Communiqué
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L’OIM lance un appel de 75 millions de dollars pour la catastrophe humanitaire imminente en RD du Congo

Kinshasa – L’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, lance un appel de 75 millions de dollars pour répondre aux besoins croissants des Congolais déplacés et des communautés qui les accueillent à l’est et au centre-sud des provinces du Nord et du Sud-Kivu, de Tanganyika et du Kasaï.

Ces derniers mois, les affrontements se sont propagés à des régions de RDC qui n’avaient jamais connu de telles violences depuis le conflit de 1994-2003, qui avait fait de nombreux morts. Cette violence et les hostilités à grande échelle entre les communautés ont provoqué le déplacement de 4,1 millions de personnes, faisant de la RDC le pays africain ayant le taux de déplacement de population le plus élevé.

La violence au Sud-Kivu, à Tanganyika et au Kasaï a déplacé quelque 2,5 millions de personnes et de nouveaux déplacements ont lieu quotidiennement au Nord-Kivu. En moyenne, plus de 44 000 personnes sont déplacées chaque mois. Le pays accueille également quelque 600 000 réfugiés en provenance des pays voisins, qui ont, eux aussi, besoin d’aide.

« Compte tenu du nombre de crises humanitaires en cours à travers le monde, la situation en RDC risque d’être ignorée alors qu’elle est en passe de devenir la plus grande urgence de 2018 », a déclaré Mohammed Abdiker, Directeur des opérations d’urgence de l’OIM, suite à une visite dans le pays la semaine dernière. « Un financement solide et une action concertée sont indispensables pour empêcher les souffrances déjà terribles de dépasser la capacité de la communauté humanitaire à faire face. »

« L’aggravation de la crise en RDC provoque une hausse de la malnutrition, de l’insécurité alimentaire et des épidémies de maladies comme la rougeole et le choléra, qui sollicitent la communauté humanitaire à l’extrême. Environ 13,1 millions de Congolais auront désespérément besoin d’aide humanitaire et de protection en 2018. L’accès au logement, à la nourriture, à l’eau salubre, à l’assainissement et à la santé est particulièrement préoccupant.

« En raison des affrontements actuels, l’accès aux nouveaux déplacés est un défi majeur pour l’OIM sur le terrain. Nos équipes doivent voyager jusqu’à quatre heures le long d’« itinéraires sûres » pour atteindre les communautés les plus nécessiteuses », a déclaré M. Abdiker.

Les enfants, les jeunes hommes, les femmes et les minorités ethniques font partie des groupes les plus touchés par la violence. Plus de 4 millions d’enfants de moins de cinq ans sont exposés au risque de malnutrition aigüe. Quelque 7,7 millions de personnes devraient subir les conséquences dévastatrices d’une urgence alimentaire aigüe, tandis que 10,5 millions ont un accès limité ou inexistant aux soins de santé. Environ 4,7 millions de femmes et de filles seront exposées à des violences dans les régions touchées par la crise en 2018.

« La montée des agressions sexuelles violentes contre les femmes en RDC est scandaleuse et montre une ressemblance frappante avec la prise pour cibles généralisée des femmes et des filles lors du conflit de 1994-2003. La communauté humanitaire doit faire tout son possible pour les protéger et venir en aide aux survivantes », a ajouté M. Abdiker.

Les personnes forcées à fuir leurs habitations et celle qui retournent dans des villages incendiés sont dans une grande vulnérabilité et ont urgemment besoin d’aide multisectorielle de la part de la communauté humanitaire, notamment en matière de protection (en particulier contre les violences faites aux femmes), d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH), d’éducation, de sécurité alimentaire et de santé.

En octobre, par l’intermédiaire du Comité directeur interinstitutions (IASC en anglais), la communauté humanitaire a déclaré une urgence de niveau 3 pour la situation au Sud-Kivu, à Tanganyika et au Kasaï, ce qui signifie qu’une augmentation de l’aide humanitaire, du financement et des capacités est nécessaire pour répondre aux besoins croissants.

L’appel de l’OIM fait plus largement partie du plan d’intervention humanitaire, qui devrait être publié prochainement. Les interventions de l’OIM seront centrées sur la coordination et la gestion des camps, le suivi du déplacement, les abris et la distribution d’aide d’urgence, les services WASH, les soins de santé et la protection, en particulier contre les violences faites aux femmes.

« Ce niveau historiquement bas de financement humanitaire est le principal facteur qui empêche les acteurs humanitaires de fournir une aide vitale en RDC », a conclu M. Abdiker. « Si nous n’obtenons pas le financement nécessaire, des milliers de Congolais déplacés et de communautés d’accueil seront privés d’une protection et d’une aide cruciales et de nombreuses vies seront perdues pour des raisons injustifiables. »

Vous pouvez consulter l’appel de l’OIM ici.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Olivia Headon, siège de l’OIM, Tel : +41794035365, Email : oheadon@iom.int

Jean-Philippe Chauzy, OIM Kinshasa, Tel : +243 827 339 827, Email : jpchauzy@iom.int