Italy - Ce week-end, environ 4 800 migrants ont été secourus dans la Méditerranée et amenés dans les ports italiens et grecs. Les garde-côtes italiens ont sauvé 3 270 migrants dans le Canal de Sicile, tandis que les forces maritimes helléniques ont porté secours à environ 1 100 autres migrants.

Mardi, 611 migrants au total secourus depuis dimanche soir devraient arriver au port de Tarente, à bord du Poseidon, navire des garde-côtes suédois. Pour le moment, nul ne sait s’ils ont été secourus d’un seul bateau ou de plusieurs. Quelque 200 autres migrants sont arrivés lundi soir à Lampedusa.

Les responsables en Tunisie ont signalé qu’un naufrage a eu lieu dans les eaux tunisiennes vendredi 10 juillet : les garde-côtes ont secouru 49 migrants et repêché les corps d’au moins cinq autres. Il reste encore une vingtaine de corps à repêcher.

Ce naufrage était le dernier en date d’une série meurtrière cette année et s’est produit juste après deux autres incidents la semaine dernière : l’un dans la mer Egée au cours duquel 19 migrants se sont noyés, et l’autre dans le Canal de Sicile, où 12 migrants au total, 8 hommes et 4 femmes, ont péri.

D’après les estimations de l’OIM, plus de 1 900 migrants se sont noyés jusqu’ici cette année en tentant d’atteindre l’Europe par la mer, dont plus de 1 840 ont péri en tentant d’atteindre l’Italie.

Cependant, ce chiffre est très certainement sous-estimé, car de nombreux autres migrants périssent lors de la longue traversée du Sahara. Le mois dernier seulement, les corps de 30 migrants ont été retrouvés à Dirkou (Niger). On peut supposer qu’ils tentaient d’atteindre la Libye, puis l’Europe, mais qu’ils sont morts dans le désert.

Les rescapés du dernier naufrage dans le Canal de Sicile ont été amenés au port de Palerme le matin du samedi 11 juillet par le « Dattilo », navire des garde-côtes italiens, qui a secouru 717 migrants au total lors de plusieurs opérations différentes. En plus des migrants, le navire a ramené à terre les corps repêchés de 12 victimes.

Le personnel de l’OIM au sud de l’Italie, qui fournit des conseils juridiques aux migrants et soutient les autorités compétentes dans l’identification des personnes vulnérables, a parlé à certains des rescapés du naufrage.

« Ce fut l’un des accostages les plus chargés en émotions dont j’ai été témoin », a déclaré Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’OIM en Italie. « J’ai parlé à certains des migrants et ils étaient tous exténués, à la fois mentalement et physiquement. Seuls les plus jeunes enfants semblaient en bonne santé. »

Depuis ces quelque dernières semaines, les modes de transport entre la Libye et l’Europe changent : alors que les passeurs favorisaient le recours à des chalutiers en bois car ils avaient une capacité plus grande, il semble que les bateaux pneumatiques soient désormais favorisés. D’après certaines informations, les passeurs ont aujourd’hui plus de mal à trouver des bateaux de pêche et sont devenus plus dépendants des bateaux pneumatiques, qui semblent être plus faciles à obtenir.

Alors que les bateaux en bois pouvaient transporter jusqu’à 700-800 personnes, les pneumatiques peuvent transporter environ 100-120 personnes. Ce pourrait être la raison pour laquelle, même si le nombre d’arrivées par la mer a augmenté de 7 000 en termes absolus par rapport à l’année dernière, le même nombre de personnes est arrivé en juin et en mai, malgré les prévisions d’un nouveau pic pendant la saison estivale.

« C’était horrible », a expliqué « Ahmed », l’un des Marocains du groupe qui comprenait principalement des Gambiens, des Nigérians, des Somaliens, des Erythréens et des Bengalis.

« Nous avons quitté Zwara en Libye, à 7h du matin. Après seulement six heures, le pneumatique en mauvais état sur lequel nous voyagions a commencé à prendre l’eau. Pris de panique, nous étions plus de 100 à nous précipiter vers l’arrière du bateau. Beaucoup sont tombés à l’eau et certains se sont noyés immédiatement. J’ai réussi à rester à flot car j’avais pu acheter un gilet de sauvetage pour 30 euros à Zwara », a t-il déclaré.

Pour « Abduraman », Somalien de 15 ans, l’un des 717 migrants arrivés au port de Palerme samedi, le périple a été pénible. Il a quitté la Somalie avec un groupe d’amis il y a plusieurs mois. Il a raconté les dangers de la traversée en Libye, où il a été battu et maltraité comme beaucoup d’autres migrants en transit. Son dos porte encore les blessures des coups qu’il a reçus.

D’autres survivants ont rapporté des témoignages dramatiques : quatre des 12 migrants qui ont péri étaient des femmes, dont deux étaient enceintes. Elles ne se sont pas noyées, elles ont été écrasées par la foule à bord. L’une des femmes, originaire du Nigéria, voyageait avec son mari et leur fille de deux ans. L’homme, encore sous le choc, a été immédiatement transféré vers un centre d’accueil.

« John », du Nigéria, a raconté à l’OIM : « Je me suis tenu au bateau pendant plus d’une heure. Dieu merci les secours sont arrivés car je ne pense pas que j’aurais pu tenir dans l’eau plus longtemps. »

Le personnel de l’OIM, présent sur le quai à Palerme, fournit des conseils juridiques et aide les autorités à identifier les groupes vulnérables : les mineurs non accompagnés, les potentielles victimes de traite, et les cas qui nécessitent une attention et une prise en charge spéciales.

De nombreux migrants ont expliqué avoir été contraints de fuir la Libye en raison de la violence dans le pays. « Jeremy », également du Nigéria, travaillait comme mécanicien mais a confié qu’il ne pouvait plus vivre dans le pays. « Mohamed », du Maroc, a vécu à Tripoli pendant de nombreuses années, mais la violence croissante et l’impossibilité d’être payé pour son travail l’ont convaincu de tenter la traversée.

Quelque 75 000 personnes sont arrivées en Italie par la mer depuis le début de l’année. Le nombre de femmes victimes de traite est aussi en augmentation. Les filles, principalement originaires du Nigéria, sont souvent sujettes à la maltraitance psychologique par les organisations criminelles avant d’être envoyées en Europe à des fins d’exploitation sexuelle.

Toutefois, les arrivées de Syriens en Italie sont en baisse. Fin juin, environ 4 000 Syriens étaient arrivés en Europe, alors qu’ils étaient 12 000 pendant la même période l’année dernière. La Grèce semble désormais être la destination privilégiée, bien que certains choisissent encore le dangereux et long périple à travers la Libye.

Arrivées par la mer et décès dans la Méditerranée, 1er janvier – 13 Juillet 2015

                       
LES DONNÉES SUR LES DÉCÈS DE MIGRANTS ONT ÉTÉ COMPILÉES PAR RES. TOUS LES CHIFFRES SONT DES ESTIMATIONS MINIMALES.
ESTIMATIONS DES ARRIVÉES BASÉES SUR LES DONNÉES DES GOUVERNEMENTS RESPECTIFS ET DES ANTENNES DE L’OIM SUR LE TERRAIN.  

• Totaux de 2014 : 170,100 sont arrivés en Italie

ARRIVees par la mer en grèce

• Totaux de 2015 : 79,338
• Totaux de 2014 : 34,442 arrivées par la mer en Grèce.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Flavio Di Giacomo, OIM Italie, Tel: +39 347 089 8996, Email: fdigiacomo@iom.int