Communiqué
Global

« Agir maintenant sur la santé des migrants » : déclaration de l’OIM à l’Assemblée générale des Nations Unies

New York - L’organisme des Nations Unies chargé des migrations (OIM) a joint sa voix à l’appel lancé pour améliorer les soins de santé en Europe et en Asie centrale. 

Lors du premier des trois événements parallèles de l’OIM sur la santé à l’occasion de la 73ème Assemblée générale des Nations Unies à New York, jeudi 27 septembre, la Directrice régionale de l’OIM, Argentina Szabados, a fait remarquer que les maladies comme la TB, le VIH/sida et l’hépatite « n’ont pas de passeport et peuvent se déplacer d’un pays à un autre. » 

Mme Szabados, dont les bureaux couvrent l’Europe du Sud-Est, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, s’est exprimée lors d’un débat de haut niveau sur la position commune des Nations Unies en matière de lutte contre ces trois maladies, qui touchent des millions de personnes à travers la région. 

« Quatre personnes séropositives sur dix dans l’Espace économique européen sont des migrants », a-t-elle déclaré au panel d’experts au siège des Nations Unies. « Cette région est la seule où les cas de VIH sont en hausse, où la TB multirésistante érode les avantages en matière de santé et où les habitants sont plus exposés à l’hépatite virale. Cette constatation s’applique surtout à l’est de la région, et parmi tous les groupes vulnérables, les migrants sont les plus à risque. » 

Le thème du débat était centré sur l’accès aux soins de santé pour tous, en ne laissant personne au bord du chemin. Mme Szabados a fait remarquer qu’en plus d’être laissés pour compte, les migrants eux aussi abandonnent tout lorsqu’ils entreprennent des périples souvent dangereux : « ils quittent leur domicile, leur famille, leurs biens, leur culture, leur langue. Ils abandonnent parfois leur identité ou même leur propre vie. » 

Le débat était présidé par le Dr. Masoud Dara de l’OMS. Parmi les intervenants figuraient également le Dr. Nedret Emiroglu, Directrice de la Division des urgences sanitaires et des maladies contagieuses de l’OMS, et le Professeur Stanislav Spánik, Secrétaire d’Etat au Ministère de la santé de la République slovaque. 

Le Dr. Emiroglu a fait observer que malgré la baisse des taux de TB, les cas de TB multirésistante sont en hausse. 

« Un millier d’Européens contractent la TB chaque jour », a-t-elle déclaré. « Ce chiffre est inacceptable. En ce qui concerne le VIH, les chiffres sont encore plus préoccupants : deux millions de personnes vivent avec le VIH, dont 80 pour cent à l’est de la région et en Asie centrale. Seul un tiers des personnes séropositives reçoivent le traitement dont elles ont besoin. » 

Argentina Szabados a déclaré que le Pacte mondial sur la migration, qui sera ratifié par les Etats membres lors d’une session spéciale des Nations Unies qui aura lieu au Maroc en décembre, a donné au monde une approche centrée sur le migrant aux problèmes posés par la migration, y compris aux problèmes sanitaires « pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. » 

Faisant remarquer que la migration était aussi vieille que l’humanité, elle a souligné qu’il n’était ni réaliste, ni souhaitable de réduire la mobilité humaine et que les Etats membres devaient donc œuvrer en vue d’éradiquer ces maladies. 

« Nous ne devons pas diaboliser la maladie : nous devons soigner, informer et prévenir et nous devons donner aux migrants, en particulier aux jeunes, les outils pour se protéger. Outre la question des droits, qui est la plus importante, maintenir les migrants en bonne santé est tout à fait logique sur le plan économique », a-t-elle conclu.

Position commune de l’OIM sur le VIH, la TB et l’hépatite virale : liens avec la migration

Par le Dr. Jaime Calderon

Mettre fin à la tuberculose (TB), au VIH et à l’hépatite virale d’ici 2030 est l’un des Objectifs de développement durable (ODD) sur la santé et le bien-être. Il ne peut être atteint par le seul secteur de la santé. Un certain nombre de déterminants socioéconomiques et environnementaux ont un impact sur ces épidémies dans les pays d’Europe et d’Asie centrale, qui ne peuvent être traitées qu’à travers une action multisectorielle.

Au sein de la Coalition thématique des Nations Unies sur la santé et le bien-être en Europe et en Asie centrale, l’OMS Europe, en collaboration avec d’autres organismes des Nations Unies, a rédigé un document définissant la position commune des Nations Unies sur l’éradication de la TB, du VIH et de l’hépatite virale en Europe et en Asie centrale grâce à la collaboration intersectorielle.

Ce document reconnaît que malgré les améliorations substantielles en matière de santé dans la région européenne de l’OMS, notamment l’amélioration constante de l’espérance de vie, tous ne profitent pas de cette tendance, notamment les groupes marginalisés et vulnérables de la société, comme les prisonniers, les personnes sans domicile fixe, les usagers de drogues par injection, les victimes de traite et de violences à l’égard des femmes, les enfants, les jeunes, les migrants et les réfugiés, les travailleurs du sexe et les hommes ayant des relations homosexuelles.

En dépit du déclin rapide de l’incidence de TB à travers le monde, d’environ 5,3 pour cent par an depuis 2006, cette région connaît le taux le plus élevé de TB multirésistante du monde, avec à peine la moitié des patients soignés avec succès. La résistance antimicrobienne est également une inquiétude croissante pour le VIH et l’hépatite virale, menaçant la prévention et le traitement efficaces des conditions et faisant croître les coûts de traitement. La région européenne de l’OMS est la seule région où le nombre de nouvelles infections au VIH augmente de façon alarmante, de 75 pour cent depuis 2006, faisant croître le nombre de décès liés au sida.

La position commune soutient les liens entre les services pour les trois maladies et d’autres domaines, notamment la dépendance à l’alcool et à la drogue, la santé mentale, les violences faites aux femmes, la santé sexuelle et reproductive, l’insécurité alimentaire et la nutrition, tenant également compte des tendances de la migration et des dynamiques d’urbanisation.

Le processus de migration peut exposer les migrants, en particulier ceux qui se trouvent en situation de vulnérabilité, à des risques sanitaires associés aux dangereux périples, notamment l’exposition à des maladies infectieuses et contagieuses, à des facteurs de stress psychosociaux sévères, à la violence et aux mauvais traitements.

Les migrants ont également un accès limité à des soins réguliers et de qualité, et souffrent d’exclusion structurelle, de marginalisation, de discrimination et de nombreuses autres formes d’inégalités.

L’OIM recommande et met en œuvre des programmes globaux avec ses partenaires qui examinent les initiatives préventives et curatives qui peuvent profiter aux populations mobiles et à leurs communautés d’accueil. Les systèmes de soins de santé tenant compte des migrants sont une priorité de l’OIM et « Healthy migrants in healthy communities » est l’une des activités de l’OIM qui contribue au bien-être physique, mental et social des migrants.

La Coalition thématique des Nations Unies est un partenariat régional dirigé par l’OMS/Europe en vue de soutenir la réalisation de l’objectif 3 sur la santé et le bien-être pour tous, à tout âge, et des cibles relatives à la santé présentes dans d’autres ODD. Elle rend compte au Mécanisme régional de coordination des Nations Unies pour l’Europe et l’Asie centrale. L’un des 4 axes de travail de la Coalition thématiques est centré sur la TB et le VIH.

Le Dr. Jaime Calderon est un haut conseiller en matière de santé et migration du Bureau régional de l’OIM pour l’Europe du Sud-Est, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Joe Lowry, Bureau régional de l’OIM à Vienne, Tel. +43660 37765404, email : jlowry@iom.int