Communiqué
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L’OIM appelle à une réponse coordonnée face à la situation qui empire en Libye et met en danger des milliers de migrants bloqués

Italie - Alors que la violence s’intensifie en Libye, l’OIM appelle les gouvernements du monde entier à agir rapidement face aux dangers croissants qui menacent les migrants. Plus de 1 600 personnes ont été secourues à bord de bateaux hors d’état de naviguer dans la Méditerranée depuis vendredi 13 février.

« C’est un signe clair que la situation en Libye devient incontrôlable. Nous le savons aussi parce que l’Italie et plusieurs autres nations ont déjà évacué leurs citoyens du pays », a déclaré William Lacy Swing, Directeur général de l’OIM, lundi 16 février. « Nous devons être prêts à aider des milliers de personnes extrêmement vulnérables qui ont besoin de notre aide », a-t-il ajouté.

L’OIM a fait mention de l’opération de secours de plus de 1 600 migrants à bord de plusieurs bateaux, depuis vendredi dernier. Ces faits se sont déroulés seulement quelques jours après que quelque 330 adultes et enfants aient disparu, présumés morts noyés, le week-end d’avant.

Le personnel de l’OIM en Sicile et l’île de Lampedusa se préparent cette semaine à aider les autorités italiennes à s’occuper des dernières victimes des gangs criminels libyens, qui auraient envoyé, depuis mardi dernier, non moins d’une douzaine de bateaux pneumatiques hors d’état de naviguer dans une mer Méditerranée déchaînée.

Lundi, l’OIM a rapporté qu’environ 1 650 survivants avaient pu atteindre les côtes italiennes en toute sécurité, après avoir été secourus et conduits aux ports de Lampedusa, d’Augusta, de Pozzallo, de Porto Empedocle et de Trapani (voir la carte).

L’OIM a expliqué que les migrants ont été secourus dès vendredi 13 février par les garde-côtes italiens, par des navires de la marine italienne et par une unité de la marine islandaise travaillant sous l’opération Triton, la patrouille des frontières côtières de l’UE, et par un navire marchand qui passait à proximité. La plupart des survivants viennent d’Afrique subsaharienne, bien qu’au moins 200 migrants somaliens étaient également à bord.

Federico Soda, chef de mission de l’OIM en Italie, a prévenu qu’il s’attendait à d’autres périples de ce type tant que la violence en Libye se poursuivra.

« Les migrants sont forcés à voyager à bord de bateaux hors d’état de naviguer et dans des conditions météorologiques épouvantables », a-t-il fait observer. « Etant donné les circonstances, les bateaux relativement petits et peu nombreux dont nous (l’Italie et ses partenaires européens) disposons actuellement sont insuffisants pour secourir un grand nombre de personnes fuyant la Libye. »

L’amplification du chaos en Libye multiplie les enjeux pour l’Italie et toute l’Europe alors que les responsables du continent tout entier débattent de l’avenir des politiques de contrôle aux frontières de l’Union européenne (UE).

L’opération italienne Mare Nostrum, en place entre octobre 2013 et la fin de l’année dernière, a permis de secourir plus de 172 000 migrants envoyés en mer par des gangs de passeurs en Afrique. Elle a été remplacée par le programme Triton de l’UE, qui est géré par l’agence Frontex de l’UE chargée de la surveillance des frontières.

« Les patrouilles actuelles de Triton dans la Méditerranée ne sont clairement pas préparées pour faire face à cette situation », a déclaré l’Ambassadeur Swing. « Il est nécessaire d’établir immédiatement un système de secours en haute mer qui puisse répondre efficacement à cette urgence afin de sauver les migrants au large des côtes libyennes. »

Des détails effrayants continuent d’émerger sur les bateaux ayant quitté la Libye il y a plus d’une semaine. « D », jeune migrant malien de 20 ans, l’un des survivants arrivé à Lampedusa la semaine dernière, a affirmé avoir vu des dizaines de passagers se noyer.

« Nous sommes partis à bord d’un bateau pneumatique avec plus de 100 personnes à bord », a-t-il confié au personnel de l’OIM, en expliquant comment quatre bateaux pneumatiques ont quitté une plage située à 15 km de Tripoli le samedi 7 février. « Dimanche, aux alentours de 11h, notre bateau a pris l’eau. Trente personnes sont tombées à l’eau, je suis resté accroché au bateau avec 70 autres. »

« D » a expliqué être resté accroché au bateau jusqu’à 15h le jour suivant. « Pendant des heures, je regardais les autres passagers mourir un à un, exténués par le froid, les vagues et la pluie, se laissant prendre par la mer. Je les ai vus dériver, agitant les mains à la surface. » Seules trois personnes ont survécu, a conclu D, en ajoutant : « L’un d’eux n’a même pas pu tenir les quelques minutes juste avant l’arrivée des secours. »

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