signale également que les décès de migrants dans la Mer Méditerranée ont augmenté, passant de 707 en 2013 à 3 224 en 2014.

Une analyse des données de 2014 sur les migrants originaires de la Corne de l’Afrique, principalement d’Ethiopie, de Somalie et d’Erythrée, fait état d’une grave crise humanitaire qui connaît une hausse des flux migratoires composites. La hausse du nombre total d’arrivées et de décès en mer dans la Méditerranée et la Corne de l’Afrique met en évidence la forte demande de services de trafic illicite de personnes et les réseaux criminels complexes et lucratifs qui transportent les migrants à travers les frontières. L’action et l’engagement interrégionaux sont nécessaires pour protéger les migrants.

Selon l’OIM, la Déclaration de Sana’a, le processus de Khartoum et le Comité régional sur les migrations composites sont des instruments politiques clés qui peuvent faire avancer la gestion des migrations et sauver des vies de migrants.

Pour plus d’informations, veuillez contacter

T. Craig Murphy

Coordinateur du projet sur les migrations composites

OIM Kenya

Tel: +254 717 711 822

Email: cmurphy@iom.int