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à la Réunion informelle de l'Assemblée Générale des Nations Unies sur « le changement climatique et les pays les plus vulnérables : l'impératif d'agir »

Merci M. le Président de me donner l'opportunité de
participer à cette importante discussion intégrant
dans le débat migration, changement climatique et
dégradation environnementale.

On estime que 10 millions de personnes ont été
déplacées en Afrique au cours des vingt
dernières années, et on s'attend à ce que 60
millions de personnes vont abandonner les régions
désertifiées de l'Afrique Sub-saharienne pour
l'Afrique du Nord ou l'Europe d'ici à 2020. Globalement, le
nombre de personnes qui pourraient être obligées
à se déplacer ou migrer d'ici à 2050 pour des
raisons liées au changement climatique ou à des
dégradations environnementales varie de 25 millions à
un milliard. Cet écart important entre les chiffres souligne
les besoins en recherche à la fois factuelle et
orientée sur l'élaboration de politiques
pertinentes.

Plusieurs facteurs climatiques et environnementaux (comme par
exemple le récent cyclone Nargis en Birmanie ou la
détérioration et la désertification des terres
agricoles dans la région du Sahel) peuvent soit contribuer
directement à la migration, soit y concourir en amplifiant
les risques de déficit alimentaire et de malnutrition, ainsi
que les risques de maladies transmises par les aliments. Tous ces
facteurs peuvent affaiblir le développement humain dans les
régions affectées.

Il est donc essentiel de promouvoir une approche
intégrée prenant en compte les besoins et les
intérêts des populations les plus vulnérables
pour assurer une cohérence programmatique dès le
départ. Voici quelques uns des points les plus importants
:

Continuer nos efforts en vue de développer un agenda
global pour la recherche et encourager le dialogue politique
à tous les niveaux qui prendra en compte, inter alia :

  • Les considérations humanitaires, comme par exemple les
    recommandations du groupe du travail du Comité permanent
    inter-agence (IASC) qui propose une analyse des écarts
    opérationnels et analytiques sur le changement climatique,
    la migration et le déplacement; Les résultats de ces
    recherches doivent nous permettre d'agir de manière
    ciblée.
  • Les considérations de développement, pour
    s'assurer que les interventions à long terme soient
    développées et mises en œuvre en
    parallèle avec les actions humanitaires immédiates ;
    La cohérence et la durabilité des actions est
    nécessaire pour induire les changements requis.
  • Les considérations de sécurité humaine,
    tel que l'impact du changement climatique sur la
    sécurité humaine des groupes vulnérables comme
    les femmes et les enfants ou tel que l'identification des
    situations où les mouvements de population risquent
    d'augmenter la compétition pour des ressources
    déjà rares;
  • D'autres considérations qui incluent en particulier la
    santé, les droits de l'Homme ainsi que des
    considérations économiques et sociales.

M. le Président, le changement climatique et les
dégradations de l'environnement vont avoir un impact
différent sur les femmes et sur les hommes au-delà
des effets liés à la situation géographique et
au niveau de développement. Il est reconnu que les hommes et
les femmes affrontent des vulnérabilités
spécifiques et que beaucoup de femmes vivent dans des
conditions d'exclusion sociale. Prenant en compte le fait que les
effets du changement climatique concernent principalement les
populations les plus pauvres, et que la majorité des pauvres
du monde sont des femmes, en particulier en milieu rural, les
femmes sont les personnes les plus vulnérables aux effets du
changement climatique. Les femmes et les enfants sont 14 fois plus
à risque de mourir dans une catastrophe que les hommes. Les
études montrent que ces différences sont liées
directement aux droits économiques et sociaux des femmes.
Par exemple, un système de santé fragile ne pouvant
gérer les situations d'urgence expose les femmes à
des dangers accrus de maladies par manque d'accès aux
services sanitaires. Comment les pays peuvent-ils prendre en
comptes ces éléments en formulant les programmes
nationaux de création de capacités.

Il est donc nécessaire de se concentrer d'avantage sur
des interventions plus préventives et proactives dans la
gestion des catastrophes et l'adaptation à la
dégradation graduelle de l'environnement. Notre objectif
ambitieux devrait être de doter partout les
communautés, et en particulier les femmes, du savoir et des
outils disponibles pour se préparer à faire face aux
pires effets du changement climatique, pas après qu'ils
aient eu lieu, mais bien à l'avance. A cet égard,
j'aimerais insister pour que nous prenions en compte le fait que la
migration n'est pas seulement la conséquence du changement
climatique, mais aussi une stratégie pour y faire face.

La mobilité humaine devrait en effet être
considérée comme un élément à
part entière de cette approche globale et la migration
devrait être intégrée dans les discussions
mondiales sur le changement climatiques et les politiques qui les
accompagnent.

Finalement, M. le Président cette approche
intégrée nécessite un niveau de
coopération, de dynamisme et de créativité
sans précédent de la part des tous les partis
concernés, et l'OIM est prêt à continuer
à participer à cet effort dans un esprit de
coopération, reconnaissant la nécessité d'agir
ensemble.

Merci.