Communiqué
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Les retours humanitaires volontaires de Libye se poursuivent tandis que les efforts de réintégration s’intensifient

Bruxelles, Genève, Tripoli, Dakar - L’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, a annoncé aujourd’hui, 13 mars, qu’elle avait aidé 10 171 migrants à rentrer chez eux de Libye avec l’aide de l’Union européenne, de l’Union africaine et du gouvernement libyen depuis l’intensification du Programme d’aide au retour humanitaire volontaire (ARHV) débuté le 28 novembre 2017. Quelque 5 200 autres migrants sont rentrés avec le soutien des Etats membres de l’Union africaine pendant la même période. Ils sont 23 302 à être rentrés chez eux par l’intermédiaire du programme d’ARHV de l’OIM depuis janvier 2017.

« Nous continuons à aider les migrants détenus dans les centres de détention libyens tout en intensifiant nos efforts pour atteindre les migrants hors des centres de détention », a déclaré Othman Belbeisi, chef de mission de l’OIM en Libye.

« Depuis l’expansion des opérations de notre programme d’ARHV, le nombre de migrants dans les centres de détention officiels a chuté, passant d’environ 20 000 en octobre 2017 à 4 000 aujourd’hui, soit cinq fois moins. L’OIM en Libye travaille également avec les autorités en vue d’enregistrer les migrants, de fournir une aide d’urgence sous forme de soins de santé, d’articles essentiels et de soutien psychosocial, et d’améliorer les services consulaires et les projets de promotion de la stabilisation communautaire », a-t-il poursuivi.

Près de la moitié des retours humanitaires volontaires effectués par l’OIM depuis la Libye font partie d’une initiative plus large de l’UE-OIM visant à protéger et aider les migrants dans le besoin non seulement en Libye mais également dans 26 autres pays situés le long de l’itinéraire de la Méditerranée centrale. Cette aide comprend également un soutien crucial à la réintégration des rapatriés dans leurs pays d’origine.

Lancé en décembre 2016 avec des fonds supplémentaires donnés par l’Allemagne et l’Italie par l’intermédiaire du Fonds fiduciaire de l’UE pour l’Afrique, l’Initiative conjointe UE-OIM sur la protection et la réintégration des migrants est active en Libye et dans d’autres pays d’Afrique du Nord, au Sahel, dans la région du Lac Tchad et dans la corne de l’Afrique.

Avec ses partenaires, l’OIM intensifie ses activités dans les pays d’origine afin de répondre à la recrudescence des retours de Libye et de garantir que les migrants de retour reçoivent l’assistance appropriée à leur arrivée et un soutien à long terme pour s’adapter à une nouvelle vie et se réintégrer dans leur communauté. L’aide à la réintégration est également disponible par le biais du programme destiné à ceux qui rentrent d’Etats membres de l’Union européenne.

Eugenio Ambrosi, Directeur régional de l’OIM pour l’UE, a déclaré que les besoins de protection considérables et l’ampleur des retours ces derniers mois dans le cadre de l’opération AVHR ont pris le pas sur la planification initiale et présentent des défis supplémentaires pour les pays d’origine. Il a averti que le processus de réintégration était complexe et qu’il nécessitait du temps.

« Nous adoptons une approche à la réintégration totalement nouvelle et nous y croyons. Elle prendra du temps à construire mais en coopération avec les autorités dans les pays d’origine et les communautés locales, nous voyons déjà des avancées prometteuses », a-t-il déclaré.

« En partenariat avec les gouvernements des pays d’origine et de l’Union africaine, l’initiative conjointe vise à s’assurer que le processus de migration soit plus sûr, que les migrants puissent retourner dans leurs pays d’origine en toute sécurité et qu’ils puissent redémarrer leur vie sans avoir le sentiment d’être un poids pour leur communauté et leur famille », a déclaré Richard Danziger, Directeur régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest.

Il a cependant prévenu que de nombreux migrants rapatriés de Libye sont traumatisés après avoir enduré des traitements inimaginables. Leurs besoins médicaux et psychosociaux immédiats sont donc la priorité.

La nouvelle approche intégrée à la réintégration comprend l’aide aux migrants de retour mais aussi à leurs communautés d’origine. Elle vise à atténuer les tensions éventuelles en faisant participer les communautés locales au processus de réintégration et en les sensibilisant afin d’éviter une potentielle stigmatisation du retour. C’est pourquoi le renforcement des capacités et des systèmes et les aspects sociaux, psychosociaux et communautaires sont intégrés dans le programme.

La supervision et l’évaluation des activités de réintégration font aussi partie de l’approche du programme afin de mesurer l’impact et d’identifier des bonnes pratiques sur lesquelles s’appuyer. 

Dans le cadre des activités de l’initiative conjointe qui ont débuté en mai 2017, 23 500 migrants ont reçu une assistance immédiate post-arrivée et un accueil après être rentrés volontairement de Libye et d’autres pays.

Environ 16 000 migrants ont reçu une aide générale à la réintégration, notamment des services d’orientation et des séances de thérapie, ainsi que des possibilités de formation et de participation à des salons de l’emploi.

Plus de 5 000 personnes ont reçu une aide supplémentaire à la réintégration, permettant notamment à certains de créer une petite entreprise avec des groupes de rapatriés ou en partenariat avec leur communauté. Il peut s’agir de projets participatifs et communautaires ou d’initiatives collectives et individuelles.

 

Pour l’OIM, cette approche innovante a également le potentiel de compléter le développement local, en particulier dans sa capacité à répondre aux priorités socioéconomiques identifiées par les autorités locales, les migrants et leurs communautés.

« Les initiatives que nous entreprenons avec l’UE et nos partenaires africains représentent un nouveau chapitre de la coopération en matière de migration. C’est la première fois qu’autant de fonds sont investis pour soutenir les priorités et renforcer les capacités des pays partenaires à gérer le retour et la réintégration et à faire de la migration un processus plus sûr et éclairé », a conclu Eugenio Ambrosi.

 

« Je n’ai pas honte d’être rentré chez moi. Les gens peuvent parler et dirent ce qu’ils veulent. Je suis de retour dans mon pays et j’ai trouvé un emploi », confie Gaspard, qui avait quitté la Côte-d’Ivoire à la recherche d’un travail. Après une terrible expérience en Libye, il a décidé de rentrer chez lui avec l’aide de l’Initiative conjointe de l’OIM. Pour d’autres histoires de migrants de retour, rendez-vous ici.

 

Contexte

Même si le Programme d’ARHV n’est pas nouveau et que l’OIM aide les migrants à rentrer chez eux depuis 2006, l’intensification a été lancée le 28 novembre 2018 lorsque l’Union africaine, l’Union européenne et les Nations Unies se sont rassemblées pour le Sommet UA-UE à Abidjan en vue de répondre aux signalements d’esclavage et de maltraitance des migrant en Libye.

Une équipe spéciale tripartie a été établie dans le but de sauver et des protéger la vie des migrants et des réfugiés le long des itinéraires migratoires et, en particulier, à l’intérieur de la Libye. Elle visait également à accélérer l’aide au retour volontaire vers les pays d’origine et la réinstallation de ceux nécessitant une protection internationale sur une période de six mois (qui se terminera le 30 mai 2018).

La priorité immédiate de l’équipe spéciale était le rapatriement volontaire, sous six semaines, d’au moins 15 000 migrants identifiés dans des centres de détention contrôlés par le gouvernement à travers le Fonds fiduciaire de l’Union européenne. Le travail conjoint de l’équipe spéciale a été fondamental pour répondre aux nombreux défis de l’évacuation des migrants : délivrance rapide de visas de sortie, octroi de droits d’atterrissage pour les compagnies aériennes non libyennes et fourniture de documents/services consulaires aux migrants pour permettre leur retour.

Le Fonds fiduciaire de l’UE soutient l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants afin de faciliter la gestion d’une migration sûre, ordonnée, régulière et responsable en élaborant des politiques et processus de retour et de réintégration durables, centrés sur le développement et fondés sur les droits.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Olivia Headon à Genève, Tel :  +41 794 035 365, Email : oheadon@iom.int ; Ryan Schroeder à Bruxelles, Tel : 32 2 287 7116, Email : rschroeder@iom.int ou Florence Kim à Dakar, Tel : +221 78 620 6213, Email : fkim@iom.int