Communiqué
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L’OIM en Iraq publie les résultats de sa première évaluation nationale sur le déplacement et les retours

Iraq - Tandis que les opérations à Mossoul se poursuivent et que les organismes humanitaires prévoient que des milliers d’autres personnes fuiront les affrontements dans le gouvernorat iraquien de Ninive, une récente étude réalisée par la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’OIM en Iraq examine en détail le déplacement et les retours à travers le pays.

L’évaluation intégrée de lieu (ILA) est la première tentative de l’OIM d’analyser simultanément les déplacements et les retours des personnes touchées par le conflit au niveau national. Se centrer sur les deux types de population permet d’identifier les principales tendances de mouvements de population, d’évaluer les pressions que le déplacement forcé exerce sur certains gouvernorats et de dresser un portrait des conditions de vie, des besoins de base, des intentions et des vulnérabilités que partagent les déplacés internes et les personnes de retour.

L’évaluation a couvert 3 700 endroits à travers l’Iraq, où se trouvent environ 2,9 millions de déplacés internes et plus de 720 000 personnes de retour. Les entretiens ont été menés à bien auprès d’informateurs clés à chaque endroit, notamment auprès de représentants de la communauté d’accueil, de la population déplacée et de la population de retour. L’étude a été réalisée entre le 1er juillet et la mi-octobre 2016, apportant des informations essentielles à plus de 3,5 millions de personnes qui ont été touchées depuis le début de la crise en 2014.

Le rapport est divisé en deux parties : la première partie offre un aperçu thématique du pays autour de cinq axes, à savoir la population et les mouvements ; l’état des infrastructures ; les conditions sociales (y compris les problèmes de vulnérabilité et de protection) ; les conditions de vie ; et les intentions de chacun.

La deuxième partie présente les profils des 18 gouvernorats iraquiens ; les thèmes clés sont réexaminés au niveau des gouvernorats et des districts. L’attention est centrée sur les gouvernorats accueillant à la fois des déplacés internes et des populations de retour, déterminant le contexte et les dynamiques sociales de ces groupes.

D’après les conclusions de cette étude, l’accès au revenu est la principale préoccupation pour les deux groupes de population rapportée dans 65 pourcent des lieux accueillant des déplacés internes et dans 75 pourcent des lieux accueillant des déplacés de retour. Les difficultés à accéder aux moyens pour gagner leur vie se reflètent dans le pourcentage élevé de familles déclarant ne pas pouvoir accéder à la nourriture, aux articles non alimentaires et aux services de santé. Les prix sont trop élevés pour la plupart des déplacés internes et des déplacés de retour.

En outre, les abris restent l’un des besoins les plus pressants pour les deux groupes, bien que la catégorisation du problème soit différente. Dans la moitié des lieux de déplacement, les logements sont trop chers pour les déplacés internes et dans un tiers des lieux de retour, les déplacés de retour vivent dans l’insalubrité.

Le rapport souligne que l’intention à long terme des déplacés internes est de rentrer chez eux. Cependant, plus de la moitié d’entre eux déclarent vouloir rester dans leur lieu actuel pour l’instant. Les trois principaux obstacles du retour des déplacés sont : la situation peu sûre dans le lieu d’origine, le manque de logements (maison occupée ou très endommagée) et l’absence de services dans le lieu d’origine. A l’inverse, les trois principales raisons du retour des déplacés sont : la sécurité dans le lieu de retour, la possibilité de travailler/reprendre une activité économique et les conditions de vie générales.

S’agissant des inquiétudes identifiées en matière de protection, les plus urgentes et les plus fréquemment mentionnées par les déplacés internes sont les expulsions par le gouvernement et les problèmes de perte des autorisations de séjour et autre documents légaux.

Les personnes de retour s’inquiètent du risque d’arrestation arbitraire. La violence domestique est également mentionnée comme une inquiétude prioritaire en matière de protection, notamment de protection des enfants, par un grand nombre de familles de déplacés internes.

La première partie de l’ILA Part I: Thematic Overview, tout comme la deuxième partie Part II: Governorate Profiles, peuvent être téléchargées sur le portail de la DTM : DTM ILA portal page. La deuxième phase de l’ILA est actuellement déployée à travers l’Iraq et est centrée sur les dynamiques de cohésion sociale et de réintégration. Les résultats de l’évaluation seront présentés pendant l’été 2017.

« Cette évaluation à long terme réalisée par la DTM de l’OIM en Iraq aide à éclairer les opérations humanitaires et à établir un consensus entre les principales parties prenantes du gouvernement et des Nations Unies afin d’identifier les principaux besoins et priorités sectoriels. Alors que la crise à Mossoul se poursuit et de que milliers de civils continuent d’être déplacés, la communauté humanitaire doit à la fois répondre aux besoins urgents et participer aux efforts de reconstruction », a déclaré Thomas Lothar Wiess, chef de mission de l’OIM en Iraq.

Plus de 3 millions d’Iraquiens continuent d’être déplacés à l’intérieur du pays depuis janvier 2014. Même si le déplacement se poursuit, de plus en plus de personnes rentrent chez elles à travers le pays. En date du 30 mars 2017, la DTM a identifié plus de 1,6 million de personnes de retour depuis 2015.

Au 13 avril, la DTM a identifié plus de 327 000 individus actuellement déplacés, dont 173 000 au cours des derniers mois, en raison des opérations à Mossoul qui ont lieu depuis le 17 octobre 2016. Au total, la DTM a identifié plus de 424 000 personnes qui ont été déplacées par les opérations à Mossoul et plus de 97 000 sont rentrées chez elles.

Les derniers chiffres du suivi de l’urgence de la DTM concernant le déplacement provoqué par les opérations à Mossoul sont disponibles sur : http://iraqdtm.iom.int/EmergencyTracking.aspx 

Pour plus d’informations, veuillez contacter iraqdtm@iom.int ou Sandra Black: +964 751 234 2550, sblack@iom.int