Communiqué
Global

Arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée en 2019 : 76 558 ; décès en mer : 1 071

Genève - D’après l’OIM, 76 558 migrants et réfugiés sont entrés en Europe par la mer en date du 9 octobre, soit une baisse d’environ 13 pour cent par rapport aux 87 923 arrivées recensées pendant la même période l’an dernier.

Le nombre d’arrivées en Grèce et en Espagne cette année s’élève respectivement à 41 321 et 19 443 (60 764 à elles deux), représentant 80 pour cent du total régional. Ils sont beaucoup moins nombreux à arriver en Italie, à Malte et à Chypre. Les arrivées en Grèce sont en avance de 70 pour cent par rapport aux chiffres de 2018 à la même période. Les arrivées en Espagne sont en retard de 50 pour cent.

Le nombre de décès enregistrés le long des trois itinéraires méditerranéens pendant les neuf précédents mois de 2019 s’élève à 1 071, soit environ 55 pour cent des 1 930 décès confirmés pendant la même période en 2018 (voir tableau ci-dessous).

 

Ces dernières semaines, les décès de plusieurs dizaines de personnes ont été signalés le long d’itinéraires maritimes à travers la Méditerranée.

En Méditerranée occidentale, un enfant de 6 ans est mort durant une évacuation médicale le 4 octobre. Les services de secours espagnols avaient trouvé le garçon avec sa mère et 64 autres personnes originaires d’Afrique subsaharienne à bord d’un bateau à 70 kilomètres au sud-est de Motril, dans la province de Grenade. Le garçon était en état d’hypothermie et avait du mal à respirer. Il a été évacué par hélicoptère avec sa mère vers un hôpital à Almería, en Espagne. Malheureusement, il est décédé avant d’arriver à l’hôpital.

En 2019, au moins 317 personnes ont perdu la vie en tentant d’atteindre l’Espagne via la Méditerranée occidentale.

Plus récemment, le long de l’itinéraire de la Méditerranée centrale, un bateau a chaviré au large des côtes de Lampedusa le 7 octobre, tuant au moins 28 personnes. Les corps de 13 femmes (dont celui d’une fillette de 12 ans) ont été repêchés des eaux tandis que 15 personnes restent portées disparues. Vingt-deux rescapés ont été secours et amenés à Lampedusa.

Bien que le nombre total de décès enregistrés en 2019 le long de la Méditerranée centrale ait diminué, toutes les données disponibles indiquent que les conditions pour ceux qui entreprennent ces traversées empirent. Le taux de mortalité (nombre de décès proportionnellement au nombre de traversées tentées) a augmenté, ce qui signifie que le risque de mourir pendant la traversée augmente.

Pendant les neuf premiers mois de 2019, une personne sur 28 qui a tenté la traversée y a laissé la vie. Pendant la même période en 2018, le ratio était d’un décès pour 32 traversées, toujours en augmentation par rapport à 2017 (1 décès pour 51 traversées, voir tableau ci-dessous).

 

Note : Le taux de mortalité a été calculé en divisant le nombre de migrants décédés (numérateur) enregistrés en 2017, 2018 et 2019 par le nombre de migrants ayant tenté la traversée (dénominateur) pendant chacune de ces années. Le dénominateur comprend le nombre de personnes arrivées en Italie et à Malte, le nombre de personnes ayant été interceptées en mer et rapatriées en Libye et en Tunisie et le nombre de personnes qui ont péri ou disparu en mer. Sources des données : Projet de l’OIM sur les migrants disparus et Matrice de suivi des déplacements de l’OIM.

Ce taux de mortalité est calculé sur la base des décès enregistrés, c’est-à-dire, des décès qui sont signalés et répertoriés. Il est probable que les décès soient bien plus nombreux que ce qui est actuellement enregistré. Une conséquence inquiétante du nombre réduit d’opérations de recherche et de sauvetage dans la Méditerranée est la visibilité accrue des décès de migrants. Dans ce contexte, le risque que des naufrages se produisent hors de la vue de la communauté internationale s’intensifie.

Projet sur les migrants disparus

A travers le projet sur les migrants disparus, l’OIM s’efforce d’enregistrer systématiquement les décès le long d’itinéraires migratoires à travers le monde pour la sixième année consécutive. Depuis début 2014, le projet a enregistré les décès de 33 631 personnes, dont 2 469 en 2019 (voir tableau ci-dessous).

En raison des difficultés de collecte d’informations sur ces personnes et les contextes de leur décès, le nombre réel de vies perdues pendant la migration est probablement bien plus élevé. Le Projet sur les migrants disparus ne devrait être vu que comme un indicateur des risques associés à la migration, plutôt que représentatif du nombre réel de décès à travers le temps et l’espace.

A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, les décès de six personnes ont été signalés depuis l’actualisation de la semaine dernière. Deux décès en raison de la déshydratation ont été signalés du côté américain de la frontière. Le 2 octobre, le corps d’un jeune homme mexicain qui avait été signalé comme disparu par sa famille, a été retrouvé dans le comté de Webb, au Texas. Deux jours plus tard, un homme de 25 ans originaire de Guanajuato, au Mexique, a péri en tentant de traverser une bande de terre dans le comté de Dimmit, également situé au Texas.

Au moins 45 personnes seraient mortes en raison de leur exposition aux intempéries à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique en 2019. En outre, quatre hommes se sont noyés dans le Rio Grande entre les 3 et 7 octobre alors qu’ils tentaient d’atteindre le Texas depuis Tamaulipas. Leurs corps ont été découverts sur les rives mexicaines. Depuis début 2019, les décès de 101 personnes ont été signalés dans le Rio Grande. Ce chiffre est déjà plus élevé que le nombre total de noyades enregistrées dans le Rio Grande pour toute l’année 2018.

A travers les quatre couloirs migratoires dans les Amériques, le MMP a enregistré 608 décès à ce jour en 2019, contre 466 à la même date l’an dernier, soit une hausse de 30 pour cent.

Ailleurs : en Europe, trois personnes ont été tuées dans un accident de la route au nord de la Grèce cette semaine, où un minibus transportant 11 migrants s’est retourné près de la ville d’Areti, située à 40 km au nord-est de Thessalonique. Cet accident s’est produit le 9 octobre. Sur les 52 décès enregistrés sur le continent européen, 33 pour cent étaient dus à des accidents de la route.

Les données du Projet sur les migrants disparus sont recueillies par le personnel de l’OIM à son Centre mondial d’analyse des données sur la migration mais proviennent de sources diverses, dont certaines ne sont pas officielles. Pour en savoir plus sur la manière dont sont recueillies les données sur les décès et disparitions de migrants, cliquez ici.

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Le rapport Fatal Journeys Volume 4, publié le 28 juin, comprend un aperçu des cinq années de données du Projet sur les migrants disparus (2014-2018) et une actualisation sur ce que l’on sait des décès pendant la migration en 2019.

 

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