Communiqué
Global

Des voies de migration sûre sont essentielles pour lutter contre la traite d’êtres humains, l’esclavage moderne et le travail forcé

“J’ai été vendue, exploitée. Mon ancien employeur m’a contactée pour l’aider à recruter d’autres filles. J’ai refusé. J’ai vécu l’enfer et je ne le souhaite à personne », explique Tate, victime de traite en Mauritanie. Photo : OIM/Desjardins Sibylle 2018

Genève - Un nouveau rapport sorti aujourd’hui (27/07) s’intéresse au lien entre migration et esclavage moderne et se centre sur les migrants les plus vulnérables à l’esclavage moderne et les circonstances de leur situation. 

Préparé par l’initiative Walk Free de la Fondation Minderoo et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour le Groupe d’action de l’Alliance 8.7 sur la migration, le rapport émet des recommandations sur les mesures que peuvent prendre les gouvernements pour faire face à ce risque. 

Le rapport confirme que certains sous-groupes de migrants sont particulièrement à risque. Il s’agit de migrants qui fuient la violence et le conflit, de migrants qui ont été coupés de leurs communautés ou des structures de soutien familial sans accès à des formes légitimes d’emploi, de statut légal ou de protection sociale, et de migrants qui se déplacent ou qui travaillent de manière irrégulière. Les migrants qui travaillent dans des secteurs isolés (comme le travail en mer ou dans des maisons privées) ou dans des secteurs de l’économique non couvertes par les lois du travail sont également vulnérables. 

Les migrants enfants et adolescents sont particulièrement vulnérables, créant la nécessité pour les gouvernements d’offrir une meilleure protection, comme les plans de réunification familiale. Les migrants hommes et femmes sont vulnérables aux exactions mais de différentes manières : les femmes sont plus exposées à l’esclavage moderne dans le travail domestique ou l’industrie du sexe et au mariage forcé tandis que les hommes migrants sont plus susceptibles d’être exploités pour le travail forcé dans les secteurs de la construction et de l’industrie. 

Le rapport fait remarquer que les politiques du gouvernement pouvaient avoir l’effet d’accroître la vulnérabilité de certains groupes de migrants. Les politiques migratoires restrictives qui visent à interdire ou limiter certaines formes de migration peuvent avoir des conséquences inattendues, telles que des pratiques risquées sous terre ou la mise en danger de personnes vulnérables.

Principales conclusions : 

  • Les migrants fuyant le conflit et la violence, les enfants migrants voyageant sans famille et les migrants sans papiers sont hautement vulnérables à la traite d’êtres humains, à l’esclavage moderne et au travail forcé.

  • L’appui politique à des voies de migration sûre et légale est primordial car les migrants continuent d’être victimes de traite ou exploités et maltraités pendant le transit et à l’arrivée.

  • Bien qu’il existe des lois et politiques nationales destinées à protéger les migrants de la maltraitance, d’importantes lacunes en matière de couverture et de mise en œuvre rendent d’importants groupes de personnes plus vulnérables que les autres. Ces lacunes sont exploitées par des criminels peu scrupuleux dans leur intérêt personnel.

  • Il est urgent que les gouvernements reconnaissent le lien étroit entre les objectifs de la migration sûre, ordonnée, régulière et responsable et la prévention de la traite d’êtres humains, de l’esclavage moderne, et du travail forcé. Les gouvernements doivent combler les lacunes en matière de lois pénales et de droit du travail et apporter une protection aux migrants, afin de s’assurer que les migrants vulnérables soient protégés.

Les travailleurs migrants sont confrontés à des risques en raison des politiques en place à la fois dans les pays d’origine que dans ceux de destination. Dans de nombreux pays, les recruteurs sont soumis à une réglementation insuffisante voire inexistante, alors ils continuent de faire payer des frais exorbitants aux migrants, parfois remboursables à des taux d’intérêt élevés, simplement pour les relier à des emplois disponibles.

Certains visas qui donnent à l’employeur un contrôle indu sur les conditions de travail de leurs travailleurs ou qui empêchent les migrants de changer de travail sans autorisation peuvent créer un environnement de dépendance qui peuvent être facilement exploités par des employeurs peu scrupuleux.

« Il est essentiel que les gouvernements apportent une protection aux personnes fuyant des régimes répressifs, la violence et le conflit. Les études indiquent que ces situations augmentent la vulnérabilité des migrants à l’esclavage moderne. Nous appelons les gouvernements à créer des voies migratoires plus sûres, de fournir une protection aux personnes vulnérables et de renforcer la capacité des premiers intervenants en situation de crise », a déclaré Jenn Morris, Directrice générale de l’initiative Walk Free de la Fondation Minderoo.

« Dans l’économie mondiale actuelle, les mouvements de personnes sont inévitables, et nous devons trouver des solutions pour parvenir à une migration sûre et humaine. Ce rapport met en évidence un certain nombre de mesures pratiques que les gouvernements peuvent prendre pour accroître la protection des migrants vulnérables, notamment en s’assurant que les lois nationales de protection de l’enfance s’appliquent à tous les enfants, y compris les enfants migrants, comblant ainsi les lacunes en matière de droit du travail dans les secteurs à haut risque comme le travail domestique, et en interdisant la mise en place de frais de recrutement », a déclaré Fiona David, auteure du rapport et Présidente de l’étude de la Fondation Minderoo.

« Sans action pour lutter contre les moteurs de la migration dangereuse et pour intensifier la protection et l’aide aux migrants, bon nombre d’entre eux seront victimes de traite ou d’autres exactions. Nous avons la tâche ardue de créer des voies de migration sûre qui reflètent mieux les réalités de la migration et des marchés du travail et d’équilibrer les besoins entre les intérêts nationaux et les droits des migrants. Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières récemment adopté apporte une feuille de route pour la marche à suivre », a déclaré Mathieu Luciano, responsable de l’Unité d’aide aux migrants vulnérables de l’OIM à Genève.

Le financement pour le groupe d’action de l’Alliance 8.7 sur la migration a été rendu possible par le gouvernement britannique afin d’accélérer le travail de l’Alliance 8.7 d’éradication du travail forcé, de l’esclavage moderne, de la traite d’êtres humains et du travail des enfants.

Le rapport est disponible ici :
Pour plus d’informations, veuillez contacter :

OIM:
Mathieu Luciano, Tel. +41797011523, email : mluciano@iom.int ou Leonard Doyle (médias, basé à Genève), Tel. +41792857123, email : ldoyle@iom.int

Fondation Minderoo :
Tess Ingram (médias, basée en Australie), Tel. +61 448 922 364, email : tingram@minderoo.com.au