Migrant Stories

Choisir d'aller vers de nouveaux sites planifiés : les cas de Corail Cesselesse et de Tabarre Issa

Avec des tentes étalées sur une surface qui mesure
deux fois celle d'un terrain de foot, des rues
régulièrement tracées, un petit centre de
santé et un point de contrôle de la police
haïtienne que secondent des Casques bleus de l'ONU, Corail,
situé à 20 km au nord de Port-au-Prince la capitale
d'Haïti, présente l'aspect d'une véritable
petite ville en construction. C'est le nouveau lieu de
résidence de centaines de familles déplacées
victimes du violent séisme qui a détruit ce petit
pays de la Caraïbe, le plus pauvre du continent
américain.

Le déplacement massif des populations, l'apparition de
camps spontanés, étaient les deux conséquences
immédiates du tremblement de terre du 12 janvier  2010
qui a fait 300 000 morts et plus de 1,3 millions de sans-abri dans
le pays.

Le soir même de la catastrophe, des dizaines de milliers
d'Haïtiens ont afflué vers des places publiques, des
sites scolaires, des domaines publics et privés jusque
là non occupés.

De nombreuses maisons étant détruites et
endommagées, des dizaines de milliers d'haïtiens ont
été jetés à la rue au cours de cette
période de traumatisme qui a suivi le cataclysme. Le nombre
des déplacés n'a pas cessé de croitre, et les
abris provisoires se sont vite multipliés.

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target="" title="">Migrations Eté 2010

« Ma maison étant complètement
détruite, les enfants avaient terriblement peur. On n'avait
pas d'autre choix, il fallait à tout prix trouver un refuge
où qu'il soit », affirme Guilaine Lapointe qui tout de
suite après le 12 janvier a pris refuge dans la cour de
Saint Louis de Gonzague, une institution scolaire tenue par des
religieux.

Des places publiques non loin du palais présidentiel
détruit, des terrains de jeu étaient envahis par des
foules affolées.

Dans la panique qui a suivi le séisme, les
déplacés n'ont pas eu le temps de songer aux risques
que pouvaient représenter leur nouveau lieu de
résidence. L'aménagement des sites, et les conditions
du logement ont été tout simplement mis au second
plan. « Après le 12 janvier, le problème
était des blocs de béton sur nos tête et non la
pluie, d'ailleurs il ne pleuvait pas là-bas. On n'a pas
pensé aux inondations ou aux éboulements »,
confie Ronald Vital qui vit actuellement au camp Issa, à
Tabarre.

Réfugiées depuis la catastrophe au golf club de
Pétion-Ville, sur les hauteurs de Port-au-Prince, plusieurs
familles étaient en danger, comme environ 5 000 personnes de
ce camp de quelque 50 000 sinistrés, l'un des sept de la
capitale dévastée jugés à hauts-risques
par le gouvernement haïtien.

 

Vers la planification de nouveaux sites

Après le tremblement de terre, Haïti doit se
préparer à faire face à la saison des pluies,
des tempêtes tropicales sont attendues aussi. Plus de trois
mois après le séisme, beaucoup de centres
d'hébergement accueillant des dizaines de milliers de
personnes sont encore installés dans des endroits où
les risques d'inondation sont évidents. Pire, certains sites
sont difficiles d'accès, sur des terrains en pente, soumis
aux risques d'éboulement, comme la vallée de Bourdon,
sur la route de Pétion-ville, en contrebas.

Dans de telles conditions, il fallait à tout prix penser
à évacuer  d'urgence certains sinistrés
se trouvant dans des zones à risques, afin de leur offrir
des abris plus sûrs en cas d'éventuelles
intempéries.

Dans le cadre de la stratégie globale
élaborée conjointement par le Gouvernement
d'Haïti et la communauté humanitaire, cinq options
principales ont été identifiées :

Option 1 : La première option, la plus
préférable, est que les gens peuvent retourner dans
leurs maisons qui ont été évaluées et
considérées comme sûres. Cette option est
menée par le Gouvernement d'Haïti, en collaboration
avec des partenaires des Nations Unies, qui entreprend  des
évaluations structurelles des bâtiments, informe la
population sur les bâtiments considérés comme
sûrs, écoute les préoccupations des
communautés, répond à leurs besoins.

Option 2 : Les personnes peuvent aussi choisir de
retourner vers leur lieu d'habitation d'origine, même si
leurs maisons ont été détruites. Ce choix peut
impliquer la construction d'abri provisoire sur une parcelle de
terrain, ou le déplacement dans un site de proximité.
Cette option implique le déblaiement des débris dans
les zones affectées, par des ingénieurs du
Gouvernement d'Haïti, de l'Armée américaine et
des organisations internationales.

Option 3 : Quand les personnes n'ont pas la
possibilité de retourner chez elles, elles peuvent trouver
une famille d'accueil pour les héberger, des proches ou des
amis. Un grand nombre d'acteurs humanitaires sont impliqués
dans l'assistance aux communautés d'accueil.

Option 4 : Lorsque les personnes ne peuvent ni
retourner chez elles, ni se rendre dans une famille d'accueil,
elles peuvent rester dans le site ou elles se trouvent
temporairement. L'OIM et ses partenaires au sein du CCCM et des
autres clusters veilleront à ce que les services de base
soient fournis et que ces sites offriront des conditions
d'hygiène et de sécurité satisfaisantes.

Option 5 : Il se peut qu'aucune de ces quatre
premières options ne soit envisageable. Dans ce cas, l'OIM
fait partie d'un groupe d'organisation travaillant avec le
Gouvernement d'Haïti pour établir de nouveaux sites
dans les environs de Port-au-Prince.

Ainsi, deux sites ont été aménagés
dans la périphérie de Port-au-Prince comme à
Corail, à 20 km au nord de la ville, et à Tabarre,
une commune de la zone métropolitaine où se trouve le
camp Issa, un site dont la gestion est assurée par
l'organisation non gouvernementale Concern.

En moins de quinze jours en avril, près de 2 400
personnes ont été accueillies sur le site du camp
Issa à Tabarre, soit 512 familles. Durant la même
période, près de 1 300 familles avaient
déjà pris place sur le site de Corail qui compte
maintenant environ 5 000 personnes.   

La contribution de l'OIM  

L'OIM a pleinement contribué à la relocalisation
des déplacés.  L'organisation
spécialisée dans la gestion des déplacements
de populations a donné une assistance technique au
gouvernement dans la relocalisation des déplacés de
la vallée de Bourdon vers le site de Tabarre Issa,  et
ceux du Pétion-ville Golf Club vers Corail.

A travers son équipe de « site planning »,
l'OIM a fournit une expertise technique en matière
d'aménagement, d'organisation et de management de ces sites.
Pour le site de Corail, l'OIM a fait également office de
« manager de camp », en dernier ressort, durant la
période de déplacement des familles de
Pétion-Ville vers Corail entre le 10 et le 28 avril.

L'OIM a travaillé au respect des normes en vigueur en cas
de déplacements de populations, et veillé au respect
du droit des personnes déplacées. « Les
déplacements ont été des choix volontaires,
les gens disposaient de plusieurs options, des campagnes de
sensibilisation ont été menées avant la
relocalisation », selon Bertrand Martin, l'un des
responsables de communication de l'OIM à Port-au-Prince.

En effet, lors de d'exercice de relocalisation qui a eu lieu
vers Corail, l'OIM a joué un rôle important dans la
campagne d'information préalable au déplacement des
familles qui ont fait le choix de se rendre à Corail. Tout
d'abord en travaillant avec les représentants de la
communauté du camp du Pétion-Ville Golf Club
(COARPEC), les différentes options proposées aux
familles ont été présentées aux
familles se trouvant dans les zones à risque. Des visites
sur le site de Corail, organisées par l'OIM, ont permis aux
représentants de voir l'avancement des travaux
d'aménagement du site, d'émettre des remarques sur
les différents services proposés sur le site, 
qui ont été prises en compte dans la mise en
œuvre du processus de relocalisation.

Des points d'information ont également été
mis en place à Pétion-Ville, avec des employés
de l'OIM et des membres de COARPEC pour répondre aux
questions des familles concernées par la relocalisation. Ces
points exposaient des cartes du site de Corail, avec la
localisation de l'ensemble des services qui s'y trouvent et des
feuillets expliquant les différentes étapes du
processus de relocalisation. Ces matériels graphiques
servaient ainsi de support visuel aux employés
chargés d'informer et de sensibiliser les familles.

Le déplacement de la Vallée de Bourdon vers
Tabarre Issa a impliqué un processus analogue en amont. Les
équipes d'ingénieurs de l'armée
américaine avaient évalué des zones rouges
dans la Vallée de Bourdon, qui concernaient environ 500
familles. Des mobilisateurs communautaires ont mené un
travail de communication et de sensibilisation préalable
pour expliquer aux familles se trouvant dans ces zones les
différentes options, et expliquer le déroulement du
processus de déplacement vers le site de Tabarre Issa. La
campagne d'information menée par les mobilisateurs
communautaires a ainsi permis d'engager un dialogue avec les
familles, de diffuser des messages clairs et de contrecarrer les
fausses informations qui avaient pu circuler au sujet du processus
de relocalisation.

Pour Corail Cesselesse, durant les 18 jours qu'a duré le
déplacement des familles, l'OIM a été en
charge de l'accueil des familles sur le site de Corail et de la
coordination entre les différentes organisations qui
fournissent des services. Les équipes d'enregistrement de
l'OIM y étaient présentes pour donner une carte aux
chefs de famille, et les accompagner vers la parcelle du site
correspondante où une tente familiale avait
été préalablement installée par les
équipes du programme Shelter de l'OIM.

Dans une deuxième étape, les tentes devraient
faire place à des abris transitionnels ( T-Shelters ) en
dur, d'une taille de 12 à 18 m2, offrant plus de
résistance au vent et à la pluie.

« Je me sens mieux ici, c'est un lieu plus sûr, moi
et ma famille nous nous sommes installés depuis le mois
d'avril et nous nous portons bien » dit Rodrigue Paulinis.
« Il n'y a que le travail qui manque ici, mais je suis
prêt à y rester », ajoute le père de deux
enfants qui vit avec sa femme dans le camp de Corail.

Dans son rôle de coordinateur du groupe de travail
(cluster) sur la coordination et la gestion des camps, l'OIM
supporte l'American Refugee Committee, qui assure désormais
le rôle de camp gestionnaire à Corail. L'OIM supporte
aussi d'autres partenaires, près de 189 organisations, qui
de leurs côtés interviennent sur les 1 400 sites
dénombrés dans la capitale haïtienne.