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CMADM : « En suspens » - Les familles de migrants dans la Méditerranée sont endeuillées par l’absence d’identification de leurs proches disparus

Des migrants à bord d’une embarcation pneumatique dans le canal de Sicile. Photo : OIM/Francesco Malavolta

Berlin - Un nouveau rapport du Centre mondial d’analyse des données sur la migration (CMADM) de l’OIM montre que des milliers de personnes disparues lors de la traversée de la Méditerranée centrale n’ont pas été identifiées. 

La base de données du Projet de l’OIM sur les migrants disparus a enregistré plus de 15 000 décès sur l’itinéraire de la Méditerranée centrale reliant l’Afrique du Nord à l’Italie depuis 2014. Pourtant, moins de 5 000 d’entre eux - moins de 1 sur 3 - ont été enregistrés comme identifiés. 

En outre, même pour ceux dont les corps ont été identifiés, le taux d’identification net en Italie et à Malte se situait autour de 22 pour cent entre 1990 et 2013. 

En comparaison, le Bureau du médecin légiste du Comté de Pima (Arizona) - l’une des meilleures pratiques identifiées dans le rapport - a identifié 62 pour cent de tous les corps de migrants retrouvés entre 1981 et 2018 dans le désert au nord du Mexique. 

Ce nouveau rapport de l’OIM met en lumière le manque de sensibilisation par les autorités italiennes et l’absence d’une entité visible et centralisée pour apporter un soutien, un retour et une transparence aux familles qui signalent une disparition. 

Parmi les quelques identifications de corps de migrants ayant abouti, plus de la moitié de celles effectuées en Italie ne sont pas étayées par des méthodes d’analyse scientifique. Les autorités comptent plutôt sur l’identification « visuelle », généralement par les familles en voyant le corps ou en examinant des photos du corps. Cette technique peut générer de mauvaises identifications tout en limitant l’identification de cas dans lesquels la famille est présente près des sites des naufrages en Italie. 

Pour trois naufrages notoires, le Commissaire spécial italien pour les personnes disparues a déployé une opération scientifique de haute qualité. Même dans ces cas limités pour lesquels des données scientifiques complètes ont été prélevées sur les corps des migrants, peu d’identifications ont été faites. 

Malgré une opération de police scientifique dans les règles de l’art pour le naufrage du 3 octobre 2013, au cours duquel 366 personnes ont perdu la vie, le taux d’identification net culmine à seulement 8,5 pour cent. Lorsque les familles survivantes ont fourni des échantillons ante mortem, les résultats étaient bien plus probants : 58,5 pour cent de ces cas ont pu être identifiés. 

La crise des décès de migrants dans la Méditerranée a attiré l’attention des médias sur la réalité choquante des naufrages et des corps qu’ils génèrent mais beaucoup moins sur les conséquences pour les familles des défunts qui attendent des nouvelles de leurs proches. Ces familles sont aussi les victimes de la catastrophe humanitaire qui sévit dans la Méditerranée centrale. 

« Des milliers de familles de migrants disparus restent en suspens », a déclaré Frank Laczko, Directeur du Centre mondial d’analyse des données sur la migration. « Elles sont confrontées à la disparition d’un proche qui pourrait ne jamais être reconnue ou confirmée. » 

Pour plus d’informations, veuillez contacter Julia Black, Centre mondial d’analyse des données sur la migration de l’OIM (CMADM), Tel. +49 30 278 778 27, email : jblack@iom.int