Communiqué
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OIM en Iraq : la Matrice de suivi des déplacements recense 133 302 personnes déplacées par les opérations à Mossoul

Iraq - Depuis l’offensive de Mossoul lancée le 17 octobre 2016 en vue reprendre la deuxième ville d’Iraq des mains des militants, la Matrice de suivi des déplacements de l’Organisation internationale pour les migrations a identifié 22 217 familles (133 302 individus) déplacées par les affrontements.

Après une trêve de deux semaines, les forces militaires et de sécurité iraquiennes ont lancé leur seconde offensive contre Daesh à Mossoul jeudi dernier (29 décembre 2016), en avançant dans trois directions vers les districts de l’Est où les combats sont enlisés.

Les forces iraquiennes ont repris 40 des 60 districts de Mossoul (60 pourcent de la ville) depuis le début des opérations mais ne sont pas encore entrées dans la partie ouest de la ville où environ 700 000 civils seraient bloqués et où l’accès pour les humanitaires est en grande partie impossible, tandis qu’ils se protègent des affrontements ou attendent un meilleur moment pour fuir.

Le site d’urgence de la piste d’atterrissage d’Al-Qayara, établi par l’OIM en coopération avec le Ministère du déplacement et de la migration (MoMD) accueille désormais plus de 13 164 déplacés internes (2 295 familles) occupant les 2 400 parcelles installées et équipées de structures sanitaires.

Plus des trois quarts des familles déplacées sont dans des camps et des sites gérés par le gouvernement, l’OIM et d’autres organismes des Nations Unies et partenaires, tandis que les familles restantes trouvent refuge à l’intérieur et à l’extérieur des camps, dans des familles d’accueil, des logements privés ou des bâtiments publics. Jeudi 5 janvier, l’OIM a indiqué que plus de 200 familles sont arrivées dans le camp d’Haj Ali. Ce sont les premiers déplacés à arriver à Haj Ali (un camp construit par l’OIM). Les besoins humanitaires des familles déplacées sont énormes à l’intérieur et à l’extérieur des camps, a déclaré Hala Jaber, chargée de presse de l’OIM basée à Arbil, en Iraq.

Pour aider les Iraquiens déplacés par les opérations à Mossoul, l’OIM fournit une aide humanitaire essentielle, notamment des abris, des articles d’urgence pour l’hiver et des services médicaux et psychosociaux à plus de 240 000 personnes dans les zones récemment reprises et celles présentes dans les camps et les sites d’urgence.

Cette semaine, pendant deux jours, l’OIM a distribué 40 litres de carburant à chacune des 1 500 familles à Qayyarah. La semaine dernière, l’OIM a distribué du carburant aux déplacés internes hors des camps à Nimrud. A cet endroit, 300 familles ont chacune reçu un baril de 200 litres de kérosène pour faire face aux deux prochains mois d’hiver.

Bon nombre ont déclaré qu’ils n’avaient pas reçu de carburant depuis leur déplacement et qu’ils en étaient réduits à cuisiner en faisant du feu de bois, par manque de kérosène. Mme Jaber a fait remarquer que d’autres distributions avaient eu lieu dans la zone, notamment des couvertures (131 298), des matelas (77 688), des tapis (12 948) des sets de cuisine (12 948), des plaques de cuisson (12 948), des radiateurs (20 668), des lanternes rechargeables (21 883) et des jerricans (12 948). 

D’après les données de la DTM de l’OIM, entre le 29 décembre et le 5 janvier, 2 657 nouvelles familles de déplacés internes (15 942 personnes) ont été enregistrées. Environ 88 pourcent des déplacés internes actuels (115 968) sont hébergés dans des camps ou des sites d’urgence. La vaste majorité (98 pourcent ou 129 990 personnes) est concentrée dans le gouvernorat de Ninive.

L’OIM, les clusters et les partenaires continuent de préparer des espaces et d’organiser des services pour les familles vulnérables qui nécessitent un abri sûr et digne. Dans le pire des scénarios, la crise pourrait déplacer jusqu’à un million de personnes, dont 700 000 qui pourraient avoir besoin d’un abri d’urgence, d’aide non alimentaire, de soutien médical et de moyens de subsistance, a déclaré Hala Jaber de l’OIM.

Pour plus d’informations, veuillez contacter l’OIM en Iraq, Hala Jaber Tel. +964 751 740 1654, Email: hjaberbent@iom.int or Sandra Black, Tel. +964 751 234 2550, Email: sblack@iom.int

« Après avoir survécu à des affrontements intenses, les familles se lancent dans l’entreprenariat en ouvrant des rôtisseries », par Hala Jaber.

Qayyarah – Il y a à peine un mois, les tentes érigées sur le site d’urgence de l’OIM le long de la piste d’atterrissage de Qayyarah étaient étrangement silencieuses et inoccupées, oscillant dans les forts vents d’hiver. Puis les 100 premières familles de déplacés sont arrivées.

Quatre semaines plus tard, la piste d’atterrissage de Qayarrah accueille 2 214 familles (13 145 personnes), tandis que la population du camp tentaculaire augmente avec l’arrivée de déplacés internes iraquiens à un rythme soutenu.

La capacité du camp de 10 000 parcelles est même en phase d’expansion pour accueillir 7 500 déplacés supplémentaires. En outre, le camp proche d’Haj Ali de l’OIM a accueilli cette semaine ses premiers déplacés, 215 familles arrivées mercredi. L’expansion prévue permettra d’héberger plus de 105 000 personnes au total.

Au début, les résidents sont arrivés en état de choc, faisant difficilement face à leur déplacement et à l’adaptation à la vie dans le camp. Mais quelques semaines plus tard, les déplacés internes à Qayyarah montrent un certain talent d’innovation et de perspicacité, faisant des bénéfices en vendant des poulets rôtis à des milliers de déplacés dans le camp.

Tandis que bon nombre ne peuvent pas quitter le camp – et sont donc dans l’incapacité de trouver un emploi à l’extérieur – quelques débouchés existent pour ceux qui ont une âme d’entrepreneur.

Mohammed et Hussam sont deux d’entre eux. Chaque jour, ils se dévisagent de l’autre côté du chemin de terre qui sépare leurs rôtisseries concurrentes.

En milieu de matinée, une vingtaine de poulets sont alignés sur chacune des rôtissoires qui dorent et font croustiller leur peau, l’odeur du rôti se répand tandis qu’ils se préparent pour la vente. Le nombre de poulets (qui arrivent congelés de Turquie) est limité et la demande est plus élevée alors c’est la règle du « premier arrivé, premier servi » qui s’applique.

Mohammed, qui est la seule source de revenus de sa famille de 12 personnes (grands-parents, parents et frères et sœurs), reçoit une partie des bénéfices nets de l’homme d’affaires iraquien hors du camp qui fournit les poulets, le gaz et la rôtissoire.

C’est un bon revenu pour ce jeune de 21 ans qui vend aussi des sandwichs de shawarma de poulet avec du pain pita. Un assistant prend les commandes des personnes qui ont les moyens de payer 3 500 dinars iraquien par poulet.

On dit que la musique nourrit l’esprit et ce n’est pas différent pour les jeunes déplacés internes iraquiens à Qayyarah.

Après deux ans sans musique, sans télévision ou toute forme de divertissement, interdites par Daesh, la plupart des déplacés sont ravis de rattraper le temps perdu en écoutant les derniers titres de musiciens iraquiens et des chansons populaires. Le temps d’attente était parfois long, compte tenu du faible débit internet et du WIFI lent, mais pour les jeunes qui n’ont rien d’autre à faire, écouter leur propre musique, regarder les photos de leurs proches et se souvenir de chez eux valent la peine d’attendre.

Vous avez besoin de télécharger de la musique ou des photos sur votre téléphone ? Omar est votre homme. Grâce à son vieil ordinateur portable et une petite enceinte défectueuse, il diffuse des chansons populaires. Sur un étal à proximité, deux photocopieurs munis de scanneurs et d’imprimantes génèrent des copies de documents, de certificats et d’autres fichiers personnels nécessaires pour s’enregistrer ou accomplir d’autres formalités.

Etant donné que l’invention naît de la nécessité, même les enfants font preuve d’imagination. Les jeunes filles ont des cordes à sauter fabriquées en attachant des chiffons et des rubans épais pour faire une corde et en utilisant des bouteilles d’eau en plastique en guise de poignées.

D’autres jouent à Jackstones ou aux osselets en utilisant les petits cailloux près de leur tente, tandis que les garçons sont occupés à jouer à duck stones. Les femmes pétrissent et cuisent la pâte pour le pain tandis que les hommes déambulent autour du camp.