Communiqué
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Les ministres de l'Afrique de l’Est et de la Corne de l'Afrique s'engagent à harmoniser les lois sur la migration de main-d'œuvre pour protéger les droits des travailleurs migrants

Nairobi - Toute l'histoire de l'humanité débute en Afrique de l'Est, avec l'émigration des premiers Africains vers l'Europe et le Moyen-Orient. Ce mouvement se poursuit, aujourd'hui plus que jamais, avec quelque cinq millions de migrants africains qui vivent et travaillent en dehors du continent.   

Et pourtant, la migration à l'intérieur de l'Afrique reste la tendance la plus dynamique. Plus de 21 millions de migrants africains - plus de cinq fois le nombre de ceux qui se trouvent en Europe, en Asie ou en Amérique - migrent vers leurs pays respectifs. Leur mouvement et leur présence croissante dans les villes et villages voisins font que les économies de leurs pays deviennent également des composantes les unes des autres.  

En outre, en partageant l'accès à des éléments tels que le commerce complémentaire de biens et de services, en exploitant des réserves de main-d'œuvre parallèles et en faisant croitre les flux d'envois de fonds, les migrants africains sont engagés dans un cycle de coopération et de co-dépendance toujours plus rapide. 

Ce ne sont que quelques-uns des thèmes qui ont animé le débat politique ici, cette semaine, lors d'un deuxième Forum ministériel régional sur l'harmonisation des politiques de migration de main-d'œuvre dans la région, qui a rassemblé des fonctionnaires des pays d’Afrique de l'Est et de la Corne de l'Afrique (EHoA) pour définir les prochaines étapes de ce que l'on appelle le « Processus ministériel régional sur l'harmonisation des politiques de migration de main-d'œuvre en Afrique de l'Est et dans la Corne de l'Afrique  : une approche unie à la migration de main-d’œuvre sûre, régulière et humaine (Forum ministériel régional sur la migration, FMRM).

Le FMRM appelle les pays à coopérer en vue d'établir une plateforme commune d'engagement entre les pays d'origine, de transit et de destination sur la migration de main-d'œuvre, ainsi qu'à renforcer la coopération interétatique, intra et interrégionale pour consolider la protection des droits du travail, des droits sociaux et humains des travailleurs migrants africains dans les pays de destination », a déclaré Mohammed Abdiker, Directeur régional de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour l'Afrique de l'Est et la Corne de l'Afrique.  

L'OIM et le gouvernement du Kenya, président du FMRM, ont convoqué la réunion de cette semaine pour faire suite à une réunion ministérielle régionale de janvier destinée à entamer les discussions.  

Les ministres du Kenya, de l'Ouganda, du Soudan du Sud, du Soudan, de l'Éthiopie, du Burundi, de la Somalie et du Rwanda ont collaboré avec d'autres représentants gouvernementaux de haut niveau pour harmoniser les politiques de migration la main-d'œuvre dans la région. Ils se sont également engagés à rendre la migration de main-d'œuvre sûre, ordonnée et humaine en établissant une plateforme commune d'engagement avec les États du Golfe et d'autres pays qui emploient de nombreux travailleurs migrants africains.

Comme l'a expliqué M. Abdiker aux participants, les migrants de la Corne de l'Afrique passent entre autres par le Yémen et le Moyen-Orient à la recherche d'un emploi. Il a souligné que compte tenu de la demande traditionnelle de travailleurs pour pourvoir les secteurs féminins du travail domestique, les flux migratoires en provenance de l'EHoA sont dominés par les femmes et les jeunes.    

La migration vers les pays du Conseil de coopération du Golfe génère de l’emploi et des envois de fonds importants, offrant des revenus durables aux travailleurs migrants de l'EHoA et à leurs familles. Par exemple, selon les données de la Banque mondiale, les envois de fonds globaux vers l'Éthiopie ont atteint 531 millions de dollars en 2019, ce qui représente 0,5 pour cent du produit intérieur brut (PIB) du pays. 

Mais il a mis en garde contre un revers. « Depuis l'apparition de la COVID-19 », a déclaré M. Abdiker, « les nouvelles données et informations communiquées par les personnes en première ligne ont montré que tous les types de violence contre les femmes et les filles, en particulier la violence domestique, se sont intensifiés. C'est la pandémie invisible qui se développe au milieu de la crise de la COVID-19 et nous avons besoin de déployer un effort collectif mondial pour y mettre fin ». 

L'intégration des économies de l'Afrique de l’Est et de la Corne de l'Afrique les rendra plus résilientes et capables de résister à des chocs comme la pandémie de COVID-19 qui touche actuellement de nombreuses économies africaines. L'harmonisation des lois sur la migration de main-d'œuvre dans la région est une forme d’intégration qui permettra la libre circulation des personnes dans la région et au-delà et qui stimulera le développement économique et le transfert de compétences.  

Selon le Rapport sur l'état de la migration dans le monde, la région connaît des niveaux considérables d’émigration de main-d'œuvre, en raison de la pauvreté, des bas salaires et du chômage élevé. La proximité des États du Golfe avec l'Afrique de l'Est et leurs possibilités d'emploi en font une destination attrayante pour de nombreux Africains de l'Est. 

L'harmonisation des réglementations relatives à la migration de main-d'œuvre permettrait de sauvegarder les droits des travailleurs migrants et d'empêcher des pratiques injustes telles que les heures de travail excessives, la confiscation des passeports, la détention et le refus de verser le salaire, qui ont un impact sur la vie de milliers de migrants et de leurs familles, ainsi que sur celle des citoyens ordinaires dans une région qui compte près de 420 millions d'habitants. C'est ce qu'affirme le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies.  

Une harmonisation plus poussée des lois sur la migration de main-d'œuvre permettrait aux gens de se déplacer librement et de transférer des compétences là où elles sont le plus nécessaires.  

« Alors que la mobilité transfrontalière croissante des personnes, de la main-d'œuvre et des compétences joue un rôle important dans le développement du continent, les droits du travail, et les droits sociaux et humains des travailleurs migrants, femmes et filles, hommes et garçons, sont devenus un défi plus urgent que jamais », a déclaré M. Abdiker de l'OIM. 

Pour plus d'informations, veuillez contactez : Yvonne Ndege, Bureau régional pour l'Afrique de l'Est et la Corne de l'Afrique, Tel : +2547 977 35977, Email : yndege@iom.int