Communiqué
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CMADM : Les plus de 6 600 décès de migrants enregistrés en Afrique depuis 2013 ne sont que « la partie émergée de l’iceberg »

Berlin - Aujourd’hui (18/12), le Projet de l’OIM sur les migrants disparus (MMP) publiera des données de centaines de témoignages oculaires de décès de migrants en Afrique, portant le nombre total de décès enregistrés sur le continent à 1 386 cette année. 

Les chercheurs du MMP expliquent qu’avec ces dernières données en date, le nombre total de décès de migrants confirmés sur le continent est estimé à 6 615 au cours des cinq dernières années. 

Les nouvelles données ajoutées aujourd’hui au total de 2018 - faisant état de 1 014 décès non connus jusqu’ici - s’appuient sur des sondages réalisés par l’Initiative du Mécanisme de contrôle (4Mi) du Centre sur la migration composite. Toutefois, les sondages de 4Mi ne représentent qu’une petite partie du nombre total de personnes se déplaçant en Afrique, ce qui signifie que ces milliers de décès sont probablement une sous-estimation importante du nombre réel. 

En l’absence de sources d’informations officielles, systématiques et intra-régionales sur les flux de migration en Afrique, les sondages comme ceux réalisés par 4Mi révèlent d’importantes informations sur les expériences - notamment les risques considérables - auxquelles sont confrontés les migrants le long des itinéraires migratoires sur le continent. 

Bien qu’une grande partie de la migration africaine soit régulière et se déroule en Afrique même, les dernières informations publiées soulignent les risques monumentaux auxquels les migrants peuvent être confrontés pendant leur périple et leur faible niveau de connaissances à ce sujet. 

« Lorsque les personnes n’ont pas accès à des itinéraires de migration légale et que peu de données fiables existent, les migrants potentiels sont vulnérables face aux trafiquants et aux passeurs », a déclaré le Dr. Frank Laczko, Directeur du Centre mondial d’analyse des données sur la migration, où se trouve le Projet sur les migrants disparus. 

Bon nombre des décès enregistrés par le MMP sont concentrés sur des itinéraires empruntés par les passeurs. La majorité des décès issus de la migration recensés en Afrique semblent s’être produits en chemin vers la Libye : les décès enregistrés depuis 2014 ont lieu principalement dans le désert du Sahara, au nord du Niger, au sud de la Libye et au nord du Soudan. 

Les données sur les principales causes de décès indiquent que de nombreux décès de migrants en Afrique pourraient être évités. La famine, la déshydratation, la violence physique, la maladie et le manque d’accès aux médicaments sont des causes de décès fréquemment citées par les migrants qui signalent les décès le long d’itinéraires migratoires en Afrique. L’implication de passeurs et de trafiquants peut exposer les migrants à des situations très risquées dans lesquelles ils ont peu de possibilités pour se protéger, d’autant plus pour leurs compagnons de voyage qu’ils voient se faire maltraités. 

Il est presque impossible de vérifier l’identité de ceux qui meurent ou la destination vers laquelle ils avaient l’intention de migrer. Les données du MMP ont identifié 1 275 hommes, 534 femmes et 336 enfants et adolescents, soit moins d’un tiers des 6 615 décès recensés en Afrique ces cinq dernières années. Outre l’âge et le sexe, peu d’informations sont connues sur cette petite partie des personnes identifiées. 

Ce que l’on sait est que la proportion de migrants qui auraient été témoins de la mort d’un compagnon de voyage est alarmante : 16 pour cent des migrants interrogés par 4Mi en Afrique de l’Est en 2018 ont indiqué en avoir été témoins et 12 pour cent de ceux interrogés en Afrique du Nord. Un peu moins de 6 pour cent des personnes interrogées en Afrique de l’Ouest ont indiqué avoir été témoins d’un décès. 

Des nombreuses personnes interrogées ont indiqué avoir été témoins du décès de leur compagnon de route à plusieurs occasions. Peu de soutien est apporté à ces migrants qui ont été témoins d’événements aussi traumatisants. 

« Les personnes qui ont vu mourir un compagnon de route n’ont souvent aucun moyen de signaler ce qu’ils ont vu, encore moins de parler de la détresse psychosociale dans laquelle elles se trouvent », a déclaré le Dr. Laczko. « Si l’on considère que les résultats de ces sondages sont les seules preuves de ces décès, il est clair que ces données ne représentent que la partie émergée de l’iceberg et que l’ampleur des pertes humaines reste inconnue. » 

Bien que les données des sondages soient l’une des seules sources d’information sur les décès de migrants en Afrique, elles sont pour la plupart non vérifiables. Toutefois (comme le recommande l’OIM dans son dernier volume de la série de rapports Fatal Journeys), dans les zones où peu d’institutions recueillent des données sur les migrants disparus - ou bien où l’accès est un problème - les sondages peuvent apporter des informations cruciales sur les décès et les risques auxquels sont confrontés les migrants. 

Le MMP enregistre les décès de migrants qui ont lieu pendant les périples migratoires, ce qui signifie que les décès des personnes dans les centres de détention, de ceux qui sont déplacés dans leur propre pays ou encore dont la mort n’est pas en lien avec leur statut irrégulier dans d’autres pays ne sont pas inclus. Les signalements de personnes disparues ne sont pas inclus. Pour éviter le double recensement des mêmes incidents, le personnel de l’OIM n’enregistre pas les signalements qui pourraient être un doublon. 

Toutefois, le manque de signalements officiels et non-officiels sur les décès pendant la migration et le nombre relativement faible de migrants interrogés en Afrique indiquent que les données du MMP en Afrique sont une estimation minimale du nombre réel de migrants décédés. 

Pour consulter les dernières données sur les décès de migrants en Afrique, rendez-vous sur le site du MMP. Des données du MMP rendues anonymes peuvent être téléchargés sur : missingmigrants.iom.int/downloads. 

Pour plus d’informations, veuillez contacter Julia Black, Projet sur les migrants disparus, Tel : +49 3027-8778 27. Email : jblack@iom.int