Communiqué
Global

En dépit de la crise, la stabilisation communautaire au Tchad aide à la fois les communautés d’accueil et les migrants

Seni est un migrant originaire du Burkina Faso qui attend l’aide de l’OIM pour rentrer chez lui depuis le Tchad. Oulatar Eden Thomas/OIM

Faya - Elle était autrefois une ville frontalière du nord en pleine expansion, aidant des milliers de Tchadiens et de Libyens qui venaient pour faire du commerce, du troc ou vendre leurs marchandises. 

Mais avec la fermeture des frontières du Tchad avec la Libye en mars dernier, tout s’est effondré. L’accès aux marchés libyens a pratiquement disparu pour les Tchadiens dans la région de Borkou, provoquant, d’une part, des pénuries de nourriture et d’autres biens essentiels comme le carburant, et d’autre part, la flambée des prix, qui pose problème à de nombreux locaux pour subvenir à leurs besoins quotidiens.

Dans le même temps, les migrants vulnérables bloqués en Libye, notamment des survivants de traite ayant besoin d’une aide d’urgence, continuent d’affluer, amplifiant ainsi les tensions avec les communautés d’accueil qui ont du mal à joindre les deux bouts.

Pour renforcer la sécurité alimentaire dans la région et réduire les tensions entre les migrants et les communautés d’accueil, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le gouverneur de Borkou ont lancé, la semaine dernière, le projet de « Sécurité humaine et de stabilisation communautaire au Tchad », à Faya, la capitale de Borkou.

D’une part, le projet, financé par le gouvernement du Japon, soutient la réhabilitation d’un centre de transit pour migrants situé à huit kilomètres de Faya, où l’OIM pourra fournir une protection et une aide d’urgence aux migrants en transit dans la région, notamment une aide médicale, psychosociale et une aide au retour volontaire.

D’autre part, le projet favorise l’agriculture communautaire en remettant en état des jardins qui profiteront à la communauté dans son ensemble. En outre, comme l’OIM l’a fait observer à travers ses Points de suivi des flux (FMP), un nombre croissant de femmes (18 pour cent en 2018 contre 22 pour cent en 2019) originaires du Tchad migrent à l’intérieur du pays pour trouver de meilleures perspectives économiques.

« Avant le printemps arabe, je gagnais facilement ma vie en Libye sans rêver d’aller en Europe ou arriver un jour à Faya (Tchad). Après la chute du chef d’Etat libyen Mouammar Kadhafi, le chaos a éclaté. La vie n’était plus la même », se souvient Seni, un migrant burkinabé en attente de l’aide de l’OIM pour rentrer chez lui. « J’ai beaucoup souffert et reçu des menaces de mort. Ma seule ambition est de rentrer voir ma famille. »

Le projet favorisera également l’agriculture communautaire en réhabilitant quatre jardins qui profiteront à la communauté dans son ensemble et une centaine de femmes recevra de l’aide pour entreprendre des activités de subsistance agricoles.

« Grâce à nos activités à Faya, l’OIM améliore la vie des migrants et des membres de la population d’accueil dans l’un des endroits les plus isolés du Tchad », a déclaré Anne Kathrin Schaefer, chef de mission de l’OIM au Tchad.

La région de Borkou, zone désertique proche de la frontière libyenne, a été déclarée zone prioritaire dans le Plan de réponse humanitaire 2019 de l’OCHA. Le conflit et la présence de groupes armés rendent les opérations difficiles pour les partenaires ; l’OIM est actuellement la seule agence des Nations Unies présente dans la région. Grâce à l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants, et en vue de suivre les déplacements des migrants à travers le Tchad, trois FMP ont été mis en place le long des principaux itinéraires migratoires à Zouarké, Kalait et Faya, où un tiers des mouvements ont été enregistrés par les FMP en 2019 et où les autorités tchadiennes ont plusieurs fois identifié des victimes de traite et les ont orientées vers l’OIM.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Anne Kathrin Schaefer, aschaefer@iom.int