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Fatal Journeys 4 : le manque de données sur les enfants migrants disparus conduit à des lacunes dans leur protection

Berlin - Un nouveau rapport du Centre mondial d’analyse des données sur la migration (CMADM) de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) met en évidence la nécessité de disposer de données plus fiables sur les décès et disparitions de migrants, en particulier celles des enfants migrants disparus. 

Le rapport Fatal Journeys 4 de cette année est centré sur le thème des enfants migrants disparus, compte tenu du nombre croissant d’enfants qui entreprennent ces dangereux périples. D’après les données de l’OIM, près de 1 600 enfants - en moyenne près d’un par jour - ont été signalés morts ou disparus entre 2014 et 2018, bien qu’ils soient bien plus nombreux à n’être pas recensés. 

« Tragiquement, ces derniers jours nous ont rappelé que les enfants sont parmi les groupes de migrants les plus vulnérables », a déclaré Frank Laczko, Directeur du CMADM de l’OIM. 

« Le manque de données sur les âges, les caractéristiques et les vulnérabilités des enfants migrants disparus crée d’importantes lacunes dans leur protection. Cela rend difficile l’élaboration de programmes et politiques conçus pour les protéger. » 

L’UNICEF a rédigé un chapitre de ce dernier rapport et l’OIM se réjouit de travailler avec cette organisation dans le futur.

Cinq années de données du projet sur les migrants disparus : autres conclusions

  • Depuis 2014, le Projet de l'OIM sur les migrants disparus a enregistré les décès de plus de 32 000 personnes.
  • Entre 2014 et 2018, plus de 17 900 personnes ont péri ou disparu dans la Méditerranée - les corps de près des deux tiers de ces victimes n’ont pas été retrouvés.
  • Malgré le conflit au Yémen, les personnes continuent de tenter la traversée de la mer depuis la corne de l’Afrique à travers la mer Rouge et le Golfe d’Aden : au moins 125 personnes se sont noyées au large des côtes du Yémen en 2018, contre 53 en 2017.
  • Sur les près de 2 200 décès enregistrés pendant la migration en Asie du Sud-Est entre 2014 et 2018, au moins 1 723 étaient des Rohingyas.
  • La plupart des 288 décès enregistrés en Asie du Sud depuis 2014 étaient des migrants afghans.
  • Au Moyen-Orient, 421 décès ont été enregistrés entre 2014 et 2018, dont le plus grand nombre (145) en 2018.
  • Un nombre croissant de décès à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique ont été enregistrés chaque année depuis 2014, 1 907 au total depuis cinq ans.

L’accent mis sur les enfants fait partie de la contribution de l’OIM à un récent appel à agir, lancé par l’UNICEF, le HCR, l’OIM, Eurostat et l’OCDE afin d’améliorer les données sur les enfants migrants et réfugiés.

« Les enfants qui meurent ou disparaissent pendant la migration devraient être une préoccupation pour tous », a déclaré Ann Singleton, Chercheuse principale à l’Université de Bristol et co-auteure du rapport. « Il y a un besoin urgent d’améliorer les politiques et l’action éclairées par de meilleures données, afin de prévenir ces décès et de protéger les enfants. »

Contenu

Le rapport comprend des chapitres mettant en évidence les vulnérabilités des enfants en déplacement, les obligations juridiques des Etats concernant le décès et la disparition d’enfants en déplacement et les considérations éthiques de la recherche sur ce sujet sensible.

Concernant le nombre croissant d’enfants à risque à travers le monde, le rapport établit qu’il est souvent difficile de trouver des données sur les migrants disparus ventilées par âge. Le rapport fait également état de mesures à prendre pour améliorer les données sur les enfants migrants disparus afin d’aider à prévenir de futures tragédies. Le dernier chapitre de Fatal Journeys 4 traite des projets de l’OIM pour améliorer les données sur les migrants disparus.

« Une action urgente est requise pour améliorer la compréhension du public et des responsables politiques des vulnérabilités des enfants et des migrants », a déclaré Julia Black, coordonnatrice du Projet de l’OIM sur les migrants disparus et co-auteure du rapport.

Estimation à la baisse

Les chercheurs de l’OIM expliquent que le nombre de décès dans le monde est probablement une estimation basse car de nombreux décès ne sont jamais signalés et certains corps jamais retrouvés. De la même manière, l’étude indique que la baisse considérable du nombre de décès entre 2017 et 2018 - passant de 6 280 à 4 734 - est largement attribuée à la chute du nombre de migrants empruntant l’itinéraire de la Méditerranée centrale vers l’Europe, tandis que le nombre de traversées enregistrées depuis l’Afrique du Nord vers l’Italie est passé de plus de 144 000 à moins de 46 000.

Risque accru

Toutefois, le risque de décès le long de cet itinéraire est accru. Comme il est expliqué dans le rapport, le taux de décès peut être calculé de différentes manières. Pourtant, l’estimation la plus prudente suggère qu’une personne sur 35 traversant la Méditerranée centrale a péri en 2018, contre 1 sur 50 en 2017. En outre, le nombre de décès de migrants enregistrés le long de la Méditerranée occidentale en route vers l’Espagne a fortement augmenté, passant de 224 en 2017 à 811 en 2018, car un nombre croissant de migrants empruntaient cet itinéraire pour atteindre l’Europe.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Frank Laczko, Centre mondial d’analyse des données sur la migration (CMADM) de l’OIM, Tel. +49 30 278 778 20, mobile : +49 151 1167 6795, email : flaczko@iom.int

Julia Black, Centre mondial d’analyse des données sur la migration (CMADM) de l’OIM, Tel. +49 30 278 778 27, email : jblack@iom.int

Ann Singleton, Université de Bristol, Tel. +44 772 097 9932, email : ann.singleton@bristol.ac.uk