Communiqué
Global

C’est maintenant qu’il faut penser universel !

24 March is World TB Day. Photo: IOM

Genève - Les résultats de la lutte contre la tuberculose (TB) par l’OIM dépassent les objectifs et profitent aux communautés d’origine et de destination. Le taux élevé de réussite du traitement est principalement dû à la détection précoce, à la recherche active de cas, au traitement sous surveillance directe et aux soins ciblés qui sont centrés sur le patient et tiennent compte de la migration.

Dans le monde de plus en plus mobile et interconnecté d’aujourd’hui, qui compte environ 258 millions de migrants internationaux et 760 millions de migrants internes[1], la migration doit être reconnue comme un déterminant social de santé qui a un impact sur la vulnérabilité et le bien-être de chaque individu. La migration affecte aussi profondément la vie des familles restées au pays, ainsi que les personnes dans les communautés d’origine, de transit et de destination du monde entier.

Malgré des dépistages et des schémas thérapeutiques bien établis, la TB reste un fardeau pour la santé publique dans de nombreuses régions du monde et une maladie infectieuse meurtrière : environ 10 millions de nouveaux cas et quelque 1,3 million de décès ont été recensés en 2017[2], touchant de façon disproportionnée les populations pauvres et marginalisées, comme les migrants. Les efforts de prévention et de lutte contre la TB ne tiennent généralement pas compte des vulnérabilités spécifiques aux migrants, ce qui retarde le diagnostic et/ou met fin au traitement.

La manière dont beaucoup de migrants voyagent, vivent et travaillent peut comporter des risques pour leur bien-être physique et mental. Nombreux sont ceux qui exercent un travail dangereux, difficile et avilissant et qui vivent dans l’isolement et dans des logements insalubres. D’autres se retrouvent parfois détenus dans des centres de détention surpeuplés ou vivent dans des camps en tant que réfugiés ou déplacés internes. Les migrants font donc partie des groupes les plus vulnérables qui sont confrontés à un niveau de facteurs de risque de TB particulièrement élevé.

En outre, les migrants font face à des obstacles dans l’accès aux services de santé en raison de la langue, des différences culturelles et des difficultés administratives. Les migrants sont souvent exclus de la protection sociale en matière de santé et sont invisibles dans les programmes de couverture sanitaire universelle (CSU). Par conséquent, de nombreux migrants paient de leur poche les services de santé dont ils ont besoin, pouvant donner lieu à des frais de santé exorbitants, à une prise en charge retardée ou de moindre qualité.

C’est maintenant qu’il faut inclure les migrants ! A travers le monde, l’OIM a procédé à plus de 376 800 examens médicaux avant le départ pour les migrants et les réfugiés et a détecté 584 cas actifs de TB, soit un taux de détection de 155 pour 100 000 examens de santé. Les cas actifs de TB ont été soit confirmés par la culture des expectorations, soit diagnostiqués en fonction de résultats cliniques et radiologiques. L’OIM travaille en collaboration avec les programmes nationaux de lutte contre la TB et est déterminée à accélérer l’éradication de la TB en renforçant les systèmes de santé tenant compte des migrants, capables d’évaluer et de prendre en compte les vulnérabilités et conditions spécifiques à la population migrante (voir la vidéo d’une histoire en Jordanie).

C’est maintenant qu’il faut fixer des objectifs ambitieux pour que le traitement réussisse, ce qui est possible au vu de la réussite du Centre d’examen de santé migratoire de l’OIM à Nairobi, au Kenya, où les cliniques de traitement sous observation directe ont dépassé les objectifs grâce à une prise en charge globale, en s’efforçant d’atteindre activement les patients et en fournissant un soutien nutritionnel, garantissant ainsi que ni les patients, ni leurs familles n’aient à supporter les coûts exorbitants liés à la TB, un élément clé pour atteindre la cible 3.8 des Objectifs de développement durable (ODD).

La réussite du traitement de la TB repose sur une prise en charge sous observation directe, centrée sur le patient et tenant compte de la migration, dans laquelle les besoins de santé spécifiques, les vulnérabilités liées à la migration et les résultats souhaités d’une personne sont pris en considération. Le traitement des personnes testées positives fait partie intégrante des examens médicaux dispensés par l’OIM aux migrants, y compris aux réfugiés, avant leur réinstallation. Entre 2010 et 2016, le Centre d’examen de santé migratoire de l’OIM au Kenya a diagnostiqué 426 cas actifs de TB, traité 363 d’entre eux dans des cliniques de traitement sous observation directe, tandis que les autres cas ont été orientés pour un traitement. Les cliniques de traitement de la TB sous observation directe de l’OIM au Kenya ont maintenu un taux élevé de réussite du traitement pendant cette période, allant de 90 à 100%.

C’est maintenant qu’il faut rendre compte de nos engagements envers la lutte contre la TB. L’expérience de l’OIM a montré que l’incapacité à prendre en compte la santé des migrants a de graves conséquences sur le bien-être de millions de migrants et de communautés d’origine, de transit et de destination. Les migrants ont urgemment besoin d’être inclus dans les stratégies de prévention et de lutte mondiales, nationales et locales pour mettre fin à l’épidémie de TB, conformément aux objectifs du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et à la Résolution 70.15 de l’Assemblée mondiale de la Santé sur la promotion de la santé des réfugiés et des migrants (2017).

En outre, la Stratégie de l'OMS pour mettre fin à la TB,  la Déclaration de Moscou et la Déclaration de la Réunion de haut-niveau des Nations Unies « Unis pour mettre fin à la tuberculose » sont une occasion exceptionnelle de nous engager au plus haut-niveau à faire en sorte qu’aucun migrant ne soit laissé de côté et à promouvoir la collaboration transfrontalière entre les pays en vue de réduire le fardeau de la TB et du VIH. Jacqueline Weekers, Directrice de la Division Migration et santé de l’OIM, a déclaré : « Mettre fin à la TB suppose d’analyser les liens intrinsèques entre la mobilité de population et la tuberculose et de reconnaître que la CSU ne peut être réelle que si les groupes à haut risque sont pris en compte. »

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Carlos Van der Laat, Tel. +41227179459, e-mail : cvanderlaat@iom.int

 

[1] Global Migration Indicators 2018, IOM 2018

[2] Rapport 2018 de l'OMS sur la lutte contre la tuberculose dans le monde