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High-level Conference on Combating Trafficking in Human Beings, Especially Women and Children: Prevention - Protection - Prosecution

Mesdames, Messieurs,



J’ai pris l’habitude de centrer mes propos sur les
aspects positifs de la migration et les retombées positives
de ce phénomène humain mondial et historique sur les
migrants et les sociétés concernées.
Aujourd’hui, cependant, nous examinons la face sombre de la
migration: l’exploitation et les mauvais traitements
infligés aux plus vulnérables de tous les migrants:
les enfants des deux sexes.



Il n’existe pas de statistiques dignes de ce nom sur
l’étendue de la traite des enfants, et les estimations
à ce sujet sont extrêmement variables. Le
deuxième rapport annuel sur les victimes de la traite,
récemment paru, qu’ont produit l’OIM et le
Pôle régional de centralisation de l’information
à Belgrade (parrainé par le Groupe de travail du
Pacte de stabilité et l’OIM), se conclut par
l’observation selon laquelle les victimes de la traite, et
notamment les enfants, sont de plus en plus souvent livrées
au travail forcé, à la mendicité et à
la délinquance, mais aussi à l’exploitation
sexuelle ou à une combinaison des deux. Les statistiques
restent évasives en raison du caractère clandestin de
la traite et de l’absence de données comparables.



Il existe tout un ensemble de raisons qui justifient
l’absence de statistiques comparables. En ce qui concerne les
données relatives aux enfants, il convient de noter que
l’âge est souvent difficile à déterminer,
et que les données sont consignées sur la base de
l’âge de la victime lors de son identification, et non
lors de son recrutement. Parmi les victimes identifiées et
secourues en Europe du Sud-Est en 2003, 35 % étaient
âgées de moins de 18 ans lors de leur identification,
alors que 59 % d’entre elles n’avaient pas 18 ans
lorsqu’elles ont été recrutées. Par
conséquent, le nombre réel d’enfants victimes
de la traite est probablement supérieur à ce que nous
révèlent les statistiques.



Les enfants victimes de la traite – garçons et filles
– subissent fréquemment différentes formes
d’exploitation, parmi lesquelles l’exploitation
sexuelle, le travail forcé, la mendicité et la
délinquance. Nous avons de bonnes raisons de croire que
l’exploitation des jeunes victimes est souvent progressive:
dès lors qu’ils ont vécu une première
situation d’exploitation, ils sont plus vulnérables
à d’autres types d’exploitation ou à une
exploitation répétée.



Permettez-moi d’évoquer brièvement ce que je
considère comme les aspects les plus préoccupants du
trafic d’enfants aujourd’hui.



Il existe d’énormes lacunes dans les processus
d’identification, et s’il n’y a aucune preuve
d’un accroissement du nombre des enfants victimes de la
traite à l’échelle mondiale, certaines ONG
affirment que la majorité des victimes sont encore dans
l’enfance lorsqu’elles sont recrutées. Si
l’attention reste mobilisée sur la traite aux fins
d’exploitation sexuelle, il serait bon d’en accorder
davantage à d’autres formes de traite dont sont
victimes les enfants, lesquels se trouvent fréquemment
contraints à la mendicité, au travail forcé ou
à des activités criminelles. Il est évident
que le nombre de cas signalésne reflète guère
la réalité, car, bien souvent, les enfants ne sont
pas reconnus comme victimes de la traite ou de
l’exploitation, mais plutôt désignés
comme des délinquants, et la distinction entre adultes et
adolescents reste encore trop rare.



Dans certains pays, la législation et la pratique en ce qui
concerne la traite restent ciblées sur les victimes
étrangères, alors que nous avons des indications
selon lesquelles le trafic interne d’enfants serait nettement
en hausse. Il faut accorder davantage d’attention aux enfants
victimes de la traite à l’intérieur des
frontières nationales.



Ici, en Europe, l’OIM et les autres institutions ont
observé une nouvelle tendance chez les trafiquants,
consistant à emmener les enfants avec leurs parents ou leur
mère, souvent aux fins de mendicité dans la rue. Il
peut s’agir d’un stratagème destiné
à contrecarrer les mesures prises par les autorités
ou simplement d’un moyen leur permettant de renforcer
l’emprise qu’ils exercent sur leurs victimes.



Il faut aussi mentionner le cas de plus en plus fréquent des
mineurs d’âge non accompagnés qui sont
interceptés à leur arrivée dans un État
de l’Union européenne et qui finissent pas
disparaître des centres d’accueil. Ont-ils
été victimes de trafiquants ? Nous ne le savons pas,
mais ce phénomène reflète les
complexités du phénomène migratoire mondial
actuel et la vulnérabilité particulière des
enfants. Cela devrait nous conduire à conclure que,
lorsqu’il y a doute sur le statut d’un enfant migrant,
l’État devrait assurer au moins le même niveau
de protection que pour ses propres nationaux. En bref, les
systèmes de protection de l’enfance devraient
être mieux appliqués au niveaunational pour
protéger plus efficacement les enfants et éviter
qu’ils ne deviennent des proies faciles pour les trafiquants
ou n’émigrent dans de mauvaises conditions de
sécurité.



N’oublions pas non plus les enfants que laissent
derrière elles les femmes victimes de trafiquants: eux aussi
sont victimes de ces derniers. Dans certains pays, plus d’un
tiers des femmes ayant été victimes de trafiquants
sont des mères célibataires qui, par souci de
pourvoir aux besoins de leurs enfants, les ont laissés
tomber aux mains des trafiquants.



Qu’il s’agisse d’un enfant contraint à
mendier dans les rues quelque part en Europe, d’une jeune
Asiatique forcée à se prostituer, ou d’un jeune
Africain arraché à sa famille et contraint à
prendre les armes, les formes extrêmes de traumatismes que
vivent ces enfants sont les mêmes: la séparation des
êtres chers et la privation d’accès à
tout système d’aide, l’humiliation
psychologique, l’exposition active et passive à la
violence physique et aux sévices sexuels. Et cette liste
n’est pas exhaustive. Chacun d’entre nous ici doit
faire tout ce qui est son pouvoir pour tenter de mettre un terme
à ces souffrances et faire en sorte que plus personne
n’ait à les subir.



À ce propos, je voudrais féliciter les participants
des forces de l’ordre qui ont pris part au stage de formation
organisé par le Ministère fédéral
autrichien de l’Intérieur et l’OIM, dans le
cadre de la lutte contre la traite des enfants, qui a eu lieu la
semaine dernière dans cette même ville de Vienne.
J’espère sincèrement qu’ils pourront
appliquer le savoirfaire acquis à cette occasion et
commencer ainsi à lutter efficacement contre cette forme
gravissime de criminalité qui vise les membres les plus
vulnérables de notre société. Jeprie
instamment toutes les personnes directement concernées de
faire usage du Manuel d’orientation mis au point dans le
cadre du projet AGIS.



En ce qui concerne l’OIM, je peux donner à chacun
d’entre vous l’assurance que nous continuerons, avec
nos partenaires, le combat que nous livrons maintenant depuis dix
ans contre la traite des êtres humains. Au cours des mois
à venir, dans le cadre de notre contribution au Dialogue de
haut niveau sur la migration, nous insisterons sur la
nécessité de prendre en compte la traite des
êtres humains en tant que problème migratoire central.
Plus tard cette année, à la demande du Gouvernement
du Bélarus, nous avons l’intention d’organiser
avec lui une conférence majeure dans la ville de Minsk, pour
y examiner un certain nombre de questions, parmi lesquelles celle
de la demande qui est à la base de la traite et de
l’exploitation. En parallèle avec l’action que
déploie notre organisation dans diverses enceintes
politiques mondiales pour lutter contre la traite des êtres
humains, les bureaux extérieurs de l’OIM dans plus de
70 pays collaborent avec les gouvernements, les forces de
l’ordre et les ONG sur le terrain.



J’aimerais exprimer mes profonds remerciements à la
Commission européenne et au Ministère
fédéral autrichien de l’Intérieur qui
ont assuré le financement de cet important projet, lequel
– j’en suis sûre – contribuera dans une
mesure significative à la protection de nos enfants.
À cet égard, j’aimerais également rendre
hommage à la présidence autrichienne de l’Union
européenne pour l’accent particulier qu’elle a
mis sur le problème de la traite des enfants. Je suis
également très reconnaissante aux autres partenaires
du projet, parmi lesquels le Ministère suédois des
Affaires étrangères, laPolice fédérale
belge, Europol et l’OSCE. Et bien entendu, je remercie nos
collègues de la mission de l’OIM en Autriche qui ont
tant contribué au succès de ce projet.



Pour faire une réelle percée dans la lutte contre la
traite des êtres humains, les gouvernements, les
organisations internationales et les ONG doivent collaborer
étroitement face au fléau de l’exploitation et
de la violation des droits fondamentaux qui concerne des domaines
divers tels que la lutte contre la criminalité
organisée, la migration, la santé, et le
développement. Dès l’instant où une
vraie coopération s’installe entre les partenaires,
les résultats positifs suivent. Le programme AGIS sur la
formation des forces de l’ordre aux questions touchant au
trafic d’enfants en est un exemple.



Continuons à unir nos efforts pour poursuivre plus
efficacement les trafiquants d’enfants et les faire condamner
et pour assurer une meilleure protection aux enfants de toutes les
nations.



Je vous remercie.

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