Communiqué
Global

Arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée : 148 882 ; décès en mer : 2 793

Genève - D’après l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, au 22 octobre 2017, 148 882 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer. Plus de 75 pourcent sont arrivés en Italie et le reste est réparti entre la Grèce, Chypre et l’Espagne. A la même date l’année dernière, ils étaient 324 267.

D’après les chiffres officiels du Ministère italien de l’intérieur rapportés lundi 23 octobre par l’OIM à Rome, 111 166 migrants sont arrivés en Italie par la mer cette année, soit 25 pourcent de moins que l’année dernière à la même période. Les autorités italiennes ont aussi recensé l’arrivée de 1 286 Tunisiens au mois de septembre cette année, soit juste quelques dizaines de plus que les 1 357 Tunisiens arrivés pendant les huit précédents mois de 2017 (1er janvier - 31 août 2017).

D’après les estimations de l’OIM, 1 500 Tunisiens sont arrivés sur les côtes italiennes à ce jour en octobre, portant le nombre total de Tunisiens arrivés en Italie cette année à 4 100. Pour toute l’année 2016, 1 207 migrants irréguliers de Tunisie étaient arrivés en Italie par la mer, soit moins du tiers du total de cette année après 10 mois.

Myriam Chabi, de l’OIM à Tunis, a rapporté, lundi, que l’écrasante majorité de ceux qui quittent la Tunisie pour emprunter cet itinéraire émergent sont des ressortissants tunisiens, et non des Africains subsahariens ou des Bangladais et des Marocains couramment associés à l’itinéraire libyen des passeurs. D’après les données disponibles, a-t-elle déclaré, « du 9 octobre à ce jour, cinq opérations de sauvetage ont eu lieu, pour un total de 121 migrants. Seul un n’était pas ressortissant tunisien.

D’après l’OIM en Tunisie, le gouvernement tunisien prend la migration au sérieux avec l’intégration de la stratégie de migration nationale dans le plan de développement national 2016-2020.

Parmi les facteurs d’incitation en Tunisie figure le manque d’accès à l’éducation, aux soins de santé et à l’emploi. Il existe aussi une lassitude grandissante quant aux perspectives de réforme politique six ans après le début du printemps arabe, où le soulèvement régional a débuté. Autre facteur : la tradition tunisienne de longue date d’envoyer ses proches les plus brillants et prometteurs vers le Nord, en particulier en Italie et en France. « L’Europe a toujours été la Terre promise pour les classes vulnérables », a-t-elle expliqué. « Chaque mère rêve que sa fille épouse un « Zmegri » (migrant). Alors maintenant, les passeurs sont là ! Dans chaque café populaire, chaque quartier, quelqu’un vend ce rêve. »

Flavio Di Giacomo, de l’OIM en Italie, a fait état, lundi, des nouveaux chiffres du gouvernement sur les dix principales nationalités arrivant en Italie via l’itinéraire de la Méditerranée centrale reliant la Libye à l’Europe. Le Nigéria reste le pays qui envoie le plus de migrants, avec un peu plus de 17 000 arrivées enregistrées fin septembre. C’est quelque 10 000 de moins que l’année dernière au même mois.

La Guinée, le Bangladesh et la Côte-d’Ivoire arrivent en deuxième, troisième et quatrième position respectivement, enregistrant tous plus d’arrivées que pendant les neuf premiers mois de 2016. Suivent le Mali, l’Erythrée, la Gambie, le Sénégal et le Soudan, qui ont tous enregistré moins d’arrivées qu’à la même période l’année dernière. Au même titre que le Nigéria, l’Erythrée a enregistré environ 10 000 arrivées de moins qu’en 2016 et 30 000 de moins qu’en 2015.

Le Maroc, situé à la neuvième place, a enregistré deux fois plus de migrants cette année par rapport à l’année dernière. Le Ghana, à la dixième place, en a enregistré un peu moins (voir tableau ci-dessous).

Kelly Namia, de l’OIM à Athènes, a signalé, lundi, trois incidents qui se sont produits depuis mardi (17 octobre) au large des îles de Chios et de Rhodes, qui ont nécessité des opérations de recherche et de sauvetage. Les garde-côtes helléniques ont pu secourir 99 migrants et les ont transférés vers les îles respectives.

Kelly Namia a également signalé que 756 migrants ou réfugiés sont arrivés sur les îles grecques par la mer entre le 18 et le 21 octobre, portant le nombre total d’arrivées par la mer en Grèce à 3 187 pendant les trois premières semaines d’octobre et à 22 105 pour toute l’année à ce jour (voir tableau ci-dessous). 

Christine Petré, de l’OIM en Libye, a rapporté, lundi 23 octobre, que le corps d’un homme d’origine africaine a été retrouvé le 19 octobre par des locaux sur le rivage d’Al Maya, à l’ouest de Tripoli. Le 21 octobre, le corps d’un autre homme, qui serait aussi d’origine africaine, a été retrouvé sur le rivage à Khoms. Le lendemain, les corps de plusieurs autres victimes ont été découverts par le Croissant-Rouge libyen sur les plages de Khoms. Des pêcheurs locaux ont rapporté avoir aperçu les corps d’autres victimes en mer.

Aucun sauvetage ou interception n’a été signalé entre vendredi et lundi.

A ce jour cette année, 18 815 migrants ont été secourus/interceptés dans les eaux libyennes.

Avec le soutien de l’OIM à Bamako, le gouvernement malien a salué, vendredi dernier, le retour volontaire de 163 migrants maliens qui étaient bloqués en Libye. La majorité de ces Maliens rapatriés avaient entre 18 et 40 ans, mais quatre mineurs se trouvaient également à bord du vol de retour. Plusieurs personnes parmi les rapatriés étaient bloquées en Libye depuis des années, tandis que d’autres étaient déterminés à rejoindre l’Europe.

Abdullah, 30 ans, marié et un enfant, a raconté à l’OIM qu’il est arrivé en Libye en octobre dernier, espérant atteindre l’Italie. « J’ai décidé de retourner au Mali car la situation est difficile en Libye. Je n’oublierai jamais tout l’argent dépensé pour ce périple. Dans notre tentative de traverser la Mer Méditerranée, nous étions 137 personnes à bord d’un bateau. Vingt-sept ont survécu après le naufrage du bateau. Ils ont pris le moteur de notre bateau et nous ont abandonnés en mer. Nous avons passé trois jours en pleine mer, sans aide. J’ai vu des enfants et des femmes enceintes mourir. »

« La police libyenne nous a trouvés et incarcérés en prison à Griane. J’ai passé huit mois en prison, dans des conditions horribles. Parfois nous n’avions rien à manger et ils nous battaient tous les matins. J’ai été libéré après le paiement d’une rançon par mes parents. L’Ambassade du Mali en Libye et l’OIM m’ont aidé à rentrer au Mali », a expliqué Abdullah après avoir été secouru.

« Il m’est très difficile de voir que mes compatriotes se sont trouvés dans une telle détresse en Libye », a confié Salif Sidibe, délégué des Maliens à l’étranger et du Ministère de l’intégration africaine.

Et d’ajouter : « les 163 migrants étaient emprisonnés en Libye et ont été identifiés à l’Ambassade du Mali en Libye avant d’arriver à Bamako, grâce à l’aide de l’OIM. »

Cette année seulement, L’OIM a organisé quatre vols de retour au Mali, venant en aide à 600 Maliens de retour de Libye.

A travers le monde, le Projet de l’OIM sur les migrants disparus (MMP) a enregistré 4 757 décès de migrants en 2017. Dans la Méditerranée centrale, les corps de neuf personnes ont été découverts au large de la Libye ces cinq derniers jours : un corps a été découvert à Al Maya le 19 octobre et huit corps ont été retrouvés près de Khoms les 21 et 22 octobre. Un homme s’est également noyé hier au large des côtes de Melilla, en Espagne. Ces décès portent le nombre total de victimes dans la Méditerranée à 2 793 en 2017.

A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, un homme mexicain s’est noyé dans le Rio Bravo le 20 octobre, près d’Eagle Pass, au Texas. Au Mozambique, 11 Malawites ont perdu la vie et sept ont été blessés dans un accident de la route le 9 octobre dans le district de Tsangano, près de la frontière avec le Malawi.

En outre, le MMP a enregistré 29 Rohingyas qui se sont noyés dans le fleuve Naf alors qu’ils tentaient de traverser depuis l’Etat birman de Rakhine, pour trouver refuge au Bangladesh, entre le 31 août et le 20 septembre. Depuis le 31 août, 243 Rohingyas sont morts en tentant de traverser la frontière entre le Bangladesh et le Myanmar.

Les données du MMP sont compilées par le personnel de l’OIM mais proviennent de sources diverses, dont certaines ne sont pas officielles. Pour en savoir plus sur la collecte de données sur les migrants disparus, cliquez ici (en anglais).

Dernière infographie mise à jour pour la Méditerranée : http://migration.iom.int/docs/MMP/171024_Mediterranean_Update.pdf   

Pour consulter les dernières données sur les arrivées et les décès de migrants en Méditerranée, veuillez-vous rendre sur : http://migration.iom.int/europe   

Pour en savoir plus sur le Projet sur les migrants disparus : http://missingmigrants.iom.int  

 Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Joel Millman, OIM Genève, Tel : +41.79.103-8720, Email : jmillman@iom.int    
Mircea Mocanu, OIM Roumanie, Tel :  +40212115657, Email : mmocanu@iom.int   
Dimitrios Tsagalas, OIM Chypre, Tel : + 22 77 22 70 ; E-mail : dtsagalas@iom.int   
Flavio Di Giacomo, OIM Italie, Tel : +39 347 089 8996, Email : fdigiacomo@iom.int    
Kelly Namia, OIM Grèce, Tel : +30 210 9919040, +30 210 9912174, Email : knamia@iom.int     
Julia Black, OIM GMDAC à Berlin, Tel : +49 30 278 778 27, Email : jblack@iom.int    
Christine Petré, OIM Libye Tel :  +216 29 240 448, Email : chpetre@iom.int    
Ana Dodevska, OIM Espagne, Tel : +34 91 445 7116, Email : ADODEVSKA@iom.int