Communiqué
Global

Arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée en 2018 : 12 983 ; décès en mer : 495

Genève - D’après l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, 12 983 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer pendant les 11 premières semaines de 2018, dont environ 47 pourcent en Italie et le reste réparti entre la Grèce (30%), l’Espagne (22%) et Chypre (moins de 1%). A la même date en 2017, ils étaient 21 058 à aborder les côtes européennes.

Kelly Namia, de l’OIM à Athènes, a rapporté samedi qu’un bateau a chaviré au large de l’île d’Agathonisi et que trois personnes ont été secourues tandis que 16 corps ont été repêchés par les garde-côtes helléniques. D’après les autorités, au moins trois personnes restent portées disparues. Sur les 16 corps repêchés, neuf étaient des enfants.

Trois rescapés (deux femmes et un homme) ont réussi à atteindre le rivage. D’après les garde-côtes helléniques, huit victimes étaient originaires d’Afghanistan, six d’Iraq et deux n’ont pas été identifiées. Parmi les enfants, cinq étaient originaires d’Afghanistan et quatre d’Iraq.

Selon le Projet de l’OIM sur les migrants disparus (MMP), il s’agit du premier incident dans la Méditerranée orientale depuis le 25 décembre 2017, soit une période de 85 jours sans victime sur cet itinéraire, qui avait fait 850 morts en 2015.

D’après Julia Black, il ne s’agit toutefois pas du plus grand écart enregistré entre deux incidents mortels. Entre le 24 avril et le 27 juillet l’an dernier - soit 101 jours - l’OIM n’avait enregistré aucun décès sur cet itinéraire. Ces longues périodes sans incident mortel ont fait de l’itinéraire maritime reliant la Turquie à la Grèce un passage très peu meurtrier entre le 20 mars 2017 et le 20 mars 2018.

Au cours des 365 derniers jours, 79 hommes, femmes et enfants sont morts sur l’itinéraire de la Méditerranée orientale, soit moins d’un tiers du total de victimes décédées sur l’itinéraire de la Méditerranée occidentale entre l’Afrique du Nord et l’Espagne (285), qui a recensé moins d’arrivées pendant cette période mais beaucoup plus de décès.

En comparaison, pendant les 365 derniers jours, 2 700 migrants au total ont perdu la vie sur l’itinéraire de la Méditerranée centrale reliant l’Afrique du Nord à l’Italie, itinéraire où l’on recense le plus d’arrivées. Néanmoins, d’après le MMP, les décès sur l’itinéraire de la Méditerranée orientale se produisent à un rythme d’un pour 623 arrivées, contre un décès pour 45 arrivés en Méditerranée centrale et un pour 92 arrivées en Méditerranée occidentale.

Entre le 14 et le 17 mars, les garde-côtes helléniques ont fait état de trois incidents supplémentaires ayant nécessité des opérations de recherche et de sauvetage au large des îles de Kos et de Lesbos. Les garde-côtes ont secouru 140 migrants et les ont transférés vers les îles respectives. Ces rescapés, en plus de 240 autres migrants arrivés à Rhodes et à Samos, portent le nombre total d’arrivées par la mer en territoire grec à 3 948 en date du 17 mars (voir tableau ci-dessous), soit en moyenne un peu plus de 50 par jour. Ils étaient près de 50 par jour à arriver en Grèce au mois de mars.

Flavio Di Giacomo, de l’OIM à Rome, a signalé lundi que le navire Proactiva (de l’ONG OpenArms) était arrivé à Pozzallo samedi avec 216 migrants à bord. Depuis, le navire a été placé sous séquestre, sur ordre du procureur.

D’après Flavio Di Giacomo, l’ONG a signalé qu’un navire des garde-côtes libyens avait menacé de tirer sur ses bateaux de sauvetage s’ils ne débarquaient pas les migrants secourus dans les eaux internationales. L’ONG a refusé d’obtempérer. D’après les médias, le navire aurait été saisi car les membres d’équipage sont accusés d’association criminelle favorisant l’immigration illégale. « Il semblerait qu’ils aient commis le crime de solidarité », a déclaré l’un des avocats représentant le capitaine du navire.

Les statistiques du Ministère italien de l’intérieur indiquent que les flux de migrants depuis l’Afrique du Nord à la fin de l’hiver sont toujours bien inférieurs à ceux des deux précédentes années. A ce jour ce mois-ci, moins de 1 000 hommes, femmes et enfants sont arrivés en tant que migrants irréguliers, soit moins d’un tiers des arrivées de 2017 et moins d’un cinquième des arrivées de 2016 (voir tableau ci-dessous).

Cette année, Ana Dodveska de l’OIM en Espagne, fait état de 2 827 hommes, femmes et enfants secourus dans les eaux de la Méditerranée occidentale en date du 18 mars. En mars 2017, ils étaient 2 426. L’OIM a enregistré 118 décès par noyade sur cet itinéraire en 2018, soit un peu plus de 10 par semaine. Pour toute l’année 2017, l’OIM a recensé 223 décès de migrants irréguliers dans la méditerranée occidentale, soit un peu plus de quatre par semaine.

Maysa Khalil, de l’OIM en Libye, a rapporté lundi que les sauvetages/interceptions par les garde-côtes libyens depuis début 2017 s’élevaient à 24 189, dont 3 399 pendant les 11 premières semaines de 2018 (voir graphique ci-dessous).

En outre, l’OIM en Libye a indiqué que les rescapés de ces opérations provenaient de 40 pays différents, dont le principal est le Nigéria, avec 2 566 de ses citoyens enregistrés comme secourus dans les eaux libyennes. Quelque 1 845 autres provenaient du Mali. Parmi les autres pays d’origine figurent : la République centrafricaine (1 595 migrants), le Maroc (I 150), le Sénégal (1 064), le Soudan (1 008), l’Erythrée (949), la Côte-d’Ivoire (860), la Guinée-Conakry (855), la Gambie (826), le Bangladesh (695), le Cameroun (564), le Ghana (529), la Somalie (441), la Syrie (256), la Sierra Leone (227), le Pakistan (177), le Niger (141), la Tunisie (81), le Tchad (48), le Togo (30), le Népal (11) et le Yémen (3) (voir graphique ci-dessous).

D’après le MMP, les décès le long des trois itinéraires méditerranéens - 495 en date du 18 mars - représentent une baisse d’environ 9 pourcent par rapport à la même date en 2017, lorsque 544 migrants morts noyés ou portés disparus avaient été recensés dans les eaux entre l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Italie.

Parmi ces 495 victimes, l’ONG espagnole Caminando Fronteras recense 12 migrants qui ont péri cette semaine dans la mer d’Alboran, entre le Maroc et l’Espagne. La Marine marocaine a également secouru 22 personnes lors de la même opération le 12 mars et a repêché 12 autres corps d’un bateau en perdition. Le MMP signale également que le 28 février, les garde-côtes algériens ont découvert le corps d’un homme à cinq miles marins au nord-est de la Plage de Bouzedjar. Il s’agit du huitième corps retrouvé dans la zone en février.

A travers le monde, le MMP fait état de 779 décès de migrants en 2018, contre 1 100 à la même période l’an dernier (voir tableau ci-dessous).

Outre les dernières noyades dans la Méditerranée, le MMP a signalé que deux migrants sont morts et sept autres ont été blessés dans un accident de la route dans la ville de Xanthi, située au nord de la Grèce, le 17 mars. Le MMP a également rapporté qu’en Asie du Sud-Est, un homme a été tué par l’explosion d’une mine terrestre à la frontière entre le Myanmar et le Bangladesh le 15 mars, tandis que sa femme et ses quatre enfants ont été blessés.

Le 19 mars, les corps de deux migrants vietnamiens ont été découverts sur une plage de la côte est de Taïwan, tandis que cinq survivants ont été secourus par les garde-côtes taïwanais. L’un d’eux serait mort alors qu’il recevait des soins.

L’équipe du MMP a également enregistré un décès entre l’Afrique de l’Ouest et l’Espagne : le 16 mars, le corps d’un migrant a été retrouvé près de la Playa de la Madera, à Lanzarote, dans les îles canaries.

Les données du MMP sont compilées par le personnel de l’OIM mais proviennent de sources diverses, dont certaines ne sont pas officielles. Pour en savoir plus sur la collecte de données sur les migrants disparus, cliquez ici (en anglais).

Pour consulter les dernières données sur les arrivées et les décès de migrants en Méditerranée, rendez-vous sur : http://migration.iom.int/europe
Pour en savoir plus sur le Projet sur les migrants disparus : http://missingmigrants.iom.int

Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Joel Millman, OIM Genève, Tel : +41.79.103-8720, Email : jmillman@iom.int
Mircea Mocanu, OIM Roumanie, Tel :  +40212115657, Email : mmocanu@iom.int
Dimitrios Tsagalas, OIM Chypre, Tel : + 22 77 22 70 ; E-mail : dtsagalas@iom.int
Flavio Di Giacomo, Bureau de coordination de l’OIM pour la Méditerranée, Italie, Tel : +39 347 089 8996, Email : fdigiacomo@iom.int
Hicham Hasnaoui, OIM Maroc, Tel : + 212 5 37 65 28 81, Email : hhasnaoui@iom.int
Kelly Namia, OIM Grèce, Tel : +30 210 9919040, +30 210 9912174, Email : knamia@iom.int
Julia Black, OIM GMDAC à Berlin, Tel : +49 30 278 778 27, Email : jblack@iom.int
Christine Petré, OIM Libye Tel :  +216 29 240 448, Email : chpetre@iom.int
Ana Dodevska, OIM Espagne, Tel : +34 91 445 7116, Email : ADODEVSKA@iom.int
Myriam Chabbi, OIM Tunisie, Tel :  +216 28 78 78 05, Mobile : +216 71 860 312 Ext. 109, Email : mchabbi@iom.int