Communiqué
Global

. L’OIM se réunit avec des experts pour débattre de la migration environnementale et de la réintégration résistante au climat des migrants de retour

Rabat - En Afrique de l’Ouest, tout porte à croire que les défis environnementaux sont les moteurs de la migration depuis les zones rurales, où les moyens de subsistance dépendent grandement des ressources naturelles (agriculture, exploitation minière et pêche).

Dans le même temps, ces défis ont un impact sur la pérennité de la réintégration pour les migrants de retour, limitant leurs perspectives de subsistance et la disponibilité des ressources naturelles comme l’eau et la terre, et la nourriture.

Compte tenu de la nécessité urgente de répondre aux défis environnementaux auxquels sont confrontés les communautés d’origine en Afrique de l’Ouest, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a organisé un atelier les 3 et 4 juillet 2019 à Rabat, au Maroc, réunissant 45 experts, responsables politiques et universitaires venus d’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne et d’Europe pour débattre des possibilités d’intégrer les dimensions environnementales dans les activités de réintégration.

« Les moyens de subsistance dans certaines régions du monde dépendent essentiellement des ressources naturelles et lorsque ces ressources sont mises à rude épreuve par la désertification ou la sécheresse, c’est l’économie toute entière qui en fait les frais, ce qui peut mener à la migration. En agissant sur ces facteurs, nous pouvons non seulement traiter les causes profondes de la migration mais aussi garantir la réintégration durable des rapatriés », a expliqué Daria Mokhnacheva, chargée du programme de la Division Migration, environnement et changement climatique au siège de l’OIM.

L’atelier a été généreusement soutenu par le gouvernement français, le Fonds de l’OIM pour le développement et organisé en partenariat avec la Konrad Adenauer Stiftung (KAS).

Le Maroc est un pays aux dynamiques et difficultés migratoires et environnementales complexes en termes de rareté de l’eau et de création d’emploi, en particulier dans les zones rurales. Pendant la deuxième journée de l’atelier, les participants ont visité Swani Tiqa, une ferme agro-écologique créée et dirigée par des anciens membres de la diaspora marocaine dans la vallée de Shoul, près de Rabat.

« Ce qui est important, c’est de créer de l’emploi pour les populations locales. Et ce type de projets leur permet d’avoir un revenu garanti et fixe et donc de prospérer dans leur environnement sans avoir à se confronter au drame du départ », a déclaré Touriya Tarouj, propriétaire de Swani Tiqa. Son expérience et d’autres initiatives similaires sont actuellement étudiées par l’OIM au Maroc, dans le cadre d’un projet sur « la participation de la diaspora au développement de l’agroécologie au Maroc », appuyé par le Fonds de développement de l’OIM.

La visite a également permis un échange d’expériences entre Touriya Tarouj et les exploitants d’un autre projet agro-écologique similaire au Sénégal, qui ont assisté à l’atelier. Bellal et Aminata Sow, anciens membres de la diaspora sénégalaise, gèrent Sow Ranch, une ferme agro-écologique située à Kolda, qui est l’une des principales régions de retour des migrants au Sénégal. Parmi les 79 migrants de retour à Kolda interrogés par l’OIM en décembre 2018, 26 (32,9%) ont indiqué avoir quitté leur domicile en raison de la dégradation des ressources naturelles et 15 (19%) en raison des catastrophes naturelles. Sow Ranch s’associe actuellement à l’OIM pour accueillir des migrants de retour et les former aux pratiques agro-écologiques.

Ce partenariat a été établi dans le cadre du projet de l’OIM intitulé « Mainstreaming environmental dimensions into reintegration support to reduce the effects of climate change on migration in West Africa » financé par le gouvernement français, cadre dans lequel l’atelier a été organisé. Au titre de ce projet, l’OIM soutient la réintégration des migrants de retour grâce à la création d’emploi dans les secteurs qui contribuent à l’adaptation aux changements climatiques et à la réduction des risques de catastrophes, ainsi qu’à la diminution de la migration forcée résultant des impacts négatifs des changements environnementaux et climatiques.

Lors de l’atelier, les participants ont émis des recommandations pour les directives mondiales sur la réintégration durable des migrants de retour sur le plan écologique, que l’OIM est en train d’élaborer. Les participants ont également identifié des « projets verts » comme le recyclage, la collecte des déchets, l’agriculture écologique et la collecte d’eau de pluie, entre autres, en vue de s’adapter au changement climatique et de réduire la dégradation de l’environnement.

Les directives mondiales à venir donneront une orientation pratique et non-contraignante aux responsables politiques et aux professionnels pour promouvoir la réintégration comme moyen de lutter contre l’impact du changement climatique et des autres défis environnementaux dans les pays vers lesquels les migrants retournent, tout en contribuant à la réintégration durable des rapatriés.

Contribution du gouvernement français et de l’OIM au travail de la Plateforme sur les déplacements liés aux catastrophes, le projet est une réponse innovante aux engagements politiques internationaux visant à répondre aux moteurs environnementaux de la migration, tels que ceux pris dans l’Accord de Paris 2015 sur le climat lors de la COP21 et le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en 2018. Il traite également des engagements internationaux pris par l’Union européenne et les Etats africains lors du Sommet de Valletta sur la migration « 2015 » en vue d’ « améliorer la coopération sur le retour et la réintégration durable. »

Pour plus d’informations, veuillez contacter Hind Aïssaoui Bennani, Bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Tel. +221 33 869 62 00, email : haissaoui@iom.int

Ou rendez-vous sur : https://environmentalmigration.iom.int/