Communiqué
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L’OIM lance une étude sur la prévalence de la traite et de l’exploitation le long des itinéraires de migration en Méditerranée orientale

Suisse - D’après l’OIM, 1 personne migrante ou réfugiée interrogée sur 10 a répondu par l’affirmative à un indicateur de présence de traite et d’autres pratiques d’exploitation le long des itinéraires migratoires en Méditerranée orientale.

Ce sont les premiers résultats de nouvelles opérations menées à bien dans six pays le long de cet itinéraire afin d’estimer la prévalence de comportements indiquant l’existence de traite et d’autres pratiques d’exploitation, qui représentent un grand danger pour les migrants et les réfugiés lors de leur périple. Bien qu’il y ait déjà eu des signalements ponctuels et des études qualitatives, il s’agit de la première étude qui tente de quantifier le problème.

Le sondage indiquant la prévalence de la traite et d’autres pratiques d’exploitation a été menée à bien dans le cadre des opérations de l’OIM de contrôle du flux de la Matrice de suivi des déplacements (DTM) depuis décembre 2015, auprès de quelque 2 400 migrants et réfugiés en Croatie, en Grèce, en Ancienne République yougoslave de Macédoine, en Hongrie, en Serbie et en Slovénie. Ses 21 questions ont été traduites en arabe, en dari, en pashto, en urdu, en français et en farsi. La collecte des données est en cours et l’OIM souhaite régulièrement partager des informations qualitatives sur la traite des personnes avec tous les acteurs concernées par la lutte contre la traite.

Quelque 7,2% des personnes interrogées ont répondu « oui » à au mois l’un des indicateurs de traite et d’autres pratiques d’exploitation en fonction de leur propre expérience directe, dont notamment : avoir travaillé pendant leur périple sans recevoir le paiement escompté, être forcé à accomplir des tâches contre leur gré pendant leur périple, être approché par un recruteur pendant leur périple, être approché par une personne proposant un mariage arrangé, être détenu dans un endroit contre leur gré pendant leur périple par des parties autres que les autorités gouvernementales compétentes.

Quelque 1,4% d’autres ont déclaré n’avoir pas été directement exposés à l’un des indicateurs de traite et d’exploitation mais qu’un membre de leur famille voyageant avec eux l’avait été. Ils sont 0,9% à avoir entendu parler de personnes ayant été approchées par quelqu’un proposant de l’argent contre le prélèvement de sang, d’organes ou d’une partie du corps.

Pour d’autres résultats, l’étude est disponible ici.

« Ces chiffres sont très inquiétants, en particulier à l’approche du million d’arrivées annuelles sur cet itinéraire », a déclaré Mathieu Luciano, responsable de l’unité d’aide aux migrants vulnérables, de l’OIM à Genève. « Etant donné que les crimes de traite et d’exploitation sont clandestins par nature, il est très probable que ces expériences ne soient que la pointe de l’iceberg. »

Les personnes interrogées ayant répondu positivement à l’un des indicateurs étaient en moyenne deux ans plus jeunes que ceux ayant répondu « non ». Ceux qui voyageaient seuls étaient plus susceptibles de répondre « oui » que ceux faisant partie d’un groupe. En outre, les pourcentages sont plus élevés chez les hommes que chez les femmes. Les Afghans, les Syriens et les Pakistanais seraient plus exposés que les autres nationalités.

L’OIM appelle les agences nationales et internationales du maintien de l’ordre et les acteurs humanitaires à réagir à ces informations et à accroitre leurs efforts visant à détecter les crimes de traite et d’autres pratiques d’exploitation, à identifier les victimes et à empêcher les populations vulnérables d’en être la proie. Les migrants et les réfugiés doivent être mieux informés sur leurs droits fondamentaux conformément au droit national et international et doivent pouvoir s’en prévaloir.

En plus de fournir une aide directe aux victimes de traite, l’OIM cherche à renforcer la capacité des acteurs de première ligne à s’assurer que les victimes de traite soient de plus en plus identifiées et renvoyées vers les services appropriées, en développant des programmes et des formations sur mesure.

L’OIM continue de recommander la présence d’experts de la lutte contre la traite aux points de transit clés, dans les centres d’accueil et dans les sites d’enregistrement. L’OIM cherche également à sensibiliser davantage les populations vulnérables aux facteurs de risques de traite, notamment par le biais d’applications mobiles.

Enfin, l’OIM et Interpol jouissent d’un partenariat de longue date et les deux organisations œuvrent ensemble en vue de garantir que les sujets de préoccupation mentionnés dans le domaine soient traités de manière appropriée.

Le sondage a été réalisé avec le soutien du Département de l’aide aux migrants de l’OIM. Les opérations de contrôle du flux de la DTM de l’OIM en Europe sont financées par le Service de l’UE à l’aide humanitaire et à la protection civile (ECHO), par la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC) et par le Département britannique pour le développement international (DFID). D’autres données des opérations de contrôle du flux de l’OIM sont disponibles sur http://migration.iom.int/europe/

Pour plus d’informations, veuillez contacter Harry Cook, OIM Genève, Tel: +41 227 179 502, Email: hcook@iom.int