Migrant Stories

L’homme aux feuilles de bananier

Si la journée est bonne, Tzing, 47 ans, peut toucher trois dollars. Il pourrait en gagner un peu plus s’il pouvait planter et récolter le riz, mais il se remet de la tuberculose, et rester debout pendant de longues périodes lui est douloureux. De toute manière, peu de d’employeurs veulent recruter quelqu’un qui est atteint de tuberculose.

Alors, il ramasse des feuilles de bananier et en fait des « planches », à défaut d’un terme plus approprié. En une journée, il en fabrique une cinquantaine, qui lui rapportent 50 baht, c’est?à?dire un peu moins de deux dollars.

Tzing a traversé la frontière il y a 26 ans, laissant derrière lui les dangers de la guerre dans son pays natal, le Myanmar. Il a rencontré une femme du même groupe ethnique que lui, et ils ont une fille adorable de 13 ans qui aime le thaï et l’art. Elle espère que son père ira mieux et qu’elle pourra rester à l’école assez longtemps pour passer ses examens et faire des études supérieures. Son père aimerait qu’elle devienne enseignante.

Tzing, Yang et Boot Nong s’adorent. Ils prennent soin les uns des autres dans leur petite maison faite de feuilles de bananier et de tong tung située au bord de la route, exposée aux éléments. N’importe qui pourrait venir et s’approprier à tout moment le peu de biens précieux qu’ils ont accumulés. Une tempête ou une inondation les priverait de tout en quelques minutes.

Tzing a commencé un traitement contre la tuberculose en août. Il était malade depuis longtemps, mais il ne toussait pas. Il avait simplement mal au dos et aux jambes, si bien qu’à l’hôpital local, on ne l’a pas tout de suite soumis à un test de dépistage. On lui a fait des radios, et le diagnostic est tombé. Il s’est affaibli, et sa femme et sa fille ont dû s’acquitter des tâches physiques et difficiles, inquiètes de ce qu’elles pourraient apporter à manger à la fin de la journée. Mais trois mois après le début du traitement, Tzing a repris des forces et a pu cueillir des feuilles de bananier. 

Il rêve maintenant de redevenir cultivateur. Son visage s’illumine. « Ce que j’aime faire, c’est cultiver le riz. »