Communiqué
Global

Arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée en 2018 : 30 300 ; décès en mer : 655

Genève - D’après l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, 30 300 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer pendant les 147 premiers jours de 2018, dont environ 40 pour cent en Italie, 35 pour cent en Grèce, et le reste en Espagne (25%).

A la même date en 2017, ils étaient 69 219 à aborder les côtes européennes, et environ 198 346 à cette période en 2016.

En bref, le nombre d’arrivées par la Méditerranée à cette période en 2018 représente moins de la moitié du total à la même date en 2017 et moins de 15 pour cent du total de 2016 à la même date.

Autre information importante : au mois de mai, les arrivées en Italie se plaçaient en deuxième position - derrière l’Espagne et juste devant la Grèce (voir tableau ci-dessus).

D’après Flavio Di Giacomo, de l’OIM à Rome, les 12 105 migrants qui sont enregistrés comme étant arrivés par la mer en Italie cette année sont 80 pour cent de moins que l’an dernier à la même période, lorsque 58 953 migrants irréguliers et réfugiés étaient arrivés en Italie et représentent une baisse de 70 pour cent par rapport aux 40 671 migrants arrivés à cette période en 2016 (voir tableau ci-dessous).

Depuis vendredi dernier, plus de 2 200 migrants ont été secourus dans les eaux entre l’Afrique du Nord et l’Italie. Les opérations de secours ont été menées à bien par des navires italiens et européens, y compris des ONG. Le tableau ci-dessus ne comprend pas les 1 000 migrants arrivés aujourd’hui à Palerme et à Messine. Certains migrants (environ 400) sont arrivés de Tunisie tandis que la grande majorité (plus de 1 800) est arrivée de Libye.

« Ces deux itinéraires ont toujours été complètement différents : alors que pour la Tunisie, nous enregistrons généralement l’arrivée de migrants tunisiens, pour la Libye, nous enregistrons des migrants provenant principalement de pays d’Afrique subsaharienne et qui quittent leur pays pour différentes raisons », a déclaré Federico Soda, Directeur du Bureau de coordination de l’OIM pour la Méditerranée.

« Cependant, nous remarquons dernièrement que dans certains cas, des migrants d’Afrique de l’Ouest arrivaient aussi de Tunisie. Par exemple, parmi les 296 migrants partis de l’archipel des Kerkennah (en Tunisie) et secourus en mer le vendredi 25 mai, on dénombrait environ 200 Tunisiens et 70 migrants originaires de pays d’Afrique de l’Ouest, en particulier de la Côte-d’Ivoire. Nous étudierons plus en détail ce nouveau phénomène car il semblerait que certains passeurs organisent des voyages depuis le Niger vers la Tunisie, en passant par l’Algérie et en évitant la Libye », a-t-il ajouté.

La plus grande opération de sauvetage s’est déroulée le samedi 26 mai à Augusta (Sicile), où le navire des garde-côtes italien, le Dattilo, a débarqué plus de 720 migrants. Parmi eux se trouvait le corps d’un homme décédé pendant la traversée. D’après les témoignages, il était déjà très faible et malade avant le départ et n’a pas survécu au voyage.

« Tous les migrants arrivés à Augusta provenaient de Libye. Il y avait de nombreux Africains de l’Ouest ainsi que des migrants originaires de la corne de l’Afrique », a déclaré Flavio Di Giacomo.

« Le personnel de l’OIM au point de débarquement a recueilli des témoignages tragiques de migrants devenus victimes de maltraitance et de violence. Dans l’un des cas, nous avons rencontré un migrant guinéen qui était détenu par un groupe armé libyen dans un centre non officiel près de Bani Walid », a poursuivi M. Di Giacomo. « Il était torturé tous les jours et des photos de ses blessures étaient envoyées à sa famille pour obtenir une rançon de 8 000 dinars. Ils lui ont cassé le pied, brûlé le coude avec un fer et coupé le doigt avec une perceuse. Après huit mois de supplice, ils ont fini par l’abandonner, le laissant pour mort dans une rue, car sa famille ne pouvait par payer l’argent demandé. »

« Ces histoires sont malheureusement assez courantes. De nombreux migrants, même ceux qui débutent leur voyage en tant que migrants économiques, voient leurs droits fondamentaux bafoués en chemin », a insisté M. Di Giacomo.

Les arrivées en Italie pendant les premières semaines de mai représentent environ 10 pour cent du volume de mai 2017 et 11 pour cent de celui de mai 2016 (voir tableau ci-dessous).

Dans les eaux espagnoles, à ce jour en 2018, Ana Dodevska, de l’OIM à Madrid, fait état de 2 880 migrants ayant été secourus sur l’itinéraire de la Méditerranée occidentale pendant les 27 jours du mois, contre 835 pour tout le mois de mai l’an dernier. Ce chiffre porte à 7 507 le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants ayant été secourus alors qu’ils tentaient d’entrer en Espagne par la mer cette année (voir tableau et graphique ci-dessous).

Le nombre d’arrivées en Espagne en 2018 correspond à celui de 2017 mais dépasse de loin celui des années précédentes. En effet, les 7 572 dépassent les chiffres de 2015 et arrivent presque à égalité avec ceux de 2016 (voir tableau ci-dessous).

L’Espagne a également dépassé le nombre de migrants morts en mer en 2017, qui s’élève à 235 en date du 27 mai 2018, soit plus que ces quatre dernières années. Les décès dans ces eaux augmentent chaque année, ils ont presque doublé entre 2014 et 2015, puis de nouveau entre 2016 et 2017. Enregistrant le total de 2017 - 224 hommes, femmes et enfants morts noyés - en moins de cinq mois en 2018, il est possible que ce total double à nouveau pour la troisième fois de ces cinq dernières années (voir tableau ci-dessous). 

 

Plus récemment, quatre personnes ont trouvé la mort et environ 14 ont disparu lorsque leur embarcation a chaviré le 24 mai au large des côtes de Kenitra, au Maroc. Douze survivants ont réussi à nager vers le rivage tandis que les corps de deux hommes et de deux femmes de nationalité marocaine ont été ramenés sur la plage de Ben Mansour.

A travers le monde, le Projet de l’OIM sur les migrants disparus (MMP) fait état de 1 178 décès ou disparitions de migrants à ce jour en 2018 (voir tableau ci-dessous). Dans la Méditerranée seulement, 655 migrants ont péri depuis le début de l’année, soit un millier de moins que le nombre de décès enregistrés à cette date l’an dernier (voir tableau ci-dessous).

Dans la Méditerranée centrale, le corps d’un jeune homme a été ramené à terre à Syracuse le 26 mai par le Dattilo, le navire des garde-côtes italiens. D’après les témoignages des rescapés, il était faible et malade avant de quitter la Libye et n’a malheureusement pas survécu au voyage.

D’autres décès ont été ajoutés à la base de données du MMP depuis vendredi dernier.

En Europe, le corps d’un jeune migrant a été retrouvé le 25 mai dans un cours d’eau près du Col de l’échelle, le long du dangereux itinéraire entre l’Italie et la France qui traverse les Alpes. Il s’agit du troisième corps retrouvé dans cette zone ces deux dernières semaines. En Afrique du Nord, le corps d’un migrant guinéen a été retrouvé le 26 mai dans une forêt près de la frontière de Melilla, à Nador, au Maroc.

Dans l’Etat de Veracruz, au sud du Mexique, un migrant hondurien est mort après être tombé d’un train de marchandises dans la ville de Tierra Blanca El Viejo. Ce tragique accident s’est déroulé le 26 mai, le quatorzième décès à bord d’un train de marchandises enregistré au Mexique depuis le début de l’année. En Libye, au moins 15 migrants ont été tués par des passeurs dans la ville de Bani Walid, le 23 mai. Ils leur ont tiré dessus alors qu’ils tentaient de fuir. Vingt-cinq autres migrants ont été blessés et ont nécessité des soins pour des blessures par balle.

En outre, le MMP a enregistré trois décès à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Le corps d’un homme a été retrouvé par les autorités américaines le 24 mai à Laredo, au Texas, tandis que les autorités de la protection civile mexicaines ont découvert un autre corps à Nuevo Laredo, au Mexique. Le même jour, le corps d’un autre migrant a été retrouvé près du pont international Reynosa-Hidalgo. Les identités des victimes sont actuellement inconnues.

Les données du MMP sont compilées par le personnel de l’OIM mais proviennent de sources diverses, dont certaines ne sont pas officielles. Pour en savoir plus sur la collecte de données sur les migrants disparus, cliquez ici (en anglais).

Dernière infographie sur la Méditerranée : ici
Pour consulter les dernières données sur les arrivées et les décès de migrants en Méditerranée, rendez-vous sur : http://migration.iom.int/europe   
Pour en savoir plus sur le Projet sur les migrants disparus : http://missingmigrants.iom.int  

Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Joel Millman, OIM Genève, Tel : +41.79.103-8720, Email : jmillman@iom.int    
Mircea Mocanu, OIM Roumanie, Tel :  +40212115657, Email : mmocanu@iom.int   
Dimitrios Tsagalas, OIM Chypre, Tel : + 22 77 22 70 ; E-mail : dtsagalas@iom.int   
Flavio Di Giacomo, Bureau de coordination de l’OIM pour la Méditerranée, Italie, Tel : +39 347 089 8996, Email : fdigiacomo@iom.int 
Hicham Hasnaoui, OIM Maroc, Tel : + 212 5 37 65 28 81, Email : hhasnaoui@iom.int   
Kelly Namia, OIM Grèce, Tel : +30 210 9919040, +30 210 9912174, Email : knamia@iom.int     
Julia Black, OIM GMDAC à Berlin, Tel : +49 30 278 778 27, Email : jblack@iom.int
Christine Petré, OIM Libye Tel :  +216 29 240 448, Email : chpetre@iom.int    
Ana Dodevska, OIM Espagne, Tel : +34 91 445 7116, Email : ADODEVSKA@iom.int  
Myriam Chabbi, OIM Tunisie, Tel mobile :  +216 28 78 78 05, bureau :  +216 71 860 312 Ext. 109, Email : mchabbi@iom.int