Communiqué
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La dernière étude de l’OIM sur les tendances migratoires au Sénégal explique le pic des arrivées en Espagne

Depuis 2018, l’itinéraire de la Méditerranée occidentale a été le lieu du plus grand afflux de migrants tentant d’atteindre l’Europe avec plus de 58 000 arrivées en Espagne. Photo : OIM

Dakar – Bien que le Sénégal soit un pays de transit majeur pour de nombreux Ouest-africains se rendant en Europe, le pays est aussi un pays de départ. Des milliers de Sénégalais migrent à la recherche de meilleures possibilités économiques en Europe.

En 2018, l’itinéraire de la Méditerranée occidentale - reliant l’Afrique de l’Ouest à l’Espagne - est devenu l’itinéraire le plus emprunté pour se rendre en Europe avec plus de 58 000 arrivées (contre 5 300 en 2015 et 22 100 en 2017). Le Sénégal était l’un des principaux pays d’origine des arrivants d’Afrique de l’Ouest en 2018, derrière la Guinée, le Mali, la Côte-d’Ivoire et la Gambie.

Bien que 46 pour cent des flux migratoires du Sénégal aient lieu à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest - principalement vers la Mauritanie, la Gambie, la Côte-d’Ivoire, le Mali et le Niger - le Sénégal connaît une hausse du nombre de départs depuis ses côtes vers l’Espagne depuis 2016.

Pour mieux comprendre le phénomène, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a présenté, le 26 septembre, sa dernière étude intitulée Nouvelles dynamiques migratoires au Sénégal, avec le soutien du Département britannique pour le développement international (DFID) et en collaboration avec le gouvernement du Sénégal et le Comité national pour les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacées (CNRRPD).

La migration irrégulière le long de l’itinéraire de la Méditerranée occidentale reste un phénomène concernant principalement les jeunes hommes (âge moyen de 31 ans). L’étude révèle que 57 pour cent sont mariés et que 36 pour cent sont allés à l’école primaire et 31 pour cent à l’école coranique. Plus de 70 pour cent ont des revenus mensuels allant de 50 000 à 150 000 Francs CFA (entre 83 et 250 dollars), principalement provenant de la pêche et de l’agriculture. L’étude révèle également que 45 pour cent des personnes qui ont entrepris ce périple avaient déjà tenté de migrer.

L’étude montre que les récents départs en mer pour l’Espagne ne suivent pas le même rythme que celui observé en 2006 lorsque plus de 41 000 personnes sont arrivées en Espagne (dont 31 000 aux Iles Canaries). Toutefois, d’après le rapport, les récents événements confirment que les conditions dangereuses dans lesquelles les migrants ont l’habitude de voyager et le renforcement des contrôles aux frontières dans les pays de départ, de transit et de destination, ont conduit à un changement des itinéraires migratoires expliquant la reprise de l’itinéraire occidental.

« La migration est un phénomène en constante évolution », a déclaré Bakary Doumbia, chef de mission de l’OIM au Sénégal. « L’atelier d’aujourd’hui montre l’importance d’une meilleure compréhension des changements migratoires actuels. Grâce à ce type d’étude, l’OIM et le gouvernement du Sénégal pourront contribuer à l’élaboration de recommandations pour garantir la protection des migrants au Sénégal et pour répondre au phénomène dans les zones de départ et de retour », a-t-il ajouté.

Parmi les principales recommandations présentées lors de l’atelier, l’OIM a souligné la nécessité de renforcer la collecte et l’analyse des données le long des principales zones de migration, de sensibiliser aux risques de la migration irrégulière au niveau local au travers d’évènements organisés par les dirigeants communautaires et d’accroître la connaissance des personnes en matière de solutions de migration légale déjà existantes.

L’atelier a été suivi par des représentants du gouvernement du Sénégal, notamment certains membres du CNRRPD, de la Direction générale des renseignements externes (DGRE), de la Direction générale des renseignements internes (DGRI), de la Direction de la police de l’air et des frontières (DPAF), de l’Agence nationale des statistiques et de la démographie (ANSD), de l’Unité nationale de lutte contre la traite des personnes (CNLTP) et de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (ANPEJ) ainsi que des représentants de l’Ambassade d’Espagne, de la Banque mondiale, d’ONG et des chercheurs.

L’étude a été financée par le Département britannique pour le développement international dans le cadre du projet Safety, Support and Solutions in the Central Mediterranean Route.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Cheikh Mbacké Sène, OIM Sénégal, Tel. +221 77 423 91 98, email : cmsene@iom.int