Communiqué
Global

Le nombre total de déplacés internes en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique chute de façon spectaculaire en 2019 

La région reste en mutation, avec des mouvements résultant de catastrophes et de motivations personnelles. Photo : OIM/Alexander Bee

Nairobi - Le nombre de déplacés internes en Afrique de l'Est et dans la Corne de l'Afrique a considérablement diminué au cours des six derniers mois. Selon un nouveau rapport de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), cette baisse est due en grande partie à un évènement : 1,3 million d'Ethiopiens déplacés par la violence communautaire en 2019 sont rentrés chez eux.   

En outre, 200 000 autres anciens déplacés internes ont pu rentrer chez eux au Soudan du Sud et dans d'autres pays.     

À la mi-2019, la région de l’Afrique de l’Est et de la Corne de l'Afrique comptait 8,1 millions de déplacés internes et 3,5 millions de réfugiés et de demandeurs d'asile. Aujourd'hui, les 3,5 millions de réfugiés et de demandeurs d'asile sont toujours là, mais il ne reste plus que 6,3 millions de déplacés internes.   

Cela représente une baisse de près de 22 pour cent du nombre de déplacés internes dans la région en seulement six mois, selon le rapport intitulé « Region on the Move » qui vient d'être publié et qui donne un aperçu des tendances migratoires dans la région.    

« La baisse générale du nombre de déplacés internes en Afrique de l’Est et dans la Corne de l'Afrique signifie que la paix et la sécurité sont revenues et que les migrants se sentent en sécurité pour rentrer chez eux », a déclaré Mohammed Abdiker, Directeur régional de l'OIM pour l’Afrique de l’Est et la Corne de l'Afrique.

Publié par le Centre régional de données (RDH) de l'OIM basé à Nairobi, le rapport établit que la violence intercommunautaire en Ethiopie début 2019 aurait forcé plus de trois millions de personnes à fuir leur foyer. Pourtant, à la fin de l'année, sur les 6,3 millions de déplacés internes dispersés à travers la région, seuls 1,7 million restaient déplacés dans 1 199 sites en Éthiopie. Soixante-six pour cent de ces déplacés internes ont été touchés par le conflit, 22 pour cent par la sécheresse et 6 pour cent par les inondations saisonnières.   

En revanche, le rapport a également mis en évidence qu'en Somalie et au Soudan du Sud, les déplacements intercommunautaires provoqués par les conflits et alimentés par l'instabilité et l'insécurité persistaient. Le rapport a également fait observer que les affrontements intercommunautaires liés aux tensions ethniques et aux vols de bétail demeuraient importants en Éthiopie et au Soudan su Sud, respectivement.  

Malgré la diminution générale du nombre de déplacés internes dans la région, le rapport Region on the Move a montré que les nouveaux déplacements en 2019 continuaient d'être déclenchés en grande partie par des risque climatiques et environnementaux. Parmi ces risques figurait une grave sécheresse prolongée dans la région de la Corne de l'Afrique qui a eu un impact sur la sécurité alimentaire essentiellement dans certaines régions de Somalie, au nord du Kenya, au sud-est de l'Ethiopie, au nord de l'Ouganda et à Djibouti.   

« Nous sommes préoccupés par les nouveaux déplacements de population en Somalie et au Soudan du Sud, ainsi que par les déplacements induits par le climat, en particulier parce qu'ils touchent certaines des communautés les plus pauvres et les plus vulnérables qui risquent leur vie lors de périples dangereux », a ajouté M. Abdiker de l'OIM.   

Des inondations dévastatrices suite à des chutes de pluie d'une ampleur sans précédent ont également été observées au cours du second semestre de l'année. Les fortes pluies ont créé les conditions favorables aux criquets pèlerins, dont la reproduction contribue à l’infestation actuelle dans toute l'Afrique de l'Est - principalement en Éthiopie et en Somalie - mais qui s'étend également à Djibouti, en Érythrée, au Kenya, au Soudan, au Soudan du Sud, en Ouganda et en Tanzanie.  

La région continue de voir un grand nombre de personnes migrer vers la péninsule arabique - le long de l’itinéraire de l'Est - avec 138 213 passages de migrants vers le Yémen depuis la Corne de l'Afrique, et ce malgré les 120 825 retours forcés de ressortissants éthiopiens menés à bien par le gouvernement du Royaume d'Arabie saoudite en 2019.  

En comparaison, le nombre d'arrivées de migrants d’Afrique de l’Est et de la Corne de l'Afrique enregistrées aux points d'arrivée européens en Grèce, en Italie et en Espagne est passé de 4 624 en 2018 à 3 452 en 2019.  

  • L'OIM a suivi plus de 740 000 mouvements de migrants depuis les points d'observation à travers la région. Cinquante-huit pour cent des personnes voyageaient pour des raisons économiques, 12 pour cent pour des raisons saisonnières, 11 pour cent pour échapper à un conflit, 6 pour cent en raison d'une catastrophe naturelle, tandis que 5 pour cent étaient des mouvements locaux de courte durée et 4 pour cent pour des raisons inconnues.  
  • Les deux principales nationalités de migrants observées dans le cadre du suivi des flux sont les Éthiopiens (76 pour cent) et les Somaliens (20 pour cent).
  • 58 pour cent étaient des hommes adultes, 24 pour cent des femmes adultes et 18 pour cent des enfants.
  • Sur les 744 113 mouvements observés, 63 pour cent ont été constatés le long de l’itinéraire de l'Est vers le Yémen puis vers le Moyen-Orient en passant par Djibouti, le Somaliland ou le Puntland. Trente-trois pour cent ont emprunté la route de la Corne de l'Afrique vers des pays situés dans la Corne même, deux pour cent ont suivi l’itinéraire du Nord vers l'Égypte, la Libye - et parfois vers l'Europe - et deux pour cent l’itinéraire du Sud vers l'Afrique du Sud.
  • Dans l'ensemble, 50 pour cent des personnes interrogées se dirigeaient vers l'Arabie saoudite, 16 pour cent vers la Somalie, 12 pour cent vers le Yémen, 12 pour cent vers l'Éthiopie et 5 pour cent vers Djibouti.
  • L'OIM a enregistré 120 825 ressortissants éthiopiens revenant du Royaume d'Arabie saoudite à leur arrivée à l'aéroport de Bole à Addis-Abeba entre janvier et décembre 2019, dont 99,6 % ont déclaré qu'ils rentraient involontairement.   
  • En 2019, le projet de l'OIM sur les migrants disparus a enregistré 66 migrants décédés et 33 autres disparus dans la région de l’Afrique de l’Est et de la Corne de l'Afrique.  

Créé début 2018 au sein du Bureau régional de l'OIM pour l'Afrique de l’Est et la Corne de l'Afrique, le Centre régional de données (RDH) est financé en grande partie par l'Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants dans la Corne de l'Afrique. Les publications et l'aperçu du RDH 2019 peuvent être consultés sur https://ronairobi.iom.int/regional-data-hub-rdh.

Pour plus d’informations, veuillez contacter le Bureau régional de l’OIM à Nairobi : Laura Nistri, Tel. +254 204 221 000, email : lnistri@iom.int;  

Pour toute demande des médias, veuillez contacter le Bureau régional de l’OIM à Nairobi : Yvonne Ndege, Tel. .254 797 735 977, email : yndege@iom.int